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– Oui, c’est pour ça que je suis là ! hurla Harry.

Ce fut comme si une vingtaine d’autres Harry fantomatiques avaient crié après lui : « Oui, c’est pour ça que je suis là ! Oui, c’est pour ça que je suis là ! Oui, c’est pour ça que je suis là ! » tout autour du hall.

– Aaaaaah… Fallait-il que tu l’aimes, bébé Potter !

Une haine telle qu’il n’en avait jamais ressenti auparavant monta en lui. Il bondit hors de sa cachette et lança :

Endoloris !

Bellatrix poussa un cri. Le maléfice l’avait jetée à terre mais elle ne se tortilla pas en hurlant de douleur, comme l’avait fait Neville. Un instant plus tard, elle s’était déjà relevée, le souffle court, et ne riait plus du tout. Harry se réfugia à nouveau derrière la fontaine d’or. L’antisort que lui jeta Bellatrix frappa de plein fouet le beau visage du sorcier. Sous le choc, sa tête s’arracha de son cou et atterrit cinq ou six mètres plus loin en traçant de longues rayures sur le parquet.

– C’est la première fois que tu lances un Sortilège Impardonnable, n’est-ce pas, mon garçon ? hurla-t-elle.

Elle avait renoncé à sa voix de bébé.

– Il faut vraiment vouloir la souffrance de l’autre, Potter ! Et y prendre plaisir. La juste et sainte colère n’aura pas beaucoup d’effet sur moi. Laisse-moi te montrer comment faire, d’accord ? Je vais te donner une leçon.

Harry contournait silencieusement la fontaine lorsqu’elle s’écria :

Endoloris !

Et il dut se baisser à nouveau en voyant le bras du centaure qui tenait son arc s’envoler dans les airs et se fracasser sur le sol tout près de la tête d’or du sorcier.

– Potter, tu ne peux pas gagner contre moi ! hurla-t-elle.

Il l’entendit se déplacer vers la droite, à la recherche d’un angle de tir. Il tourna autour de la fontaine pour s’éloigner d’elle, accroupi derrière les jambes du centaure, sa tête à la hauteur de celle de l’elfe.

– J’ai été et je reste la plus loyale servante du Maître des Ténèbres. C’est lui qui m’a appris à maîtriser les forces du Mal et je connais des sortilèges d’une telle puissance que tu ne seras jamais de taille à rivaliser avec moi, pauvre petit bonhomme…

Stupéfix ! cria Harry.

Il s’était glissé derrière le gobelin qui levait un visage radieux vers le sorcier à présent décapité et il l’avait visée dans le dos alors qu’elle le cherchait de l’autre côté de la fontaine. Elle réagit avec une telle rapidité qu’il eut à peine le temps de se baisser.

Protego !

Le jet de lumière rouge qu’avait produit son propre maléfice rebondit vers lui. Il se rua à nouveau derrière la fontaine tandis qu’une oreille de gobelin traversait la pièce en vol plané.

– Potter, je vais te laisser une chance ! cria Bellatrix. Donne-moi la prophétie – fais-la rouler vers moi – et je t’accorderai peut-être la vie sauve !

– Dans ce cas, vous allez devoir me tuer parce que la prophétie n’existe plus ! rugit Harry.

Une douleur aiguë lui traversa le front. Sa cicatrice était à nouveau en feu et il sentit monter en lui une fureur qui n’avait rien à voir avec sa propre rage.

– Et il le sait ! ajouta Harry avec un rire démentiel digne de Bellatrix. Votre cher vieux copain Voldemort sait que la prophétie n’existe plus. Il ne va pas être très content de vous, j’imagine ?

– Quoi ? Qu’est-ce que tu veux dire ? s’écria-t-elle.

Pour la première fois, il y avait de la peur dans sa voix.

– La prophétie s’est cassée pendant que j’essayais d’aider Neville à remonter les gradins ! À votre avis, qu’est-ce que Voldemort va dire de ça ?

Sa cicatrice le brûlait… La douleur était telle que ses yeux se remplissaient de larmes…

– MENTEUR ! vociféra-t-elle.

Mais une véritable terreur perçait derrière sa colère, à présent.

– TU L’AS ENCORE, POTTER, ET TU VAS ME LA DONNER ! Accio prophétie ! ACCIO PROPHÉTIE !

Harry éclata à nouveau d’un grand rire destiné à la rendre folle de rage. La douleur s’était intensifiée, sa tête semblait sur le point d’exploser. Il agita sa main vide derrière le gobelin à l’oreille cassée et la retira très vite alors qu’elle dirigeait sur lui un autre jet de lumière verte.

– Rien dans ma main ! cria Harry. On ne peut rien me prendre du tout ! Elle s’est cassée et personne n’a entendu ce qu’elle disait, vous pourrez raconter ça à votre patron !

– Non ! s’égosilla-t-elle. Ce n’est pas vrai, tu mens ! MAÎTRE, J’AI ESSAYÉ, J’AI ESSAYÉ – NE ME PUNISSEZ PAS…

– Inutile de gaspiller votre salive ! s’écria Harry.

Il ferma les yeux, luttant contre une douleur plus terrible que jamais.

– Il ne peut pas vous entendre d’ici !

– Vraiment, Potter ? dit alors une voix aiguë et glacée.

Harry rouvrit les yeux.

Grand, mince, un capuchon noir sur la tête, son terrible visage de serpent blafard et émacié, ses yeux rouges aux pupilles étroites fixés sur lui… Lord Voldemort venait d’apparaître au milieu du hall, sa baguette pointée sur Harry qui était figé de stupeur, incapable de faire un geste.

– Ainsi, tu as brisé ma prophétie ? dit Voldemort à mi-voix, ses yeux rouges au regard implacable rivés sur Harry. Non, Bella, il ne ment pas… Je vois la vérité dans son esprit méprisable… des mois de préparation, des mois d’efforts… Et mes Mangemorts, une fois de plus, ont permis à Harry Potter de contrarier mes plans…

– Maître, je suis désolée, je ne savais pas, je combattais Black, l’Animagus ! sanglota Bellatrix en se jetant aux pieds de Voldemort qui s’approchait lentement. Maître, il faut que vous sachiez…

– Tais-toi, coupa Voldemort d’un ton menaçant. Je m’occuperai de toi tout à l’heure. Crois-tu donc que je suis venu au ministère de la Magie pour t’entendre pleurnicher des excuses ?

– Mais, Maître… il est ici… en dessous…

Voldemort ne lui accorda aucune attention.

– Je n’ai rien de plus à te dire, Potter, reprit-il à voix basse. Tu m’as exaspéré trop souvent et trop longtemps. AVADA KEDAVRA !

Harry n’avait même pas ouvert la bouche pour tenter de résister. Il avait l’esprit vide, sa baguette magique inutilement pointée vers le sol.

Mais la statue décapitée du sorcier s’était soudain animée. Elle sauta de son piédestal, atterrit avec un grand bruit sur le parquet et se dressa de toute sa hauteur entre Harry et Voldemort. Le sortilège rebondit sur la poitrine de la statue qui étendit les bras pour protéger Harry.

– Quoi ? s’écria Voldemort en regardant autour de lui. Dumbledore ! dit-il alors dans un souffle.

Le cœur battant, Harry jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Dumbledore se tenait devant les portes d’or.

Voldemort leva sa baguette et un autre jet de lumière verte jaillit en direction de Dumbledore qui se retourna et disparut dans un tourbillon de sa cape. Un instant plus tard, il réapparut derrière Voldemort et agita sa baguette vers ce qui restait de la fontaine. Les autres statues s’animèrent à leur tour. Celle de la sorcière se rua sur Bellatrix qui poussa un hurlement. Elle essaya de l’arrêter, mais ses sortilèges rebondissaient sur la poitrine d’or de la statue qui plongea sur elle et la plaqua au sol. Pendant ce temps, le gobelin et l’elfe de maison se précipitèrent vers les cheminées aménagées le long des murs et le centaure manchot galopa en direction de Voldemort. Celui-ci se volatilisa aussitôt et réapparut au bord du bassin. D’un geste, la statue sans tête écarta Harry pour l’éloigner du combat tandis que Dumbledore marchait sur Voldemort, le centaure galopant autour d’eux.