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Harry s’aperçut avec une certaine surprise que cette information ne l’affectait en aucune manière. L’envie d’impressionner Cho appartenait à un passé révolu auquel il ne se sentait plus vraiment lié. D’ailleurs, il en était ainsi de beaucoup de choses qu’il avait désirées avant la mort de Sirius… La semaine qui s’était écoulée depuis qu’il avait vu son parrain pour la dernière fois lui avait paru durer beaucoup, beaucoup plus longtemps. Elle s’étendait entre deux mondes, celui où Sirius avait été présent et celui où il n’était plus là…

– C’est une bonne chose pour toi, mon vieux, dit Ron avec conviction. Oh bien sûr, elle est jolie mais il te faudrait quelqu’un d’un peu plus joyeux.

– Elle doit sans doute être très joyeuse avec un autre, dit Harry en haussant les épaules.

– Et avec qui elle est, maintenant ? demanda Ron à Hermione, mais ce fut Ginny qui répondit.

– Michael Corner, dit-elle.

– Michael, mais…, s’étonna Ron en tendant le cou pour mieux la voir. C’est toi qui sortais avec lui !

– Plus maintenant, assura Ginny. Il n’était pas content que Gryffondor ait battu Serdaigle au Quidditch. Il faisait tout le temps la tête, alors je l’ai laissé tomber et il s’est consolé avec Cho.

Elle se gratta le nez d’un air distrait avec l’extrémité de sa plume, retourna Le Chicaneur et commença à cocher les réponses à son jeu. Ron parut enchanté.

– J’ai toujours pensé qu’il était un peu idiot, dit-il en avançant sa reine vers une tour de Harry. (La tour se mit à trembler.) C’est très bien pour toi, la prochaine fois, tu choisiras peut-être quelqu’un… de mieux.

Il jeta à Harry un coup d’œil étrangement furtif.

– Maintenant, j’ai choisi Dean Thomas. Tu le trouves mieux ? demanda Ginny d’un ton absent.

– QUOI ? s’écria Ron en renversant l’échiquier.

Pattenrond se précipita sur les pièces et Hedwige et Coquecigrue se mirent à hululer et à pépier d’un air courroucé sur leur filet à bagages.

Lorsque le train ralentit à l’approche de la gare de King’s Cross, Harry songea que jamais il n’avait eu si peu envie d’en descendre. Il se demanda même pendant un bref instant ce qui se passerait s’il refusait de sortir et restait obstinément assis là jusqu’au 1er septembre où le train le ramènerait à Poudlard. Mais, dès que le convoi se fut enfin immobilisé, il prit la cage d’Hedwige et se prépara, comme d’habitude, à quitter le wagon en traînant sa grosse valise derrière lui.

Quand le poinçonneur leur fit signe qu’ils pouvaient franchir sans risque la barrière magique entre les quais 9 et 10, une surprise attendait Harry de l’autre côté : un véritable comité d’accueil était venu à sa rencontre.

Il aperçut Maugrey Fol Œil, qui paraissait aussi sinistre avec son chapeau melon enfoncé sur son œil magique que s’il était resté tête nue. Ses mains noueuses tenaient un grand bâton et son corps était enveloppé d’une grosse cape de voyage. Tonks se tenait juste derrière lui, ses cheveux d’un rose chewing-gum brillant à la lumière du soleil qui filtrait à travers la verrière crasseuse de la gare. Elle était vêtue d’un jean abondamment rapiécé et d’un T-shirt violet sur lequel on pouvait lire : « Les Bizarr’ Sisters ». Lupin était à côté d’elle, le teint pâle, les cheveux grisonnants, un long pardessus usé couvrant un pantalon et un pull-over miteux. Enfin, parés de leurs plus beaux atours de Moldus, Mr et Mrs Weasley menaient le groupe, accompagnés de Fred et de George qui arboraient des blousons flambant neufs d’un vert criard.

– Ron, Ginny ! appela Mrs Weasley en se précipitant vers ses enfants pour les serrer dans ses bras. Oh, et Harry… Comment vas-tu ?

– Très bien, mentit Harry tandis qu’elle l’étreignait à son tour.

Par-dessus l’épaule de Mrs Weasley, Harry vit Ron regarder avec des yeux ronds les nouveaux vêtements des jumeaux.

– Et c’est en quoi, ça ? demanda-t-il en montrant les blousons du doigt.

– En peau de dragon de la meilleure qualité, petit frère, dit Fred en tirant d’un petit coup sec sur sa fermeture Éclair. Les affaires marchent à merveille et on s’est dit qu’on pouvait bien s’offrir un petit cadeau.

– Bonjour, Harry, dit Lupin lorsque Mrs Weasley le lâcha pour se tourner vers Hermione.

– Bonjour, dit Harry. Je ne m’attendais pas… Qu’est-ce que vous faites tous là ?

– Eh bien, répondit Lupin avec un léger sourire, nous avons pensé qu’il serait bon d’avoir une petite conversation avec ta tante et ton oncle avant qu’ils te ramènent à la maison.

– Je ne sais pas si c’est une bonne idée, dit aussitôt Harry.

– Oh, je crois que si, grogna Maugrey qui s’était rapproché de son pas claudicant. C’est eux, là-bas, non, Potter ?

Il pointa le pouce par-dessus son épaule, son œil magique regardant derrière lui, à travers le chapeau melon. Harry se pencha légèrement vers la gauche et aperçut en effet les trois Dursley, visiblement épouvantés par le comité de réception venu accueillir Harry.

– Ah, Harry ! dit Mr Weasley.

Il se détourna des parents d’Hermione qu’il avait salués avec enthousiasme et qui étreignaient à présent leur fille à tour de rôle.

– Alors, on y va ?

– Oui, je pense que c’est le moment, répondit Maugrey.

Suivis des autres, Mr Weasley et lui se dirigèrent vers les Dursley qui paraissaient plantés sur place. Hermione se dégagea doucement des bras de sa mère pour se joindre au groupe.

– Bonjour, dit Mr Weasley d’un ton aimable à l’oncle Vernon en s’arrêtant devant lui. Vous vous souvenez peut-être de moi ? Je m’appelle Arthur Weasley.

Mr Weasley ayant à moitié démoli à lui tout seul le salon des Dursley deux ans auparavant, Harry aurait été surpris que l’oncle Vernon l’ait oublié si facilement. Et en effet, son oncle, le teint de plus en plus violacé, lui lança un regard noir, tout en estimant préférable de ne rien dire, sans doute parce que les Dursley étaient deux fois moins nombreux. La tante Pétunia semblait à la fois effrayée et embarrassée. Elle ne cessait de jeter des coups d’œil autour d’elle comme si elle était terrifiée à l’idée que quelqu’un qu’elle connaissait puisse la surprendre en pareille compagnie. Dudley, lui, s’efforçait de paraître tout petit et insignifiant, un exploit qu’il était totalement incapable d’accomplir.

– Nous voulions vous parler un peu de Harry, dit Mr Weasley, toujours souriant.

– Ouais, grogna Maugrey. Au sujet de la façon dont vous le traitez quand il est chez vous.

La moustache de l’oncle Vernon sembla se hérisser d’indignation. Peut-être parce que le chapeau melon de Maugrey lui donnait la fausse impression qu’il avait affaire à quelqu’un de son espèce, il s’adressa à lui :

– À ma connaissance ce qui se passe chez moi ne vous regarde pas…

– Je crois que ce qui échappe à votre connaissance remplirait plusieurs volumes, Dursley, gronda Maugrey.

– De toute façon, la question n’est pas là, intervint Tonks.

Ses cheveux roses semblaient choquer la tante Pétunia plus encore que tout le reste et elle préféra fermer les yeux plutôt que de la regarder.

– La question, c’est que si jamais on apprend que vous avez été odieux avec Harry…

– Et ne vous y trompez pas, nous le saurons, ajouta Lupin d’un ton aimable.

– Oui, assura Mr Weasley, nous le saurons même si vous l’empêchez de se servir du fêlétone…

Téléphone, souffla Hermione.

– Ouais, si jamais on a le moindre soupçon que Potter a été maltraité de quelque manière que ce soit, c’est à nous que vous devrez en répondre, avertit Maugrey.