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LE SAC DE TROIE.

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saisissent ses deux enfants, enlacent leurs faibles corps, et par d'horribles morsures, déchirent leurs membres palpitants. Laocoon s'arme de^ ses traits et vole à leur secours. Ils le saisissent à son tour, et Uétrcignent

E.MANCHti}.

Fig. 733. — Laocoon et ses fils (d'après un groupe antique).

de leurs longs replis; déjà deux fois ils entourent le milieu de son corps, et deux fois, sur son cou, sur son dos, ils roulent les écailles de leur croupe, et dépassent son front de leurs tètes et de leurs crètes^

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altières. H veut, de ses mains, écarter ces nœuds terribles ; son sang et de noirs poisons souillent ses bandelettes, et il jette \crs les cieux dhorri-bles hurlements. Tel mugit un taureau, quand, sous le fer qui Ta frappe, il s'échappe de l'autel, et rejette de son cou la hache mal assurée. Cependant, les deux dragons s'enfuient en rampant vers les hauteurs du temple, entrent dans le sanctuaire de la redoutable Pallas et se cachent aux pieds de la déesse, sous l'orbite de son bouclier. Alors un nouvel effroi pénètre dans les cœurs frémissants. On dit que Laocoon a reçu la juste peine de son crime, pour avoir frappé le chêne sacré et lancé dans ses flancs un javelot impie. Le peuple alors demande à grands cris que le colosse soit conduit au temple de Minerve et que la protection de la déesse soit implorée par des prières. » (Virgile.)

La fin tragique de Laocoon et de ses fils fait le sujet d'un des plus fameux chefs-d'œuvre de la statuaire antique (fig. 722).

Sinon d'Argos. — Une ruse vint confirmer les Troycns dans leur

Fig. 723. — Le perfide Sinon se présente aux Troyens (d'après une peinture du Virgile

du Vatican).

idée d'introduire le cheval dans leurs murailles. Le Grec Sinon d'Argos s'était fait blesser à dessein par ses compatriotes et il avait le corps cou-

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vert de meurtrissures. Il alla tout ruisselant de sang se jeter aux pieds de Priam et, se plaignant de la manière dont les Grecs l'avaient traité, il lui demanda de venger son injure. Priam le combla de présents, et le questionna sur le cheval de bois. Sinon répondit que les Grecs seraient perdus si le cheval entrait dans la ville. Dès lors, les Troyens,

l'ig. T24. — Les Grecs descendent du cheval (d'après une pierre gravée antique)

ne doutant plus de l'appui de la déesse, s'attelèrent eux-mêmes au cheval, qu'ils traînèrent dans la ville, précédés de joueurs de flûte, et au milieu des chants d'allégresse. Un monument antique nous montre les Grecs descendant [tar une échelle du cheval dont Sinon d'Argos vient d'ouvrir les entrées secrètes : au fond, Cassandre, du haut de la muraille, gémit en voyant ses prédictions réalisées (fig. 724).

Mort de Priam. — Les Grecs, entrés dans la ville, courent ouvrir les portes à leurs compagnons d'armes qui, de toutes parts, se précipitent vers le palais de Priam. Déjà la ville est en feu, le bruit des armes retentit de toutes parts. Le vieux Priam, voyant le palais envahi, se réfugie avec sa famille aux pieds de l'autel oii étaient ses pénates. Pyrrhus, le fils d'Achille, poursuit ses enfants, et Politès, couvert de sang, vient expirer aux pieds du vieillard, qui de sa faible main jette contre le meurtrier de ses fils un javelot impuissant. Pyrrhus alors se jette sur Priam qu'il saisit par les cheveux et le transperce de son épée. '< Ainsi finirent les destins de Priam ; ainsi tomba à la vue de Troie embrasée, ce superbe dominateur de l'Asie, roi de tant de peuples, ce n'est plus qu'un tronc sanglant, une tête séparée des épaules, un cadavre sans nom. » (Virgile.)

Plusieurs peintures antiques représentent la fin tragi([ue de Priam (ît de ses enfants. Benvenuto a fait sur le même sujet un tableau fort oublié.aujourd'hui, mais qui a fait beaucoup de bruit au commencement de ce siècle.

LA GUERRE DE TROIE.

Mort d'Astyanax. — Pendant (jue Priain expirai!, Androniaque, réponse (llleetoi-, courait allbiée dans les salles du palais tenant dans SCS bras son tils Astyanax, dont elle prévoyait le sort infortuné. L"en-

Fig. 755. — Mort d'Astyanax (d'après une peinture de vase).

lant ]deurait et se cramponnait après sa mère. « Tu pleures, mon fils, lui disait-elle; as-tu le sentiment de tes maux? Pourquoi tes petites

Fig. 72G. — Hécube tenant Astyanax sur ses genoux (d'après une peinture de vase).

mains me serrent-elles si fort ? Pourquoi t'attaclier à ma robe comme un jeune oiseau s'abrite sous Taile de sa mère? Hector ne sortira point

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delà terre, arme de sa lance redoutable, pour être ton libérateur ; ni sa famille ni la puissance phrygienne ne peuvent te secourir; mais, impitoyablement précipité du haut d'une roche, tu \as rendre le dernier soupir. C'est la valeur de ton père qui te tue; elle fut le salut de tant d'autres; la vertu de ton père t'a mal servi, 0 fils chéri, que ta mère presse entre ses bras, douce haleine que je respire, c'est donc en vain que ce sein t'a nourri, en vain je me suis épuisée de peines et de tourments. Pour la dernière fois, embrasse ta mère. » (Euripide.)

Cependant Pyrrhus, affamé de carnage, cherchait partout le fils d'Hector. C'est en vain qu'Andromaque embrassera ses genoux ; le farouche guerrier saisit l'enfant par une jambe et le précipite du haut d'une tour. Cette scène de meurtre a été très-bien rendue dans un groupe de Bar-tolini.

Paris est tombé, frappé par une des flèches d'Hercule, que Philoctète lui a décochée. Hélène, cause de tous ces malheurs, se réfugie près des

Fig. 727. — Mciiclas reconnaît Hélène (d'après une peinture de vase}.

autels, car elle redoute Ménélas. Le héros furieux la poursuit partout, l'épée à la main ; il a reçu d'elle un outrage que le sang seul peut réparer. Mais, dès qu'il arrive près d'elle, il est ébloui par sa beauté, et tout le passé est oublié. Une curieuse peinture de vase, dans le style archaïque, nous montre le héros ébahi et laissant tomber son épée dès qu'il voit Hélène, la plus belle des femmes (fig. 727).

Une peinture circulaire sur un vase deNola, au musée de Naples, nous montre les principaux épisodes du sac de Troie (fig. 728). Nous voyons d'abord le pieux Enée quittant la ville avec son père Anchise qu'il porte sur ses épaules et son fils Ascagne qui marche devant 1 ui. Dans le groupe suivant, la prêtresse Cassandre vient se réfugier aux pieds de la statue de Minerve, et elle est poursuivie par Ajax fils d'Oilée, qui la saisit par les cheveux et semble disposé, bien moins à lui faire un outrage qu'à la transpercer de son épée. La femme qu'on voit sous un palmier et qui semble invoquer les dieux est probablement une autre fille de Priam. Le vieux Priam est la première figure de la seconde bande qui

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montre l'autre côté du vase. II est assis sur un autel et couvre vainement sa tète avec ses mains, pour se garantir du coup que va lui porter Pyrrhus. Sur les geuouv du vieux, roi, on voit Astvanax, son pelil-lils^ et son fils Politès, (jui vient d'être tué par Pyrrhus, est étendu mort a

ses pieds. Ensuite nous voyons un guerrier grec, parant le coup que s'apprête à lui porter une femme furieuse i^probablement Ilécube), et enfin une jeune fille, qui est peut-être Polyxène, implorant un autre guerrier qui, dans ce cas-là, serait Ulysse.