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Sur une pierre gravée antique on voit Pyrrhus, l'épée nue, saisissant Polyxène par les cheveux, pour l'immoler devant le tombeau d'Achille (tig. 733).

Le statuaire Polyclète avait fait une figure de Polyxène sur laquelle le grammairien Pollien nous a laissé l'épigramme suivante : « C'est la Polyxène de Polyclète. Aucune autre main n'a touché à cette œuvre divine, fraternel pendant de la Junon. Le voile de la jeune Troyenne est déchiré ; mais voyez comme elle cache d'une main pudique ses charmes mis à nu. L'infortunée demande la vie, et dans ses yeux se peignent toutes les douleurs de Troie. » [Aîith.)

LES RETOURS.

Les chefs grecs. — Ulysse et le cyclope. — 1/outrc (rÉolo. — La magicienne Circé.

— Le devin Tli'(';sias. — Les sirènes. — Charybde et Scylla. — La nymphe Calypso.

— Les Phéaciens. — Le voile de Pénélope. — Ulysse et sa nourrice. — Mort des prétendants.

Les chefs grecs. — La ruine de Troie ne profita pas aux Grecs. Parmi les chel's qui avaient pris part à l'expédition, les uns ne revirent jamais leur patrie, d'autres furent assassinés en arrivant, quelques-uns enfin ne purent retrouver leurs foyers qu'après des périls et des fatigues de toute sorte. Agamemnon, le roi des rois, revint à Argos accompagné de sa captive Cassandre, et fut tué en arrivant par sa femme Clytemncstre, assistée d'Egisthe, son plus mortel ennemi (1).

Ménélas, qui avait repris Hélène, fut jeté par une tempête sur la côte d'Egypte, et obligé d'y rester huit années, loin de sa patrie qu'il finit du moins par revoir.

Sa fille Hermione avait été fiancée à Oreste avant la guerrer de Troie, mais Ménelas prétendit ensuite la marier à Pyrrhus. Oreste voulut faire valoir ses prétentions et reprendre Hermione : Pyrrhus s'y refusa et, étant allé peu après dans le temple de Delphes, y périt de la main d'O-reste, H y a au surplus une grande confusion sur ces faits dans les auteurs anciens qui ne sont nullement d'accord entre eux, et la poésis française a créé pour les besoins de la scène des situations absolument étrangères à la mythologie.

Une peinture de vase nous montre la mort de Pyrrhus, d'après la tradition la plus répandue. Oreste^ qui vient de frapper son rival, tient en main son épée nue et pose son genou sur l'autel du dieu de Delphes. Un serpent, symbole du remords, enlace le meurtrier. Le génie de la mort, sous la figure d'un personnage nu et ailé, vient prendre Pyrrhus qui vient d'être frappé par Oreste. Derrière le laurier sacré d'Apollon, on voit lui prêtre du dieu, tenant un sceptre d'une main et de l'autre une pierre qu'il s'apprête à lancer (fig. 734),

Philoctète à son retour trouva son pays déchiré par la guerre civile et

(I) Pour riiistoii'o d'Agamemnon, voir page lOi.

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ne put y rester; Diomède, trompé par sa femme, ne voulut plus habiter ses foyers et ne put rester dans sa patrie. Idoménée, en abordant en Crète dont il était roi, voulut après une tempête sacrifier son fils à Neptune,

Fig. 734. — La mort de Pyrrhus (d'après une peinture de vase).

pour accomplir un vœu: mais, une peste étant survenue aussitôt, les habitants le chassèrent.

Ajax fils de Télamon avait été frappé de folie et s'était tué avant la fin de la guerre. L'autre Ajax, fils d'Oïlée, avait osé outrager la prêtresse Cassandre, fille de Priam, qui s'était réfugiée dans le temple de Minerve et embrassait la statue de la déesse. Ulysse voulait le tuer à coups de pierres, à cause de ce sacrilège. Mais la déesse sut se venger elle-même et fit susciter par Neptune une tempête furieuse qui brisa le navire d'Ajax. Celui-ci pourtant parvint à se sauver sur un rocher, et, dès qu'il y fut arrivé, il s'écria avec son impiété ordinaire : « J'en échapperai malgré les dieux. » Mais Neptune, qui avait entendu le sacrilège, frappa le rocher de son trident et Ajax fut englouti sous les eaux.

Palamède,qui avait découvert la ruse d'Ulysse, lorsque celui-ci contrefaisait l'insensé pour ne pas venir à Troie, était mort depuis longtemps quand la ville fut prise. Ulysse ne lui pardonna jamais de s'être montré plus rusé que lui. En outre on dit qu'Ulysse envoyé en Thrace pour approvisionner l'armée grecque fut accusé par Palamède d'avoir mal rempli son mandat. Une haine mortelle éclata bientôt entre les deux chefs, et elle se termina par la mort de Palamède. Quand on fut arrivé à Troie, une lettre de Priam et une grosse somme d'argent enfouie sous sa tente le firent accuser de trahison par les Grecs qui le lapidèrent. Mais on sut ensuite que la prétendue lettre de Priam et l'argent avaient été mis là par Ulysse^ qui voulait à tout prix se défaire de son ennemi. Nauplius,le père de Palamède, accourut pour demander justice ; les Grecs, qui avaient absolument besoin d'Ulysse, ne voulurent pas l'écouter. Alors Nauplius résolut de consacrer à la vengeance tout ce qui lui restait de temps à vivre, et enveloppa tous les Grecs dans une haine commune. 11 envoya dire aux femmes des principaux chefs soit que

leurs maris étaient morts, soit qu'ils étaient infidèles. C'est ainsi que, selon Enstathe, il l\it la cause qu'Anticlée, mère d'Ulysse, se pendit, et que Pénélope se jeta à la mer de déses[)oir de la mort de son époux; mais elle l'ut retirée de l'eau. (Toutes ces traditions sont postérieures à Homère.)

La véritable vengeance de Nauplius éclata quand, après la prise de Troie, les rois grecs voulurent rentrer dans leurs foyers. Une épouvantable tempête ayant jeté leur flotte sur la côte d'Eubée, il alluma des feux sur les récifs les plus dangereux pour y attirer les vaisseaux, et, accompagné de ses fils, il tua tous ceux qui curent le malheur d'échouer dans le pays.

Ulysse et le cyclope. — Grâce à Homère l'histoire d'Ulysse nous a été conservée avec beaucoup plus de détails que celle des autres chefs. 11 est bon de remarquer au reste, qu'Homère ne donne aucunement à Ulysse le caractère de perfidie odieuse que lui ont souvent prêté les poètes postérieurs.

Dans l'effroyable tempête qui dispersa la flotte des Grecs, Ulysse fut jeté avec quelques-uns de ses compagnons sur les côtes d'une contrée inconnue. C'était l'île habitée par les cyclopes, géants orgueilleux qui ne connaissent aucune loi, et habitent au sommet des montagnes dans des grottes profondes. En abordant, Ulysse choisit douze de ses compagnons et se dirigea vers l'antre du cyclope, espérant y trouver l'hospitalité. Dès qu'il les aperçut, le cyclope s'avança vers eux et leur dit : « Etrangers, qui ôtes-vous ? D'où venez-vous, en traversant les plaines immenses de l'Océan ? Est-ce pour votre négoce, ou errez-vous, sans dessein, comme des pirates qui parcourent les mers en exposant leur vie et en portant le ravage chez des peuples étrangers ? » Aux accents terribles de sa voix formidable, et à l'aspect de cet affreux colosse, les compagnons d'Ulysse furent saisis d'effroi. Cependant Ulysse lui expliqua qu'ils revenaient de Troie, et avaient été poussés dans ces parages par des vents contraires. « Maintenant, ajouta-t-il, nous venons embrasser tes genoux afin que tu nous donnes suivant l'usage l'hospitalité, ou du moins quelques présents. Vaillant héros, respecte les dieux, puisque nous implorons ta pitié. Jupiter Hospitalier est le vengeur des suppliants et des hôtes, et il accompagne toujours les vénérables étrangers. »

Mais le cruel cyclope leur répondit : « Etranger, tu as sans doute perdu la raison, ou tu viens d'un pays bien éloigné, puisque tu m'ordonnes de respecter et de craindre les dieux. Sache donc que les cyclopes se soucient peu de Jupiter et de tous les immortels fortunés ; ils sont plus puissants qu'eux ! » (Homère.)

« A peine avait-il prononcé ces paroles, dit Ulysse, le cyclope se leva brusquement, saisit deux de mes compagnons et les écrase comme de

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jeunes faons contre la pierre de la grotte ; leur cervelle jaillit à l'instant et se répand sur la terre. Alors il divise leurs membres palpitants, prépare son repas, et, semblable au lion des montagnes, il dévore les chairs, les entrailles, et même les os remplis de moelle de mes deux compa-