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LA GUERRE DE TROIE.

compagnons, quo le héros vit dévorer sans jioiivoir leur porter secours (fig. 741).

En quittant ces parages redoutables, le navire approcha d'une île <[ui appartient au Soleil et où paissent ses immenses troupeaux. Celui qui touche aux troupeaux du Soleil, attire sur lui le courroux des dieux,

Fig. 741. — Scylla enlève les compagnons d'Ulysse (d'après une monnaie antique).

car manger leur viande est un sacrilège. Aussi Ulysse ne voulait pas <iborder dans l'île, mais ses compagnons épuisés de fatigue veulent h tout prix un peu de repos, et le héros linit par leur accorder ce qu'ils demandent. Cependant, quand il s'éveille, il sent une odeur de viande.

Fig. 742. — Ulysse et les sirènes (d'après une pierre gravée antique).

et ajiprenant que ses matelots afîamés ont désobéi à ses ordres et tué les génisses du Soleil, il prévoit les plus terribles malheurs. En effet, à peine le vaisseau s'est-il remis en marche, que le ciel se couvre, et le tonnerre lancé par Jupiter foudroie le navire qui se brise en miettes.

Les compagnons d'Ulysse sont submergés par les flots, et le héros seul, saisissant le mat, est entraîné par le courant vers le gouffre mugissant de Charybde, qu'il ne peut plus éviter. Emporté vers la caverne où l'eau bouillonne avec fracas, il s'accroche en passant à un figuier dont les branches s'étendaient au-dessus de l'abîme, et y reste suspendu jusqu'à ce que le monstre ait rejeté le mât qu'il avait engouf-

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iré. Alors il se laisse retomber dans l'eau, saisit de nouveau le màt flottant et est rejeté au loin par le courant contraire. Pendant neuf jours, il reste ainsi errant sur les flots, et le dixième il arrive à l'île d'Og^ygie quiiabite la nymphe Calypso,

La nymphe Calypso. — La nymphe habitait une grotte spacieuse vi s'occupait à chanter ou à tisser de la toile avec sa navette d'or. « Autour de sa demeure s'élevait une forêt verdoyante»d'aunes, de peupliers et de cyprès. Lcà, venaient construire leurs nids les chouettes, les vautours, les corneilles aux larges langues et qui se plaisent à la pêche. Là, une jeune vigne étendait ses branches chargées de nombreuses grappes. Là, quatre sources roulaient dans les plaines leurs eaux limpides qui, tantôt s'approchant et tantôt s'éloignant les unes des autres, formaient mille détours ; sur leurs rives s'étendaient de vertes prairies émaillées d'aches et de violettes. Un immortel qui serait venu en ces lieux eût été frappé d'admiration; et dans son cœur il eût ressenti une douce joie. » [Odyssée.)

Pendant sept années, Ulysse resta l'hôte de Calypso, qui lui proposait l'immortalité s'il voulait y rester encore. Mais le héros songeait à la patrie et à sa chère Pénélope. Il préféra partir sur un frêle esquif, se mettant de nouveau à la merci des flots. Après dix-huit jours de navigation, il approchait déjà de la côte des Phéaciens. Mais la colère de Nep-

Fig. 743. — Ulysse recevant jrécharpc de Leucothée (d'après une peinture de vase).

tune n'était pas encore satisfaite, et ce dieu le voyant ainsi Aoguer sur les eaux envoya contre lui un furieux orage. La déesse Leucothée vint à l'aide d'Ulysse et l'arracha à une mort certaine ; elle lui confla son voile en lui ordonnant de s'en entourer la poitrine, et ({uand il aurait échappé à la tempête, de le jeter à la mer en détournant la tête. Une peinture de vase montre Leucothée, qui replonge dans la mer, après avoir remis son écharpe à Ulysse qui vient de faire naufrage et est entièrement nu (fig. 743).

Les Phéaciens. — C'est à l'aide de cette écharpe qu'Ulysse arrive à la

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côte des Phéacions, où le roi Alcinoiis et sa fille Naiisicaa lui donnent la plus cordiale hospitalité; il arrive enfin à Ithaque, sa patrie, où nul ne le reconnaît, si ce n'est son vieux chien Argus, qui lait aller sa queue cl expire en le voyant. C'est ce qu'a représenté Auguste Barre, dans sa statue du Louvre (fig. 744).

Le voile de Pénélope. — Pendant l'ahsence d'Ulysse, les princes voisins, le croyant mort, dissipaient son bien et voulaient lui ravir sa

Fig. 744. — Ulysse reconnu par son chien (statue d'Auguste Barre, musée du Louvre).

femme Pénélope. Celle-ci, fatiguée par leurs obsessions, espérant toujours le retour de son époux et voulant gagner du tenips^ leur déclara qu'elle se décideraillorsqu'elle aurait achevé un tissu auquel elle travaillait et qui devait servir aux funérailles du vieux Laërte. Mais dès que la nuit arrivait elle défaisait l'ouvrage de la journée. Cette ruse dura assez longtemps, sans que personne se fut aperçu de rien ; elle fut pourtant découverte par une esclave qui en instruisit les prétendants. Ceux-ci alors exigèrent une réponse décisive, et y mirent d'autant plus d'insistance que son fils Télémaque était en ce moment parti sans avoir dit où il allait. Mais le fidèle Eumée, gardien des troupeaux d'Ulysse, avertit Pénélope de la prochaine arrivée de son fils. Les prétendants de leur côté se disposaient à égorger dans un festin ce fils chéri. Tunique soutien de sa mère ; car personne ne se doutait (ju'Ulvsse était encore vivant.

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Ulysse et sa nourrice. — Ulysse se présente en suppliant et reçoit l'hospitalité dans son itroprc palais. Sa vieille nourrice Euryclée apporte

Fig. 74ô. — Ulysse et son chien (d'après une peinture gravée antique).

un splendide bassinqui servait à baigner les pieds; elle y met d'abord de l'eau froide et ensuite de l'eau bouillante. Ulysse s'assied près du

Fig. 7iO. — Llysse reconnu par sa nourrice (d'après] une terre cuite antique).

loyer en se tournant du côté de l'ombre, car il craignait qu'Euryclée, en lui lavant les pieds, ne découvrît la cicatrice qu'il avait au-dessus du

Fig. 747. — Ulysse blessé par un sanglier (^d'après une peinture de vase).

genou et qui pouvait le trahir. Euryclée s'approche de son maîh'c, lui

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baigne les pieds et reconnaît aussitôt la hlessiire que lui fit jadis un sanglier, lorsque Llysse parcourait le mont Parnèse avec son aïeul Auto-lycus. Cet accident qui avait eu lieu pendant la jeunesse du héros est représenté sur un vase antique (fig. 747). Le chien d'Ulysse, Argus, a sauté sur le dos du sanglier qui s'avance contre le héros armé de sa lance. Le personnag(^ ([ui atta([ne l'animal par derrière est probablement un fils d'Autolvcus.

La vieille nourrice, en baissant les mains, avait touché la cicatrice, et ses yeux se remplissant de larmes, elle s'écrie : « Tu es Ulysse, oui,

Fig. 7 i8. — Ulysse et Pénélope (d'après une peinture antique, musée de Naples).

tu es mon cher fils, mais je n'ai pu te reconnaître, ô mon maître, avant d'avoir touché ta cicatrice.» Aussitôt elle veut s'élancer vers Pénélope pour la prévenir de l'arrivée d'Ulysse, mais le héros la retient en lui mettant les mains sur la bouche (fig. j746).