Fi^'. 783. — .Iu2;enient de rame.
L'âme comparaît devant les assesseurs d'Osiris qui interrogent et lisent dans la conscience : alors on pèse dans la balance le bien et le mal, et Thoth écrit le jugement devant Osiris qui prononce (fig. 785). Le châtiment consiste quelquefois à passer dans le corps d'un animal immonde, le cochon, par exemple : un bateau vous ramène sous cette forme dans la terre des vivants, et après cela viendra la mort définitive, l'anéantissement. Car dans la croyance des Egyptiens, l'immortalité de l'âme était facultative, c'est-à-dire que l'homme, selon la manière dont il se comportait sur la terre, pouvait la gagner ou la ])erdre.
Au reste l'idée de résurrection a pris plusieurs formes en Egypte. Voici, par exemple, ce qu'Hérodote rapporte sur le phénix : « Il y a un oiseau sacré qu'on appelle le phénix ; je ne l'ai jamais vu, si ce n'est en peinture, car il vient rarement en Egypte; tous les cinq cents ans.
DIVINITES ETRANGERES.
à ce que disent les hal)ilaiits d'Ilcliopolis ; ils ajoutent qiiil a riive lorsque son père est mort. Sil existe réellement comme on le représente, le plumage de ses ailes est rouge et dore; parla taille, il ressemble surtout à l'aigle. Voici, dit-on, ce qu'il fait, et cela ne me paraît guère croyable : prenant son essor de l'Arabie, il apporte dans le temple du Soleil, à lléliopolis. son père enveloppé de myrrhe et l'y enseveli! de la manière suivante : il pétrit de la myrrhe et en façonne un œuf aussi gros ([ue ses forces lui permetlent de le porter. Lorsqu'il en a fait l'épreuve, il creuse l'œuf et y introduit son père, puis avec d'autre myrrhe il comble le creux où il l'a placé, de manière à retrouver le poids primitif; enfin il emporte l'œuf en Egypte dans le temple d'Héliopolis. Voilà, dit-on, ce que fait cet oiseau. »
Le phénix apparaît très-rarement sur les monuments {igurés. Cependant le savant Guignault l'a reconnu sur une frise de Coptos, où l'on voit effectivement un oiseau, s'élevant sur une espèce de coupe portée sur des fleurs de lotus (fig. 78G),
;8G.
Lo pliénix (d'après une frise de Coptos).
Bien qu'Osiris, Isis et llorus soient considérés comme les principales divinités de l'Egypte, Memphis et Thèbes, longtemps capitales de deux royaumes séparés, ont eu des divinités spéciales qui se sont peu à peu mêlées et confondues dans le panthéon égyptien.
Ptha. — Ptha est le dieu suprême de Memphis : sa forme habituelle est celle d'un homme emmaillotté comme une momie et dont la tète est entièrement rasée. Ptha était surnommé le dieu au beau visage. Dans son rôle de père des dieux il est appelé Totonem, ce qui, selon M. de Rougé, pourrait se traduire par donnant la forme. Le bœuf Apis était appelé fils de Ptha, ou rio nouvelle de Ptha. La vache qui le portait, dit M. de Rougé, était censée avoir été fécondée parla radiation solaire. Ptha a^ait encore un autre fils Imothep, que les Grecs ont assimilé à Esculape. 11 remplissait à Memphis le même rôle que Chons, fils d'Am-mon, remplissait à Thèbes.
LES DIEUX DE LÉGYPTE.
81 :i
Ptha est la divinité' qui a fourni a Ka, organisateur du monde, les éléments dont se compose l'univers. 11 est coilîé du scarabée, symbole de résurrection, et foule aux pieds le crocodile, symbole des ténèbres. On lui donne la forme d'une momie, parce qu'il est l'emblème de la force inerte d'Osiris, quand ce dieu va se transformer en soleil levant. Quelquefois Ptba, enveloppé comme la momie, est debout sur un socle à degrés et coiffé d"un serre-téte. Un large collier orne son cou, et ses mains, dégagées de leurs bandelettes, portent les insignes sacrés.
Ammon. —Ammon est la grande divinité de Thèbes, celle que les Grecs ont assimilée à leur Jupiter. Ammon est un dieu suprême dont les qualités diverses sont invoquées dans le culte sous des noms et avec des attributs différents.
Ammon, dans le culte égyptien, est le ressort cacbé qui pousse la nature à se renouveler sans cesse. Comme la manifestation la plus éclatante de la puissance du dieu est la multiplication des troupeaux, Ammon se présente sous la forme d'un bélier : c'est pour cela que dans les temples de Thèbes on voit une immense avenue bordée de béliers qui lui étaient consacrés. Mais bien que le bélier soit spécialement l'animal consacré à Ammon, ce dieu prend différentes formes, suivant l'aspect sous lequel on l'invoque.
Quand il exprime la chaleur vivifiante du soleil, le dieu prend le titre d"Ammon-Ra : Ra est le nom par excellence du soleil divinisé.
Fit
Ammon, sous la forme du bélier là Thèbes).
Son épouse, Maut, qualifiée dame du ciel et souveraine de la nuit, est la mère de Chons, le soleil levant. Le costume d'Ammon est la tunique courte attachée à la taille par une ceinture, sa coiffure est la couronne rouge surmontée de deux longues plumes droites. Maut porte le Pschent ou double diadème, emblème de la souveraineté sur la Haute et la Basse Egypte; le vautour, symbole de maternité, est son attribut. Les anciens Egyptiens croyaient que tous les vautours étaient femelles, et c'est pour cette raison qu'ils en ont fait le symbole de la maternité. Chons, le fils de Maut^ apparaît tantôt avec la tète humaine coiffée du
DIVINITES ÉTRANGÈRES.
disque avec les cornes, tantôt avecla tète d'épervier. La troisième personne d'une triade divine a toujours pour mission de s'occuper plus spécialement de riiommo : aussi Clions est le dieu qui chasse les mauvais esprits et qui guérit les maladies.
Quand il est le ressort caché ([ui pousse la nature à se renouveler sans cesse, Ammon prend le nom de ivhem, ou Ammon générateur. Dans ce rôle, le dieu est ithyphalli([uc ; on le représente debout, le bras droit levé dans l'attitude du semeur, et la main ouverte. Son corps est enveloppé comme une momie, dont son bras gauche n'est pas dégagé. « Rhem, dit M. Pierrot [Dictionnaire d'archéologie égyptienne), représente la Divinité dans son double rôle de père et de fils : comme père, il est appelé le inari de sa mère; comme fils, il est assimilé à Horus. 11 paraît symboliser la force génératrice, principe des renaissances, survivant à la mort, mais subissant un état d'engourdissement dont elle ne triomphe que lorsque le dieu a recouvré son bras gauche. Dans le Livre des Morts, chapitre CXLVI, le défunt s'écrie, lorsque son àme s'est féunie à son corps, (\\x il prévaut contre ses bandelettes, et quil lui accorde d'étendre le bras, c'est-à-dire le bras gauche. Khem symbolise la végétation en même temps que la génération, car des plantes élancées sont toujours figurées derrière lui. »
Le Nil n'est que la manifestation visible d'Ammon, le dieu suprême auquel TEgyptedoit sa fécondité. Ce Nil céleste, Ammon-Nil, Knouphis,
Fig. 788. — Knouphis, le seigneur de l'inondation (d'après un bas-relief du temple de
Denderah).
est le régulateur du Nil terrestre : c'est le dieu à tète de bélier, étroitement enveloppé dans sa tunique bleue. Son caractère, comme régulateur du fleuve, est particulièrement apparent sur un bas-relief du temple de Denderah (fig. 788). Le dieu porte une tête de bélier et des cornes de bouc surmontées de grandes plumes. Comme seigneur de
LES DIEUX DE L'EGYPTE.
815
l'inondation, il a dans une de ses mains la clef du Xil, et dans l'autre une voile, car il est l'auteur des vents annuels, qui, dans l'opinion des anciens, avaient une grande action sur le débordement. C'est peut-être pour la même raison qu'il est ailé. Divers personnages qui paraissent
mMfm&MmMMM^m
mm^ssëmmsm
2 -^
être des divinités secondaires sont placés près de lui et dans une dimension beaucoup plus restreinte.
Le Nil terrestre, celui dont on voit les eau\ couler, est représenté sous la forme d'un homme dont la tête est surmontée d'un bouquet d'iris ou de glaïeul, symbole du fleuve à l'époque de l'inondation. Sur les bas-reliefs on le voit présentant ses offrandes aux grands dieux de