arpents d'un tormin àprc et sauvage. Ce travail achevé, je sème, au lieu des dons de Cérès, les dents d'un horrible dragon, d'où naissent aussitôt des géants armés qui m'environnent de toutes parts. Je les attaque, je les renverse et les fais expirer sous le fer de ma lance. Jai commencé le matin à atteler mes taureaux, et ma moisson est achevée le soir. Si Jason peut faire éclater sa valeur par un semblable exploit, qu'il emporte au même instant ma toison ; mais sans cela qu'il n'espère pas l'obtenir. Il est indigne d'un homme de cœur de céder à quiconque ne peut l'égaler. » (Apollomus.)
Les Argonautes frémirent en entendant les conditions imposées a leur chef; car, en admettant qu'il sortît victorieux de ces épreuves, il fallait encore pouvoir se saisir de la toison d'or, qui était gardée par un horrible dragon.
L'arrivée des Argonautes chez .Eétès est figurée sur une peinture de vase où elle se déroule en deux scènes séparées par une colonne. Dun côté de la colonne, .Eétes, roi de Colchos, est debout et tient en main un sceptre, insigne de sa puissance. Un vase placé à ses pieds symbolise ses immenses richesses. Jason, en face de lui, tient en main la tessère de l'hospitalité qu'il présente au roi. Derrière Jason, Médée, fille d'-Eétès, communique à l'une de ses femmes Fimpression que produit sur elle la beauté de l'étranger. De l'autre côté de la colonne, Médée fait alliance avec Jason et se laisse prendre la main par le héros qui a planté sa lance en terre. Les Argonautes, couronnés de lauriers, accompagnent leur chef, et l'un d'eux désigne du doigt la princesse qui doit les tirer du danger qu'ils courent (fig. 153).
Le même sujet est encore représenté sur un autre vase, mais d'une façon toute différente. Jason, tenant deux javelots, se présente devant le roi de Colchos, assis sur son trône. Médée, en costume asiatique et entourée de ses femmes, tient un ciste et s'avance derrière le héros qu'elle doit épouser.
En effet, Médée, qui était une puissante magicienne, avait éprouve en présence de Jason un tressaillement inconnu, car Vénus lui avait inspiré une violente passion pour le héros. S'approchant de lui, elle tira de sa ceinture un charme qu'elle avait préparé, et lui dit : « Quand mon père aura remis entre tes mains les dents de dragon que tu dois semer dans le champ du dieu Mars, attends le retour de la nuit. Alors, revêtu d'habits noirs et après t'être purifié dans les eaux du lleuve, tu creuseras seul une fosse ronde dans un lieu écarté. Tu y égorgeras une brebis, et tu la brûleras 4»ut entière sur un bûcher que tu dresseras au bord de la fosse. Tu invoqueras la fille de Perses, la puissante Hécate, en faisant en son honneur des libations de miel. Eloigne-toi ensuite de la fosse sans regarder derrière toi, quel que soit le bruit des pieds et les hurlements des chiens qui frapperont tes oreilles. Au
IcNci-Je l'aurore, tu hunu-eloras le chainie que je \ieus de le donaer. ri lu en frotteras non-seuleuient ton corps, mais encore ton épée, ta lance et ton bouclier. Une foycc plus qu'humaine se répandra alors dans tous tes membres. Le fer des guerriers qui naîtront de la terre s'émous-sera sur toi et tu braveras les llaninies ([ue vomissent les taureaux. ( A' charme puissant ne doil (huer (|ii"iiii jour : mais \oici un moyen deter-luinei |tronii»(em(Mil le comhal. Lors(|u"api'('s avoir su]ijiii!U('' l(>s taur(>aii\ cl labouré le chani|t. tu verras les lils de la terre sortir en tirand nombre des dents (jue tu auras semées, jette alors au milieu d'eux une grosse pierre. Semblables à des chiens qui se disputent une |)rûie,ilsse bâtiront à l'entour; prolitc du moment et fonds sur eux. " (Apollonius.)
Les taureaux de Golchos. — Jason lit tout ce qui lui avait été pi-escrit et se rendit ensuite au champ de Mars, oîi il trouva le joug d'airain et la charrue fabri(juée d'un seul morceau de fer. Les taureaux sortent bientor en vomissant des llammes : les Argonautes sont saisis
I.i' loi de (".olchos.
Viii. \îi'2. — Jasoii (liiiiiiit;uit les taureaux de Colclios (d'après un bas-relief aiiti<iue.
Hiusée du Louvre}.
d ( |ioii\ante, mais Jason les attend de pied ferme. Ils frappent en mugissant son l)ouclier de leurs cornes sans qu'il en soit ébranlé.
La llamine brille par éclairs autour de Jason; mais le charme'qu'il a reçu de Médée le rend in\ ulnérable. Il saisit par une corne le taureau (|ui était à sa droite, le tire de toutes ses forces, l'amène prés du joug cl d'un coup de pied le fait tomber adroitement sur les genoux. Le second (|ui s'avance est également terrassé. A l'instant il jette par terre son bouclier, et, de ses deux mains, il les tient l'un et l'autre couchés sur les genoux, insensible à l'ardeur des llammes au milieu desquelles il e>t |dongé. Castor etPoUux, suivant l'ordre qu'ils en avaient reçu au-para\ant, accourent aussitôt, prennent le joug et le présentent à Jason, qui l'attache fortement, saisit ensuite le timon et l'adapte au joug. Les lils de Tyndare s'éloignent alors des flammes et retournent au vaisseau.
In bas-relief du Louxre leprésente Jason doniidant les taureaux de (".(.Iclios (Tig. 152). Le héros, doni la léle mancpie. saisit avec force une
(les cornes du tauroau et l'attire à lui pour l'abattre. A ses pieds on voit la charrue au joug de laquelle il doit soumettre les taureaux aux pieds d'airain. Le roi de Colclios, assis sur un rocher, sa main gauche appuyée ^^ur un long sceptre, admire la force prodigieuse du héros et paraît anxieux de connaître l'issue du combat. Le jeune homme placé près de lui est probablement son fils Absyrte. La scène qui se passe derrière représente JVlédée enveloppée d'un long voile et donnant la main à Jason pour s'unir à lui. Junon, protectrice du héros, est placée entre eux comme pour consacrer leur hymen. Médée est suivie de sa vieille nourrice et l'Amour tient son arc derrière Jason. Ce bas-relief est incomplet et il y manque, outre la tête de Jason, un des deux taureaux, et d'autres personnages qui accompagnaient probablement le héros.
Jason après sa victoire ramasse son bouclier, le suspend à ses épaules, prend le casque qui renfermait les dents fatales, et tenant le manche de la charrue, il pique les taureaux de sa lance, comme un laboureur thes-salien presse les flancs de ses bœufs avec la perche dont il mesure son clianip. Les taureaux, devenus furieux, vomissent des torrents de llamme et frémissent comme les vents impétueux qui font la terreur des nautoniers. Cependant, pressés par les lances, ils sont contraints d'avancer. La terre cède à leurs efforts et à ceux du vigoureux laboureur qui les conduit. Des mottes énormes, détachées par le soc tranchant, se brisent avec un fracas horrible. Le héros, marchant d'un pas ferme, jette au loin derrière lui les dents du dragon dans la terre qu'il a labourée et tourne à chaque instant la tète de peur d'être surpris par les guerriers qui en doivent sortir. (Apollomls.)
Ils arrivent en effet et la terre est bientôt hérissée de boucliers, de lances, et de casques portés par des combattants furieux. Jason, se souvenant des conseils de Médée, prend une pierre énorme et la jette au milieu des géants, qui aussitôt se précipitent dessus en frémissant et, se frappant mutuellement de leurs lances, tombent sur la terre qui lésa produits.