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autant que la faiblesse de leur sexe le leur ])ermet, me donnent des aliments, un asile et tous les soins de la piété filiale ; eux, au contraire, au salut d'un père ont préféré le trône et le souverain pouvoir. Aussi ils n'obtiendront jamais mon assistance, jamais ils ne posséderont la paisible jouissance du royaume de Cadmus. iNon, que les dieux n'éteignent jamais leurs fatales discordes! Que celui qui possède aujourd'hui le sceptre en soit privé hii-même et que l'exilé ne rentre plus dans les murs dont il est banni ! Eux qui ont vu leur père indignement chassé de sa patrie sans le retenir et sans le défendre! » (Sophocle.) OEdipe mourut en Attique après avoir prononcé sa malédiction contre ses fils. Pausanias dit que son tombeau était près d'Athènes dans l'enceinte consacrée aux Euménides.

LE LAURIER D'APOLLON. Apollon ol rAmour. — I-a iiiélainorphose tlo Daphné. — Désespoir de Cl\Uc.

Apollon et l'Amour. — Le laurior dont on couronne les poètes, \iont dune niétaniorplioso opérée par Apollon. Fier de la victoire qu'il avait remportée sur le serpent Python, le dieu rencontra le fils de Vénus, (jui arrangeait son arc et le railla sur Pusage qu'il faisait de ses armes. Cupidon irrité résolut de se venger : ce dieu a deux espèces de flèches, les unes inspirent le désir, les autres la répulsion. Il y avait dans le bois

Fig. 213. — Apollon et l'Amour (d'après une pierre gravée aatiqvie, cornaline).

\oisin une nymphe charmante, appelée Daphné, qui était fille du fleuve Pénée. Sachant qu'Apollon devait passer par le lieu où elle se trouvait, Cupidon décocha sur le dieu la flèche du désir, et sur Daphné la flèche de la répulsion.

La métamorphose de Daphné. — Dès qu'Apollon aperçut la nymphe, il sentit son cœur trouble et voulut s'approcher d'elle, pour lui raconter sa récente victoire, espérant ainsi Uii plaire. Comme elle se détourna, il ajouta qu'il était le dieu de la lumière, honoré dans toute la Grèce, le fils du puissant Jupiter, l'inventeur de la médecine et le bienfaiteur des hommes. Mais au lieu de l'écouter, la nymphe, qui é|)rouvait jiour lui une irrésistible aversion, se mit à fuir à travers les rochers et les bois. Apollon, ne comprenant rien à cette conduite, la

LE LAURIER D'APOLLON.

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suivait en disant : « Demeure, belle nymphe : ce n'est point un ennemi qui marche sur tes pas. La brebis fuit le loup, la biche le lion, la timide colombe l'aigle qui la poursuit ; mais ce sont leurs ennemis, tandis que c'est l'amour seul qui m'oblige à te suivre. Arrête-toi, j'ai peur que les épines des buissons ne te blessent et que je n'en sois la cause. » (Ovide.) Et il s'arrêta lui-même, craignant qu'elle ne fit une chute dans sa fuite précipitée.

Mais s'apercevant que la nymphe redoublait de vitesse au lieu de ralentir ses pas, il pensa qu'elle ne l'avait pas entendu et qu'il la persuaderait facilement s'il pouvait en approcher. Dès lors il s'élança à sa poursuite, comme un chien à la piste d'un lièvre, et finit par l'atteindic

Daphné. Apollon.

Fig. 214. — Statues de Guillaume Coustou (au jardin des Tuileries).

au moment oi^i la nymphe arrivait au bord du fleuve Pénée, son père. Daphné alors supplie le fleuve de lui ravir cette beauté qui lui est si funeste, et elle sent aussitôt ses membres s'engourdir et son corps se recouvrir d'une tendre écorce : ses cheveux se changent en feuilles, ses bras deviennent des branches, ses pieds, autrefois si légers, s'attachent à la terre, sa tête devient celle d'un arbre, elle était métamorphosée en laurier: Apollon veut toucher l'arbre, et sent palpiter un cœur sous l'écorce. Il se tresse une couronne pour en orner sa lyre d'or, et c'est depuis ce temps que les vainqueurs reçoivent des branches de laurier au lieu de celles de chêne qu'on leur donnait autrefois.

Plusieurs peintures d'Herculanum nous retracent l'aventure de Daphné dont la métamorphose est fort bien rendue dans une statue de la villa Borghèse. Dans la statuaire moderne, Coustou a fait un groupe d'Apollon poursuivant Daphné qu'on peut voir dans le jardin des Tui-

^'tO

APOLLON ET DL\NE.

lories (fig. 214). Le Boinin on a fait également un groupe fameux qui est à Kome. Parmi les tableaux exécutés sur le même sujet, les plus connus sont ceux du Poussin, de Rul)ens et de Carie Maratte (fig. 216).

Fig. 215. — Apollon poursuivant Daphné (d'après un tableau de Carie Maratte).

Il y a aussi au Louvre un petit tableau de l'Albane où on voit la nymphe fuyant à toutes jambes devant Apollon, tandis que rAmour vole en souriant dans les nuages.

Le div-huitième siècle n'a vu dans cette fable qu'une aventure galante, et comme la beauté d'Apollon est proverbiale, on en a conclu que, si le dieu n'avait pas su plaire à la nymphe, c'était uniquement parce qu'il s'y était pris maladroitement :

« Cruelle, arrêtez-vous de grâce ! « Je suis le régent du Parnasse, « Le fils naturel de Jupin ; (I Je suis poëte, médecin, (I Je suis chimiste, botaniste, (( Je suis peintre, musicien, (( Exécutant et symphoniste : « Je suis danseur, grammairien, « Astrologue, physicien ;

« Je suis » Pour fléchir une belle,

Au lieu de lui parler de soi. Il est plus adroit, selon moi. Et plus doux de lui parler d'elle.

(Demoustier.)

Les mytholo|ïues modernes voient dans le mythe de Daphné une personnification de l'aurore. Ainsi quand nous disons : Taurore disparaît dès que le soleil se montre, les Grecs auraient dit dans leur langage mythologique : Daphné s'enfuit dès qu'Apollon veut l'approcher.

Désespoir de Clytie. — Au reste, si Apollon a été dédaigné par Daphné, il l'a bien rendu à la malheureuse nymphe Clytie, qui se mourait d'amour pour lui, mais ce dieu n'eut jamais pour elle que de rindifîérence. Ses mépris la jetèrent dans un affreux désespoir et la compagnie des nymphes lui devint insupportable. Couchée nuit et jour sur la terre, les cheveux épars, elle se consumait en larmes, et ne voulait d'autre aliment que la rosée du ciel. Elle tournait sans cesse ses yeux vers le soleil et l'accompagnait de ses regards pendant toute sa course. Son corps finit par prendre racine à la terre, et son visage devint une fleur qui continua pourtant à se tourner du côté du Soleil, en sorte que malgré son changement elle marque toujours l'amour qu'elle n'a cessé d'avoir pour Apollon.

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LA LYllK D'APOLLON.

La Ivi'o ot la flùlc. — Le silène Marsyas. — Châtiment de Marsyas. — Les oreilles

du roi Midas.

La lyre et la flûte. — Le soleil, par la régularité avec laquelle il répand chaque jour sa liuuière, était regardé par les anciens comme le principe qui préside aux harmonies de l'uiiivers. L'astronomie était une Muse, dont les lois ne difîéraient pas de celles qui régissent la musique. Apollon fut donc regardé de bonne heure comme le dieu de l'harmonie et la lyre devint son attribut. Il est alors considéré comme principe de l'inspiration poétique et il devient le conducteur des Muses. L'art le montre couronné de lauriers et vêtu d'une longue robe : et il prend le nom d'Apollon Musagète. Une magnifique statue du Vatican le représente sous cet aspect. Cette statue a servi de modèle aux médailles de Néron, qui représentent cet empereur disputant sur le théâtre le prix de la cithare. Elle a été trouvée à Tivoli en 1774, ainsi que sept statues de Muses (fîg. 217).

La lyre apparaît comme attribut d'Apollon même lorsqu'il n'est pas conducteur des Muses, et elle fait en quelque sorte partie de son cos-

Fig. 216. — Médaille de Gallien avec attributs d'Apollon (composition de G. Saint-Aubin).