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— Je ne dirais pas ça. C’était un jouisseur intelligent qui préservait, en toutes circonstances, un certain sens de l’humour. Les hommes d’esprit ne s’abandonnent jamais complètement à leurs bas instincts.

J’acquiesce. Elle parle d’or. Je me dis « quel dommage que cette femme se soit lancée dans le pain-de-cul ». Elle aurait pu devenir quelqu’un de brillant, dans le barreau ou les affaires, peut-être la médecine ?

— Tu t’appelles vraiment Sandra ?

— Non, c’est mon pseudonyme professionnel, pouffe-t-elle. Ça change quelque chose pour vous ?

— Absolument pas. Je vais te poser une question, ma gentille amie. Une question bizarre, mais capitale. Je te demanderai de bien réfléchir avant d’y répondre.

— Je suis prête.

J’avance ma main vers ses jambes croisées qu’un romancier au rabais assurerait « gainées de nylon ». Tu peux vérifier : même des types qui passent pour des écrivains ont des jambes « gainées de nylon » dans leurs books. Moi, il y a une vingtaine d’expressions de ce tonneau qui me permettent de les classer inutiles. Quand, ouvrant un bouquin, je tombe sur une « jambe gainée de nylon », je le referme aussi sec et le glorieux s’enfonce à tout jamais dans la fosse à glandus. Je suis maniaque, ça aide à exister.

Je t’en reviens à ma main sur son beau genou bien rond. Je trique, donc je suis.

Elle comprend à quoi correspond ce geste. Ce n’est pas celui d’un paillard en visite dans un atelier à baise, mais bel et bien une hardiesse de collégien que je n’ai pu réprimer.

— Alors ? me demande-t-elle, attendant la suite.

— Une question abracadabrante, Sandra ; je ne la poserais à aucune des autres femmes qui sont ici car elles ne la comprendraient pas.

— Excitant.

— Est-il arrivé qu’au cours d’une de ses visites, le prince Karim t’ait semblé quelque peu différent de ce qu’il était généralement ?

Elle a le bon goût de ne pas répondre à mon interrogation par d’autres. Elle l’enregistre et se met à y réfléchir posément, devinant qu’elle est importante pour moi.

J’attends, tout en caressant cet exquis genou bien rond sous le nylon qui le gaine (!).

A la fin, elle me mate dans les châsses.

— Effectivement, parfois, quelque chose en lui me troublait.

— On peut en savoir plus ?

— Un manque d’autorité ; je ne sais quoi d’un peu flou dans son personnage d’ordinaire si incisif. J’ai cru…

— Qu’as-tu cru, ma belle âme ?

— Qu’il s’était drogué avant de venir et que les effets de son shoot continuaient de se faire sentir ici.

Je souris avec un début de reconnaissance dans les commissures.

— Tu parles d’or, chérie. Et puis ?

— Une fois, contrairement à ses habitudes, il n’a pas voulu baiser, se contentant de regarder.

— Regarder quoi, mon petit cœur ?

— La fille qui l’accompagnait m’a broutée, très bien d’ailleurs. Elle aimait ça, si vous voyez ce que je veux dire.

— Elle était déjà venue ?

— Pas impossible, mais alors elle avait changé sa coiffure et son maquillage.

— Tu me la décris ?

Elle s’exécute, consciencieusement. Il fait vraiment bon « travailler » avec Sandra.

— On s’y croirait, jubilé-je. Tu es une femme épatante, ma chérie. Je bénirai ton surnom jusqu’à soixante jours fin de mois et tous les lundis de Pâques.

Alors elle tombe à genoux devant l’être d’exception que j’aurais pu être si le Seigneur était allé avec moi au bout de Son propos pourtant bien amorcé. Me dégage le malandrin et se met à battre de ses longs cils sur sa partie en forme de coupole.

Exquis.

Et je pèse mon mot ! J’irais jusqu’à prétendre « exequis ».

Caresse suave, raffinée, presque chinoise, céleste, en tout cas.

Elle me dépolarise l’engouffreur à basse fréquence avec une conviction déterminante qui n’est pas le fait d’une pro, mais bien plutôt, d’une amatrice passionnée, comme dirait M. Calvet qui s’y connaît mieux en bagnoles qu’en vocabulaire, et c’est tout ce qu’on lui demande.

Je passe, en cette chambre vouée à la truciderie, un instant de charme dans une ambiance pondérée. La remarquable Sandra me ponctue le Nestor avec brio. On pourrait penser qu’elle passe un examen, quelque chose comme une licence ès licence.

Lorsqu’elle s’est beaucoup prodiguée, de louables scrupules m’engagent à lui valoir la monnaie de sa pièce. Foin de cet égoïsme masculin qui a ruiné tant de foyers, démantelé tant de couples. En toutes circonstances, le mâle se doit de veiller à la satisfaction pleine et entière de sa partenaire. Je sais des types (dont je tairai les blases, n’étant pas mouchard) qui se purgent le vase d’expansion sans la moindre pensée pour leur partenaire. Dure sera la chute de ces bas jouisseurs sans scrupules.

Un jour, leur zézette deviendra flasque et grise en leurs braies aux remugles de pisse froide. Elle leur sera peu à peu étrangère et ne leur servira plus qu’à des mictions laborieuses.

Il arrive que des musiciens (de fanfare principalement) jouent en marchant. N’en ce qui me concerne, je parviens, sans trop de difficulté, à penser en baisant.

Ne m’en prive pas. La période de la levrette maltaise, celle du tirlipotage modulé, puis de l’ecclésiaste à binocle et du zaunure glouton ayant été appliquées avec succès, je passe à l’en-fourchement berbère qui me vaut de sa part des cris de fantasia dont ma vanité se réjouit. Il est toujours méritoire de faire se pâmer une professionnelle de l’amour. Oh ! je sais : tu vas penser qu’elle me le fait au chiqué ; mais comme je n’ai pas de sécrétions pour toi, laisse-moi t’avouer, avec cette impudeur qui m’honore, qu’elle m’en profusionne de telle sorte qu’aucun doute ne saurait planer à propos de ses sentiments.

La magnifique Sandra entre en fade comme d’autres en religion, avec un élan total et une conviction suprême. On sent qu’elle est à biter !

Lorsqu’elle pantelle, les cannes en fourche caudine, anéantie par un orgasme-typhon, je constate que son regard est révulsé, sa respiration sporadique et sa vie enrichie d’un merveilleux souvenir.

Ma pomme, bénaise en plein, a terminé, en cours d’essorage, sa trajectoire mentale.

Le Seigneur qui me pardonne tout parce qu’il sait que je L’aime, m’a inspiré pendant mon déduit.

Me voici avec, à disposition, un plan large comme l’avenue des Champs-Elysées.

Je baise Sandra au front, pour changer un peu.

Voilà qui semble la ranimer.

— Tu dois être facile à aimer, balbutie cette bonne petite.

— Très, admets-je, mais pas longtemps.

Je caresse ses cheveux fous sur ses tempes. C’est un truc dont je raffole chez la femme, tout de suite après les poils de sa toison pubienne.

Elle soupire, voulant me faire un présent :

— Je m’appelle Marie.

— C’est le plus beau prénom du monde, soupiré-je, mais tu as bien fait d’en changer dans le travail.

Là-dessus, au fond des forêts…

Non, je te réciterai « Le loup et l’agneau de lait à 120 F le kilo » une autre fois. Pour l’instant, j’ai mieux à foutre.

Au salon, je retrouve La Pine que Béru vient de rallier. Ces messieurs causent cul avec les pécores putes et la mère Tatezy. Le Mastard explique qu’il n’est pas parvenu à prendre son fade avec l'exquise Mme Lanprendeux (laquelle ignore encore son veuvage, mais rien ne presse). L’éléphantiasis de cette dernière, en fin de compte, a joué contre leurs débordements sexuels. Une jonction incomplète, nonobstant l’importance du chibraque béruréen, a amené une progressive « désabusance » de son emportement. Alexandre-Benoît a bien fini par prendre congé de la veuve en lui promettant, sans trop s’avancer, une session de rattrapage en septembre.