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Cependant la vogue des bains de mer qui se

Pince-taille.

dessine de plus en plus et qui deviendra bientôt une migration annuelle et régulière de toute la bourgeoisie vers les plages normandes ou bretonnes, cette habitude des excursions estivales amène quelques gracieux changements dans la mode.

Un instant vers 1864, triomphe la mode des robes courtes née sur les plages élégantes. Plus de jupes traînantes, ou de robes longues à larges volants. On conserve la crinoline, m peu modérée dans son envergure, mais on drape et on arrange les jupes, avec des relevés, des plissés, avec une grande variété d'ornements appliqués, ornements très larges d'un bon effet.

La fantaisie, étouffée depuis 1830, reparaît. Ces très cavalières jupes courtes laissent voir les bottines très luxueuses et très ornées, les fines petites bottes très montantes dont on fait sonner les hauts talons. — Un instant même quelques élégantes des plages à la mode prennent la grande canne Louis XIIL

On voit aussi de jolis vêtements très amples, à larges manches, et des pardessus dits SaïUe-en-barqiœ. Les chapeaux bien différents du cérémonieux chapeau fermé et très crânement portés un peu sur le côté, sont des espèces de coiffures de Toreros, ornés, de gros pompons ou de plumes. La coiffure de l'époque est basse, avec un crêpé sur le front, les cheveux'tombant dans le dos massés dans un filet.

Les jupes courtes, si gracieuses avec la crinoline, avec les hautes ceintures à boucles, et tous les ornements, ganses et soutaches dont

MODES DE PLAGE 1864.

on couvre alors le costume, sont bientôt vaincues par un retour offensif des robes longues.

ijranil manteau Empire.

et la mode perd tout de suite ses allures cavalières.

La crinoline elle-même tombe un instant en 1867, au moment des jupes plates et traînantes, des corsages péplums, nés dun retour de goijt pour la tragédie, dont on déclame de fragments au Café-Concert, au moment des petits chapeaux assiettes, posés sur le front devant le gros chignon relevé en boule, coiffures que viennent compléter les rubans flottant dans le dos et appelés du nom expressif de : tt Suivez-moi jeune homme. »

... Et la bataille continue entre les jupes larges et les jupes étroites, la crinoline a battu de l'aile pendant quelques années et finalement elle est morte. La crinoline à grands cerceaux est maintenant du domaine de l'archéologie c'est une antiquité, comme le panier, comme le vertugadin.

Comme on voulait encore de l'ampleur, on l'a remplacée par des poufs, de très volumineux paquets d'étoffes, relevés par derrière sur les jupes,

Puis sur le chemin de la réaction anti-crinolinienne, on a été en diminuant peu à peu la largeur des jupes jusqu'aux robes moulées sur le corps, au collant qui a duré deux ou trois ans, vers 1880. Les modes étaient alors fort jolies, très esthétiques. Puis un petit soupçon de gonflement s'est produit, on s'est élargi un peu, on a bien vite adopté les tournures....

Mais cette mode des robes collantes nous a laissé les corsages en jersey qui moulent très gracieusement le corsage et les hanches. Le jersey vite adopté convient admirablement aux toilettes de promenade et de campagne.

Pendant quelques étés d'un bout de l'Europe à l'autre, sur toutes les plages d'Angleterre, de France et d'ailleurs, le Jersey fut l'uniforme obligatoire; femmes, jeunes filles, enfants, garçons ou fillettes, tous furent en jerseys bleu foncé, agrémentés d'ancres d'or, tous en matelots. Les enfants gardent encore ce vêtement gracieux et commode et voici que les hommes, — touristes et vélocipédistes — l'adoptent.

Le temps est passé des édits somptuaires et des gouvernants légiférant sur le luxe pour enrayer ses débordements. On a vu, de Philippe le Bel à Richelieu, la longue série de ces édits; avant de tomber à l'oubli, ils furent pourtant presque toujours appliqués rigoureusement d'abord, même par des rois qui mettaient le Trésor à sec pour les somptuosités de leur cour, comme Henri III par exemple, le mignon fanfreluche, qui lors d'un de ses accès de répression du luxe des autres, lit jeter en prison au fort l'Évèque en un seul jour une trentaine de femmes et non des moindres de Paris, coupables d'avoir bravé les prohibitions du brocart et de la soie.

Ce temps des prohibitions somptuaires. des ordonnances royales sur les modes n'est plus. Dans l'intérêt général de l'industrie et du commerce, tout ce qui peut développer le grand luxe doit être aujourdliui recherché et favorisé.

C'est le petit luxe qui devrait être au contraire réprimé s'il était possible, ou plutôl <iui aurait dû être réprimé, car aujourd'hui le mal est fait et parfait.

Ah ! si la mode plus puissante que les rois et les ministres, que les arrêts, les lois et les édits, si la mode dont les ordonnances sont sans appel, avait pu décréterla conservation des anciens costumes féminins de nos provinces.des modes locales souvent si gracieuses, des élégances campagnardes, auxquelles la ville a si

Robe collante 1880.

souvent fait des emprunts, des façons dérobes, des mantes, et aussi des coiffures si variées, coiffes bressannes, casques de dentelles du pays de Caux, grandes coiffes bretonnes, bonnets l'arlésiennes. etc.. Quel sauvetage!

Mais non, tout cela est parti, toutes ces jolies choses ont disparu devant l'envahissement d'un faux luxe mesquin, caricature sans goût des élégances parisiennes, devant les confections uniformes et informes, fabriquées à la centaine et portées jusque dans les plus lointains cantons î...

Partout, hélas, les jolies modes locales, les élégances particulières et régionales, ont cédé pour jamais la place à des attifements souvent prétentieux et ridicules...

Le « costume » des campagnes en toute province est évanoui, envolé, perdu, c'est à la « 7node » des villes, de nous indemniser en élégance vraie et en grâce.

La mode est aujourd'hui dans une période de transition et de tâtonnements, elle cherche, elle essaie, à défaut de nouveautés nouvelles, des imitations des nouveautés d'autrefois, — ayant suffisamment vieilli, comme disait la couturière de l'impératrice Joséphine.

On va des imitations des coupes Louis XVI ou Empire à des ajustements Valois, aux corsages Louis XIII, aux manches moyen âge ou bien aux manches à gigot 1830... Nous verrons ce qui sortira de ces tentatives et de ces essais et si comme il arrive dans tous les arts, il en sera de l'art de la toilette comme des autres, si le neuf naîtra de l'étude de l'ancien.

Souhaitons qu'une mode originale, fin de siècle suivant l'expression à la mode, se dégage enfin, pour qu'un jour les petites filles des élégantes de ces dernières années du xix'' siècle, puissent se figurer leurs aïeules sous des ajustements bien à elles, bien personnels, autrement enfin qu'en toilettes empruntées à tous les âges.

TABLE DES CHAPITRES

I.- BALLADE DES MODES DU TEMPS JADIS

il

Le vieux neuf. — L'horloge de la mode. — Feuilles dans les cartons du passé.—Quelle est la plus jolie mode? — Mode et architecture. — Vêtements de pierres et vêtements d'étoffes. — La poupée costumée, journal des modes du moven àofe '•)

III. - MOYEN AGE

Les Gauloises teintes et tatouées. — Premiers corsets et premières fausses nattes. — Premiers édits somptuaires. — Influence byzantine. — Bliauds, surcots, cottes hardies. — Les robes historiées et armoriées. — Les ordonnances de Philippe le Bel. — Hennins et Escof-fions. — La croisade contre les Hennins de frère Thomas Connecte. — La dame de Beauté 23