17 h 40 : Ils partent à bord du véhicule.
17 h 50 : Ils entrent dans la résidence « Mandragore », 52, boulevard Henri-Dunant, à Saint-Servan-sur-Mer, et garent la Safrane sur le parking. Ils longent un jardin et montent par un escalier extérieur qui donne accès à un appartement, au premier étage du second bâtiment (cf. photographie n°02). Mme Leterrier porte son sac de voyage marron. Le nom de Bernard NANTY est écrit sur la boîte aux lettres qui correspond à l’appartement.
N.B. : On peut constater que quatre fenêtres de l’appartement donnent vers l’extérieur de la résidence, rue de la Pie. La surveillance continue à partir de cette rue.
18 h 10 : La silhouette de Mme Leterrier apparaît à l’une des fenêtres, elle porte un peignoir et une serviette-éponge nouée autour de la tête. Elle tire le rideau.
21 h 40 : Plus aucune lumière n’est visible dans l’appartement depuis la rue de la Pie.
21 h 45 : Fin de la surveillance et mise en place de « témoins » (cailloux) sous les roues de la Safrane.
22 h 00 : Fin de mission.
Pour se dégourdir un instant les jambes, Paul alla préparer du thé et en proposa une tasse à Julien.
— Ça va me couper la faim, si on allait plutôt déjeuner ?
Surpris, Paul jeta un œil à sa montre, il était déjà 13 heures.
— Pas le temps. Ramène-moi un sandwich au pain de mie, thon crudités, avec de l’eau gazeuse.
— Il y a un M. Martinez qui a appelé, tu peux le joindre cet après-midi dans sa boutique.
— Merci.
— C’est quoi, cette boutique ?
— Une confiserie. Il veut savoir s’il ne s’est pas fait escroquer par un industriel.
Paul s’occuperait de lui après ce rapport qu’il devait impérativement terminer avant son rendez-vous de 16 heures.
Confidentiel.
À ne divulguer à aucun tiers.
Objet : Surveillance samedi 7 mai de Mme LETERRIER à partir de la résidence Mandragore, côté rue de la Pie, Saint-Servan.
7 h 00 : Début de mission.
7 h 30 : Mise en place du dispositif de surveillance de la résidence Mandragore, côté rue de la Pie. Les rideaux de l’appartement sont toujours tirés. La Safrane est garée à la même place que la veille. Les « témoins » sont toujours sous les roues du véhicule indiquant qu’il n’a pas été déplacé.
N.B. : Renseignements pris auprès du concierge, l’homme de cinquante ans vu la veille en compagnie de Mme Leterrier est effectivement M. Bernard NANTY, locataire en titre de l’appartement surveillé.
10 h 00 : Ouverture des stores de la baie vitrée de l’appartement. M. Nanty, torse nu, prend un café en regardant par la fenêtre. Nous apercevons la silhouette de Mme Leterrier, en peignoir bleu marine.
10 h 45 : M. Nanty et Mme Leterrier sortent de l’appartement et montent dans la Safrane. Elle porte un jean et un débardeur rose et tient à la main un sac de sport. Il porte un jean, un tee-shirt noir, et des sandales.
10 h 50 : Ils quittent la résidence.
11 h 10 : La Safrane s’arrête aux abords de la plage dite « L’andemer », sur la route de Saint-Briac. Mme Leterrier sort du véhicule et le contourne pour rejoindre M. Nanty toujours assis derrière le volant, fenêtre baissée. Ils discutent un instant (cf. photographie n°03), semblent hésiter, puis Mme Leterrier remonte dans le véhicule qui repart.
11 h 20 : La voiture s’arrête au bord d’une plage presque déserte située à moins de 2 km du lieu-dit Bois Bizet. Ils s’installent sur une grande couverture étendue sur le sable. Mme Leterrier porte un maillot de bain une pièce, noir. Ils s’embrassent plusieurs fois sur la bouche.
11 h 50 : Mme Leterrier et M. Nanty se baignent.
12 h 05 : Ils sont assis sur la couverture. Mme Leterrier a la tête posée sur l’épaule de M. Nanty. Ils regardent la mer.
12 h 20 : Ils se rhabillent et quittent la plage à bord de la Safrane.
12 h 45 : La Safrane se gare rue de Chartres, à Saint-Malo.
13 h 00 : Ils entrent dans un magasin de vêtements pour hommes. M. Nanty essaie plusieurs chemises en présence de Mme Leterrier. Ils n’achètent rien et sortent.
13 h 25 : Ils entrent dans la crêperie « Mitaine » rue des Grands-Degrés, et s’installent à une table pour déjeuner (cf. photographie n°04).
14 h 50 : Ils sortent, rejoignent la voiture et quittent les lieux.
15 h 10 : La voiture entre dans la résidence Mandragore, Mme Leterrier et M. Nanty rejoignent l’appartement de ce dernier. Ils tirent les rideaux des fenêtres donnant rue de la Pie.
16 h 15 : Mme Leterrier quitte seule l’appartement du premier étage. D’une remise dont elle a la clé, elle sort un vélo et s’en va.
16 h 35 : Mme Leterrier attache son vélo à un poteau de la rue de Chartres. Elle entre dans une pharmacie et en ressort, un sac en papier à la main. Puis elle retourne dans le magasin de confection pour hommes où elle achète une des chemises précédemment essayées par M. Nanty.
16 h 50 : Elle quitte les lieux, sur son vélo.
16 h 55 : Elle s’arrête dans une rue commerçante près de la place Vauban où elle achète des légumes et une pièce de viande.
17 h 10 : Elle quitte les lieux, sur son vélo.
17 h 25 : Elle entre dans la résidence Mandragore, range le vélo et rejoint l’appartement de M. Nanty.
18 h 30 : Mme Leterrier apparaît de temps à autre aux fenêtres donnant rue de la Pie, notamment dans la pièce située à l’extrême gauche, manifestement la cuisine.
19 h 15 : M. Nanty sort de l’appartement pour se rendre dans une cave commune à toute la résidence, et en ressort avec un carton de vin.
21 h 10 : M. Nanty ferme les volets des trois pièces principales et allume les lumières.
22 h 30 : Fin de la surveillance. Toutes les lumières sont éteintes.
23 h 00 : fin de mission.
Il relut et corrigea un mot ou deux en imaginant Rodier penché sur son épaule. Paul pensait souvent à lui depuis qu’il volait de ses propres ailes et se sentait coupable de ne pas le joindre, demander de ses nouvelles ou lui donner des siennes. Il détestait l’idée de passer pour un ingrat aux yeux d’un homme qui n’avait pas ménagé sa peine pour le former à ce métier de fou, lui éviter des tonnes d’embûches, toutes choses que Paul appréciait désormais à leur juste valeur. Rodier n’avait pas compris pour quelle raison invraisemblable Thierry avait refusé l’offre de reprendre son agence et sa clientèle. Un cadeau en or. Il était prêt à faire le maximum pour assurer le passage de relais, négocier le bail, prévenir des clients réguliers, trouver un associé, et bien d’autres choses encore.