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Il fallait au plus deux heures pour atteindre Torkham, le poste frontière. Yasmin était hors de portée. Son rôle terminé, les Soviétiques l’avaient « exfiltrée » du Pakistan.

Sayed Gui sourit à Malko.

— Cela n’a aucune importance, dit-il, nous avons fait échouer le complot soviétique. Cela vous aurait ennuyé de la tuer, n’est-ce pas… Venez, je vous emmène à l’hôpital. Votre ami vous réclame.

Il avait juste eu le temps de passer rapidement voir Krisantem qui se remettait de sa blessure avec difficulté. Par politesse, il monta dans la voiture de l’Afghan abandonnant la belle Budget climatisée. Asad, le géant aux mains moites, était à côté du chauffeur, un grand carton sur les genoux, couvert de caractères arabes à l’encre rouge.

— C’est un cadeau pour Krisantem ? demanda Malko.

Sayed Gui eut un bon sourire.

— C’est un cadeau, dit-il, mais pas pour votre ami. Vous voulez voir ?

— Je ne voudrais pas être indiscret, dit Malko.

— Je vous en prie. Je le fais parvenir au docteur Najib, à Kabul.

— Que lui envoyez-vous ? demanda Malko surpris de cette sollicitude.

Sans lui répondre, Sayed Gui se pencha, prit le carton sur ses genoux et en ouvrit le couvercle. Malko en se penchant, aperçut une boule noirâtre enveloppée dans du bull-pack.

— Nous avons eu la chance de retrouver la tête de l’homme qui s’est fait passer pour Si Ahmed, expliqua Sayed Gui. Elle ne nous est d’aucune utilité, mais peut-être le docteur Najib sera-t-il heureux de revoir son collaborateur.

Il referma le carton, ravi, et Asad éclata d’un rire tonitruant.

Malko se dit qu’il commençait à se familiariser avec l’humour pachtou : il n’avait même pas envie de vomir.