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Désormais, « Joachim » vit dans

la hantise d’être dépossédé de son sceptre. En 1812, il se bat avec sa bravoure habituelle en Russie, malgré un échec à Vinkovo (oct.), mais, pendant la retraite, il abandonne au prince Eu-gène la Grande Armée, dont il a reçu downloadModeText.vue.download 33 sur 625

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14

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le commandement après le départ de Napoléon, pour regagner Naples (janv.

1813) et négocie secrètement avec l’Autriche. La trahison est proche.

Après la bataille de Leipzig, il entre en tractation avec les Alliés, auxquels il promet 30 000 hommes moyennant son maintien sur le trône (janv. 1814).

L’Empereur s’indigne. « La trahison du roi de Naples est infâme », s’écrie-t-il lorsqu’il apprend la défection du

« traître extraordinaire ». Mais le congrès de Vienne n’est pas favorable aux ambitions de Murat. En 1815, le roi pressent que la couronne de Naples va être rendue à Ferdinand IV. Il essaie alors de soulever les Italiens (proclamation de Rimini, 30 mars), se fait battre par les Autrichiens à Tolentino (2 mai), puis se réfugie en Corse. Après Waterloo, il tente un débarquement en Calabre, mais, capturé et condamné, il est fusillé par les partisans de Ferdinand (13 oct.).

Murat à travers le Mémorial

« L’Empereur disait, au sujet du courage physique, qu’il était impossible à Murat et à Ney de n’être pas braves ; mais qu’on n’avait pas moins de tête qu’eux, le premier surtout » (4-5 déc. 1815). « Murat, sans vrai jugement, sans vues solides, sans caractère [...]. En 1814, son courage, son audace pouvaient nous tirer de l’abîme ; sa trahison nous y précipita [...]. Il était dans la destinée de Murat, disait l’Empereur, de nous faire du mal [...] Jamais à la tête d’une cavalerie on ne vit quelqu’un

de plus déterminé, de plus brave, d’aussi brillant » (7-8 févr. 1816). « Murat avait un très grand courage et fort peu d’esprit »

(14 juill. 1816).

A. M.-B.

M. Dupont, Murat, cavalier, maréchal de France, prince et roi (Hachette, 1934). / A. Valente, Giocchimo Murat e l’Italia meridionale (Turin, 1941). / J. Bertaut, le Ménage Murat (le Livre contemporain, 1958). / J. P. Garnier, Murat, roi de Naples (Plon, 1959). / G. Doria, Murat, re di Napoli (Naples, 1966).

Murcie

En esp. MURCIA, région de l’Espagne méridionale, sur la Méditerranée ; 26 175 km 2 ; 1 141 000 hab.

Constituée des provinces de Murcie et d’Albacete, la région de Murcie s’est individualisée lors de la Reconquista*

comme une marche castillane ouvrant un accès à la Méditerranée entre les royaumes de Valence et de Grenade.

C’est donc une région historique sans unité géographique.

Disposée transversalement aux

cordillères Bétiques — qui alignent en coulisses, du S.-O. au N.-E., chaî-

nons et massifs —, elle déborde largement au nord sur la Meseta, dont les monotones platitudes résultant d’un remblaiement tardif s’accidentent de rides au sud d’Albacete, la couverture du socle ayant été bousculée par les poussées bétiques. Deux traits morphologiques rendent le franchissement de cette transversale particulièrement aisé : l’existence d’un grand ensellement qui explique l’altitude modeste (1 200 à 1 500 m) des montagnes (sauf aux confins occidentaux de la région, où le Revolcadores dépasse 2 000 m) et à la faveur duquel la moyenne vallée du río Segura s’est implantée transversalement aux plis ; le morcellement des reliefs qu’isolent d’amples couloirs et seuils, particulièrement dans la partie méridionale, où de lourds massifs se dispersent au milieu de vastes plaines de remblaiement que borde au nord du cap Palos une côte à lagunes.

Le climat, chaud et franchement

aride dans les plaines méridionales qui reçoivent moins de 300 mm de pluies

par an, reste marqué par une rigoureuse sécheresse dans l’intérieur, où les reliefs sont cependant davantage arrosés et où l’amplitude thermique croissante apporte une teinte continentale qui fait transition au climat mésétain. L’aridité s’exprime dans les paysages par la considérable extension des steppes, dont l’homme n’est que partiellement responsable.

Prenant leur source dans des mon-

tagnes plus occidentales mieux arrosées, le Segura et le Guadalentín, grossis par des affluents qu’alimentent les eaux emmagasinées dans les massifs calcaires de l’intérieur, permettent, grâce à une série de barrages-réservoirs, d’irriguer de riches huertas dont les plus étendues sont celles de Murcie et de Lorca. Les cultures fruitières, agrumes principalement, abricotiers et pêchers secondairement, l’emportent largement sur les cultures de légumes (piments). En ajoutant les petits péri-mètres irrigués à partir de puits dans les plaines littorales en bordure du golfe de Mazarrón, qui se sont spécialisés dans la culture de la tomate, la surface irriguée ne couvre cependant que 12 p. 100 des terres cultivées de la province de Murcie. Or, la culture de secano est particulièrement aléatoire sous un climat aussi sec, surtout dans les plaines méridionales. La céréali-culture ne procure que des rendements dérisoires le plus souvent. Elle est gé-

néralement associée à l’arboriculture, qui résiste mieux à la sécheresse : oliviers, amandiers et caroubiers. Partout, la surface cultivée en secano régresse, les hommes désertant ces campagnes trop pauvres. Seule, la région de Ju-milla reste bien vivante : épargnée par la crise du phylloxéra, elle a développé son vignoble, dont elle tire des vins de bonne qualité.

Pour enrayer l’exode rural, on envisage de dévier des eaux du Júcar, voire

du Tage, vers la région de Murcie afin d’y étendre les surfaces irriguées ; mais ce ne sont encore que des projets âprement discutés. Une très forte émigration se dirige donc vers Barcelone et Madrid, les possibilités d’emploi dans la région étant trop limitées. Plusieurs des mines de plomb, zinc et fer situées dans les montagnes de Carthagène et de Mazarrón, après avoir connu au début du siècle une active exploitation, sont aujourd’hui fermées, faute de rentabilité, et la ville minière de La Unión compte moins de 12 000 habitants après en avoir eu plus de 30 000. Les seules industries notables sont installées à Carthagène (128 000 hab.). Fondation carthaginoise, la ville est construite au fond d’une ample baie offrant au port des conditions naturelles excellentes.

L’installation, à la fin du XVIIIe s., d’un grand arsenal lui permit de devenir le principal port militaire de la côte mé-

diterranéenne espagnole. Mais c’est aujourd’hui l’un des premiers ports de la Péninsule grâce à son port pétrolier doté d’une puissante raffinerie établie à Escombreras. Doublée par une grande centrale thermo-électrique, elle a permis la mise en place d’un complexe industriel important : chimie lourde,

métallurgie du plomb, fabrication de verre, industries alimentaires, etc.

Murcie (280 000 hab.), création

musulmane à la croisée de la route Alicante-Almería et de l’axe de la vallée du río Segura, était mieux placée pour devenir la capitale de la région ; mais elle reste avant tout le centre d’une riche huerta dont elle commercialise ou traite (dans des conserveries) les produits. Albacete, le second chef-lieu de province, situé dans l’intérieur, compte encore moins de 100 000 habitants.

R. L.

Murillo

(Bartolomé

Esteban)

Peintre espagnol (Séville 1618 - id.

1682).

S’il reste un des grands noms de

l’école espagnole, Murillo fait aujourd’hui figure de méconnu. Célèbre de son vivant presque à l’égal de Vélasquez*, recherché par les collectionneurs étrangers du XVIIIe s. et par les généraux de Napoléon — qui dépe-cèrent ses grands ensembles de Séville