La longueur du muscle ne dépend pas que de lui, mais aussi de l’extension des parties élastiques. Un sujet qui a le bras à demi plié a dans tous les cas un biceps de même longueur, quel que soit le poids que soulève sa main. Mais le tonus, avec ses conséquences (dureté du muscle, fatigue), est proportionnel au poids soulevé, c’est-
à-dire à l’extension imposée aux parties élastiques du muscle, en d’autres termes à la force de rappel.
Contraction isométrique et contraction isotonique
Un sujet qui saisit un objet lourd pour le soulever commence par élever peu à peu le tonus des fléchisseurs du bras, mais sans plier celui-ci. C’est la contraction isomé-
trique. Au moment où la force de rappel devient égale au poids à soulever, le bras commence à fléchir, mais le tonus n’augmente plus : c’est la contraction isotonique.
Le recrutement
En vue d’un effort restreint, le système nerveux ne mobilise qu’un petit nombre d’unités motrices du muscle. Ce nombre
augmente en fonction du poids à soulever ou de la résistance à vaincre. C’est le recrutement.
Relâchement de l’antagoniste
On appelle antagonistes deux muscles dont la contraction produit l’effet contraire, par exemple l’extenseur et le fléchisseur de l’avant-bras sur le bras.
L’équilibre, les postures résultent d’un certain rapport numérique entre les deux tonus antagonistes. En cas de contraction du fléchisseur, il y a normalement relâchement de l’extenseur et inversement. Seules certaines intoxications (strychnine, toxine tétanique) provoquent la contraction simultanée des antagonistes.
H. F.
J.-J. E.
G. H. Bourne, The Structure and Fonction of Muscle (New York, 1960 ; 3 vol.). / P. Chauchard, les Muscles (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1963 ; 5e éd., 1971). / J. M. Robert et P. Guibaud, la Dystrophie musculaire infantile progressive (SIMEP, Lyon, 1967). / J. Cambier, la Myasthénie (Baillière, 1968). / G. Serratrice et H. Roux, Le-
çons de pathologie musculaire (Maloine, 1968).
musée
Rassemblement d’objets de nature va-riée, artistique ou scientifique surtout, dans un lieu ouvert au public.
Introduction
Présenté comme nécessaire à toute société civilisée, le musée n’a pourtant pas toujours existé. Mais les activités qui le caractérisent en ce qui concerne les objets — regroupement en un lieu spécialisé, répertoriage, classification, conservation et restauration — étaient déjà le fait de la collection privée, dont l’origine est difficile à dater. Le musée à proprement parler, destiné au public et ouvert régulièrement, ne remonte guère, à quelques exceptions près, audelà du XVIIIe s.
Comme toute institution, le musée porte en lui sa propre contradiction : on risque de tuer la signification de l’objet en l’extrayant de son contexte. Ceux-là même qui vivaient du musée, conser-
vateurs, historiens d’art, critiques, artistes, ne tardèrent pas à dénoncer la contradiction, et cela dès le début du XIXe s. Mais cette dénonciation, reprise ces dernières années dans un style virulent qui lui non plus n’est pas nouveau, s’est accompagnée d’une analyse plus précise, nourrie d’arguments fournis par les sciences humaines, anthropologie et sociologie surtout. On avait déjà étudié la relation entre le musée et l’objet ; c’est la relation entre le musée et le public qui intéresse plus encore l’opinion contemporaine. Un fait est indiscutable : l’étonnante prolifération des musées depuis un quart de siècle.
Il en existe environ 12 000 dans le monde, répartis pour la grande majorité dans les pays riches ; les États-Unis arrivent en tête avec 6 000 musées.
La collection et les
origines du musée
Le musée procède de deux antécé-
dents : le trésor et la collection. Le premier remonte aux origines religieuses de l’humanité. La collection, plus ou moins ouverte au public, ne nous est guère connue avec précision qu’à partir de l’époque hellénistique.
Son prestige retentit dans la littérature gréco-latine, mais elle cède le pas au trésor pendant le Moyen Âge, époque à laquelle la pure délectation esthétique ne se concevait guère et où l’objet d’art avait presque toujours une fonction religieuse.
L’Antiquité
Les Attalides, rois de Pergame, avaient réuni dans leur moderne capitale quantité de statues ou peintures ; les copies d’oeuvres célèbres étaient alors aussi appréciées que les originaux. On a noté les ressemblances de cette civilisation hellénistique* avec la nôtre : la menace qui pesait sur elle se tradui-sait, entre autres signes, par le goût de l’archaïsme et les débuts d’une réflexion sur l’art. Ces prémices de l’histoire de l’art grec étaient résumées dans le Canon de Pergame, sorte de guide qui forma le goût des amateurs romains. Dès cette époque, l’existence des collections entraîna celle des courtiers, vrais rabatteurs d’objets rares au service des princes. Le prix attaché
aux oeuvres d’art en faisant un butin militaire de choix, le problème de la conservation se posait avec urgence : l’Heroeon d’Alexandrie, autre grand centre des collections hellénistiques, servit de dépôt de sculptures lorsque la ville fut menacée en 174.
Chez les Romains, la possession
d’objets d’art était signe de richesse ou récompense militaire. Les pierres taillées excitaient particulièrement les convoitises, mais aussi les peintures, pour lesquelles furent élevées les premières pinacothèques, dont certaines étaient publiques ; Vitruve recommandait de les construire au nord, pour préserver la vivacité des couleurs. L’opinion était sensible à la présence d’oeuvres de sculpture sous les portiques ; Tibère fut sévèrement blâmé d’avoir retiré quelques-uns de ces chefs-d’oeuvre de la vue du peuple pour en orner ses appartements.
Pour la chrétienté médiévale, le seul passé qui compte vraiment est celui du christianisme, et les grands trésors des sanctuaires comprennent d’abord des reliquaires. Pourtant, parmi les princes fastueux et les grands bourgeois du Moyen Âge finissant se dessine une physionomie déjà moderne du collectionneur. Jean de France, duc de Berry*, en est un bon exemple, non seulement par l’étendue et la variété de ses collections, mais aussi par une attitude d’esthète et des exigences scientifiques. Joyaux, pierres précieuses, camées, monnaies, tapisseries, broderies, tableaux furent inventoriés à partir de 1413 plus complètement que ne le furent les collections des Médicis au milieu du XVIe s. Leur description dé-
passe l’énoncé de la matière, du sujet, downloadModeText.vue.download 38 sur 625
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14
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du prix, pour atteindre la classification des techniques et des styles.
Les témoignages de l’Antiquité,
transmis par le Moyen Âge avec une ignorante vénération, devinrent dès le trecento l’objet d’une investigation passionnée. Et ce n’est pas dans
le seul dessein de thésauriser que les érudits créèrent des cabinets de curiosités, d’antiquités ou de portraits : ils procédaient ce faisant à une recherche de leur propre identité, de leurs racines culturelles. La première mention que l’on connaisse d’un cabinet d’antiques date de 1335. Un citoyen de Trévise avait acheté à Venise, intermédiaire entre Byzance et l’Italie, des manuscrits des grands écrivains latins, des médailles, intailles, verres, bronzes, statues, parmi lesquelles est soulignée la présence d’« hommes nus ». La
prise de Byzance par les Turcs en 1453
provoqua un nouvel afflux d’antiquités vers l’Occident : l’inventaire de la collection du pape Paul II, en 1477, le prouve.
La Renaissance
Pour les Romains, l’artiste n’était qu’un histrion. Qu’il connût à la Renaissance l’ascension sociale que l’on sait n’est pas indifférent à l’évolution des collections. Mantegna, Dona-tello, Raphaël, pour ne citer qu’eux, jouèrent le rôle de conservateurs, de restaurateurs et d’experts auprès de leurs princes. À la valeur marchande de l’oeuvre, à sa valeur de prestige s’ajoute une valeur d’exemple : objet d’étude, l’oeuvre d’art doit être choisie avec le soin le plus scrupuleux. En France, où François Ier fut le premier roi grand collectionneur, le Primatice fut chargé des mêmes fonctions que ses glorieux aînés en Italie.