dans les églises d’Italie », écrit André Malraux. Ce point de vue a influencé la présentation de certains musées, où l’oeuvre est entourée d’une mise en scène accentuant son mystère. Mais, pour les animateurs d’avant-garde (qui n’aiment guère le nom de « conservateurs »), le musée devrait être forum plus que temple. Ce qui est moins facile à réaliser qu’il n’y paraît. L’architecture, dans cette perspective, doit cesser d’imposer de trop lourdes contraintes.
L’équipement, l’animation, le gar-diennage, les liaisons avec l’extérieur doivent être adaptés à de nouvelles conceptions. Il faut signaler, à ce point de vue, les remarquables réalisations de certains musées hollandais et suédois.
En France, les efforts du Centre national d’art contemporain (C. N. A. C.), ceux de nombreux musées de province vont dans le même sens. Cependant, sur l’opportunité de telles tentatives, le personnel de direction des musées est pour le moins partagé.
Dénoncés par certains comme ou-
tils de propagande politique, servant le prestige des puissances d’argent lorsqu’ils dépendent d’elles, compromis avec le marché de l’art, les musées, sanctuaires d’une culture contestée, continuent de se multiplier. Il faut dire que beaucoup des critiques qui leur sont adressées viennent d’une intelligentsia blasée ou d’artistes empressés à se faire admettre dans les panthéons qu’ils décrient. Le non-public, et pour cause, ne donne pas souvent son avis.
Le musée apparaît, en dernière analyse, comme indissociable de la civilisation actuelle, des concepts de culture et d’oeuvre d’art qu’elle a sécrétés. Il n’est pas interdit d’imaginer le musée de l’avenir — ouvert sur l’extérieur, assorti d’ateliers de création, disposant de techniques d’animation sans être dominé par elles — comme un véritable lieu de communication.
E. P.
F Art / Exposition / Monuments historiques.
A. Malraux, le Musée imaginaire (Skira, Genève, 1947). / L’Organisation des musées.
Conseils pratiques (Unesco, 1959). / L. Benoist, Musées et muséologie (P. U. F., coll. « Que sais-
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gration et (ou) subversion (Casterman, 1972).
On consultera également la revue Museum, downloadModeText.vue.download 40 sur 625
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14
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publiée depuis 1948 par l’ICOM (International Council of Museums) sous les auspices de l’Unesco.
musical
(enseignement)
« Que les enfants apprennent les
psaumes, le solfège, le chant, le calcul et la grammaire. » Charlemagne,
concevant les programmes scolaires à l’aube du IXe s., considérait déjà la musique, et plus particulièrement le chant, comme nécessaire à une éducation harmonieuse et équilibrée. Un peu plus tard, les universités médiévales enseignent le Quadrivium : arithmé-
tique, géométrie, astronomie, musique, assimilant ainsi cette dernière aux disciplines scientifiques.
Introduction
L’enseignement musical s’organise en Europe dès cette époque lointaine. Il va se perpétuer jusqu’à nous, malgré quelques vicissitudes. Tout au long de l’Ancien Régime, ce sont essentiellement les maîtrises des cathédrales qui formeront de simples chantres... ou des musiciens de génie. La Révolution supprime ces maîtrises, et l’enseignement musical se trouve totalement, mais provisoirement, désorganisé. Après ce grand bouleversement, le XIXe s. va voir
l’établissement progressif d’un enseignement musical qui s’est développé sur trois niveaux.
On introduit la musique dans les
horaires des lycées et dans ceux des écoles de la Ville de Paris. La scolarité obligatoire permettra de répandre davantage la musique dans l’ensemble de la population.
Les Conservatoires de Paris et des principales villes de province forment les musiciens professionnels.
Parallèlement, un enseignement
privé s’est créé peu à peu. Au XIXe s., des sociétés chorales, dites « or-phéons », des harmonies et des fanfares ont contribué à la formation musicale de leurs adhérents.
Un siècle plus tard, qu’est devenu cet enseignement ? La réponse à cette question semble quelque peu délicate et complexe, car le vent de la réforme qui souffle actuellement sur l’enseignement général agite aussi la musique, et il faut attendre quelque temps encore l’accomplissement total de l’oeuvre des réformateurs. Mais une constatation s’impose au premier chef : l’idée directrice de cette réforme est de permettre au plus grand nombre possible de jeunes, et même de moins jeunes, d’aimer la musique et d’en faire.
L’enseignement primaire
y L’école maternelle. La musique
fait partie des activités quotidiennes, sous forme de chants souvent mimés et d’exercices rythmiques. Il s’agit là non pas d’instruire, mais de développer le sens mélodique et rythmique potentiellement présent chez l’enfant, d’obtenir une meilleure coordination des mouvements et aussi de créer un climat de joie chez les petits.
y L’école primaire. L’entrée à l’école primaire marque, en principe, le début d’une instruction musicale proprement dite. Les programmes scolaires laissent à la musique le temps de 1 h 15 par semaine, presque toujours à la charge de l’instituteur. Mais bien que ce dernier ait reçu (s’il est nor-malien) une formation lui permettant,
théoriquement, d’assurer l’heure de musique, il se borne souvent, dans le meilleur des cas, à apprendre des chants à ses élèves. Certains, cependant, font écouter des disques, dont la présentation leur est facilitée par quelques ouvrages d’initiation.
y Les centres musicaux ruraux. Certaines communes rurales, désirant donner à leurs enfants des classes primaires une instruction musicale plus complète, font appel aux professeurs de musique formés par les centres musicaux ruraux, subventionnés par le ministère de l’Agriculture et celui des Affaires culturelles. Les professeurs issus de ces centres sont répartis dans les communes qui en font la demande et qui les rétribuent. Les homes d’enfants, les maisons de la culture font aussi quelquefois appel à eux.
y La Ville de Paris. Elle a, depuis 1833, doté ses écoles primaires de professeurs de musique ; en 1948, l’ensemble du département de la Seine recevait également l’enseignement de ces professeurs. Cependant, l’éclatement de ce département et la suppression du recrutement ont amené l’extinction progressive et l’intégration de ce corps d’enseignants au cadre de l’État. Le décret d’intégration (sept.
1970) les assimile aux professeurs des lycées et des collèges d’enseignement secondaire (C. E. S.), mais leur interdit désormais d’enseigner dans les classes primaires. Cette solution est regrettable, parce que régressive.
Il conviendrait que tous les enfants reçoivent une éducation musicale
sérieusement dirigée, à l’âge où la réceptivité, la disponibilité, la spontanéité sont les plus grandes, c’est-à-