L’alternance du parlé et du chant devait être peu à peu abandonnée dans ce domaine, qui débordait toujours plus ou moins sur l’opéra. L’étranger s’était mis à la remorque de la France. Johann Strauss* se consacra à l’opérette selon les conseils d’Offenbach, à qui Smetana* déclarait avoir voulu « damer le pion » en composant sa Fiancée vendue (1866), le seul ouvrage lyrique qui ait franchi les frontières de la Bohême : cette réussite dans le genre léger, que devait confirmer le Baiser (1876), ne fut pas égalée par les opéras-comiques du Hongrois Ferenc Erkel (1810-1893)
[Sarolta] ou du Polonais Stanisław Moniuszko (1819-1872) [Hrabina], ni par les oeuvres légères allemandes ou autrichiennes de la seconde moitié du XIXe s., dont certaines, comme celles
de Franz von Suppé (1819-1895), pour une large part tributaires d’Auber, connurent une vogue mondiale.
Au seuil du XXe s., l’opéra-comique s’est plus ou moins confondu avec l’opérette, prenant souvent le nom de comédie musicale et optant pour un discours plus ou moins continu, qui n’excluait pas pour autant les morceaux parfaitement « détachables ».
Puis il revint dans les années 20 à l’ancienne coupe en morceaux séparés.
Éprouvant, sans doute, quelques difficultés à se renouveler, il se borna, en France surtout, à une littérature du pastiche (Du style galant au style méchant, opéras bouffes minutes de Germaine Tailleferre). Il eut pourtant ses chefs-d’oeuvre, comme le Petit Navire (1951) de Germaine Tailleferre.
F. R.
F Opéra / Opéra bouffe / Opérette / Singspiel.
G. Cucuel, les Créateurs de l’opéra-comique français (Alcan, 1914). / P. Druilhe, Monsigny (la Colombe, 1956). / J.-F. Paillard, la Musique française classique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1960 ; 3e éd., 1973).
opérateurs de
cinéma
Techniciens chargés de la prise de vues d’un film.
En studios comme en extérieurs,
le chef opérateur (ou directeur de la photographie) est le technicien à qui incombe notamment l’éclairage des décors et des personnages d’un film. Il est également chargé du cadrage et de la composition plastique des images en accord avec le metteur en scène. D’une façon générale, il dirige une équipe comprenant : le premier opérateur (ou cadreur, ou encore cameraman), qui assure le réglage de la caméra selon les indications du metteur en scène et du chef opérateur ; l’assistant (ou poin-teur, ou encore deuxième opérateur), qui surveille la mise au point selon les déplacements de la caméra et des comédiens ; le second assistant, qui est responsable du chargement de la pellicule et des travaux de laboratoire ; les travellingmen, enfin, qui poussent le chariot de la caméra en fonction des
désirs du metteur en scène.
La composition d’une telle équipe n’est pas fixe et dépend en grande partie du budget du film en tournage. De même, le rôle du chef opérateur est plus ou moins important suivant que le metteur en scène a (ou n’a pas) des idées précises sur la qualité particulière qu’il veut donner aux images de son film.
Si les premiers opérateurs de cinéma se contentèrent d’enregistrer sur la pellicule ce qu’on leur demandait de montrer, le statut de directeur de la photographie se modifia sensiblement par la suite. C’est ainsi que les films de la période expressionniste et post-expressionniste du Cabinet du docteur Caligari à l’Ange bleu furent avant tout des films d’opérateurs, l’éclairage de ces oeuvres étant de première importance quant à leur atmosphère. Plus tard, les grands studios de Hollywood imposèrent aux chefs opérateurs qu’ils avaient sous contrat un style propre à différencier un film issu de la Metro-Goldwyn-Mayer d’une bande produite par Paramount. De même, la plupart des grandes vedettes, surtout les co-médiennes, eurent leur directeur de la photographie attitré, qui savait être incomparable pour la mise en valeur d’un profil, d’une mèche de cheveux, d’un regard. Ainsi, le mythe de Marlène Dietrich, celui de Garbo doivent beaucoup à Lee Garmes et à Bert
Glennon pour la première, à William Daniels pour la seconde. Peu à peu, tel chef opérateur devint recherché pour ses qualités intimistes, tel autre pour son sens de l’espace en extérieurs, si bien que, parallèlement au progrès de la prise de vues, de la précision des objectifs, de la rapidité de la pellicule, les directeurs de la photographie ont progressivement quitté le terrain obscur de l’artisanat pour devenir les principaux collaborateurs des metteurs en scène (quand ils n’indiquent pas eux-mêmes la place de la caméra lorsque le réalisateur se désintéresse de la technique plastique pour se consacrer, par exemple, au travail avec les acteurs).
Certains d’entre eux, parmi lesquels il faut citer Rudolph Maté aux États-Unis, Raoul Coutard en France, Jack Cardiff et Guy Green en Angleterre, ont d’ailleurs abordé la mise en scène.
J.-L. P. et M. G.
Great Cameramen, numéro spécial de la revue Focus on Film (Londres, 1972).
Les grands chefs
opérateurs du cinéma
mondial
Philippe Agostini, chef opérateur français (Paris 1910) : Douce (1943, C. Autant-Lara), les Dames du bois de Boulogne (1944, R. Bresson), le Plaisir (1951, M. Ophuls, avec la collaboration de C. Matras).
Aldo Graziati dit G. R. Aldo, chef opérateur italien (Scorze, prov. de Tré-
vise, 1902 - Albara di Rianiga, prov. de Padoue, 1953) : Umberto D. (1952, V.
De Sica), Senso (1953, L. Visconti), Sta-zione Termini (1953, V. De Sica).
Henri Alekan, chef opérateur français (Paris 1909) : la Belle et la Bête (1946, J. Cocteau et R. Clément), Juliette ou la Clef des songes (1950, M. Carné), Austerlitz (1960, A. Gance), Deux Hommes en fuite (1970, J. Losey).
Nestor Almendros, chef opérateur
français (1930) : la Collectionneuse (1966, E. Rohmer), Ma Nuit chez
Maud (1968, E. Rohmer), More (1969, B. Schroeder), l’Enfant sauvage (1969, F. Truffaut), l’Amour l’après-midi (1972, E. Rohmer), la Gueule ouverte (1974, M. Pialat), la Marquise d’O
(1975, E. Rohmer).
John Alton, chef opérateur américain (1901) : le Livre noir (1949, A. Mann), Un Américain à Paris (1951, V. Minnelli), Elmer Gantry le charlatan (1960, R. Brooks).
János Badal dit Jean Badal, chef opé-
rateur français d’origine hongroise (Budapest 1927) : Playtime (1967, J. Tati).
Lucien Ballard, chef opérateur amé-
ricain (1908) : Berlin Express (1948, J. Tourneur), Ultime Razzia (1956, S. Kubrick), la Chute d’un caïd (1960, B. Boetticher), Will Penny, le solitaire (1968, T. Gries), la Horde sauvage (1969, S. Peckinpah), Guet-apens
(1972, S. Peckinpah).
George Barnes, chef opérateur américain (1893 - Hollywood 1953) : Chercheuses d’or 1935 (1935, B. Berkeley), Rebecca (1940, A. Hitchcock), le Retour de Franck James (1940, F. Lang).
Johann Gottlob Wilhelm Bitzer dit Billy Bitzer, chef opérateur américain (Roxbury, Massachusetts, 1872 - Hollywood 1944) : films de D. W. Griffith, dont Naissance d’une nation (1914) et Intolérance (1916).
Jean Bourgoin, chef opérateur fran-
çais (Paris 1913) : Dédée d’Anvers (1947, Y. Allegret), Mon oncle (1958, J. Tati).
Robert Bronner, chef opérateur américain : Traquenard (1958, N. Ray).
Léonce Henri Burel, chef opérateur français (Indret 1892) : Napoléon (1926, A. Gance), le Journal d’un curé de campagne (1950, R. Bresson), Pick-pocket (1959, R. Bresson), le Procès de Jeanne d’Arc (1962, R. Bresson).
Robert Burks, chef opérateur américain (1910 - Newport Beach, Californie, 1968) : la Garce (1949, K. Vidor), l’Inconnu du Nord-Express (1951,
A. Hitchcock), Fenêtre sur cour (1954, A. Hitchcock), l’Orchidée noire (1958, M. Ritt), les Oiseaux (1963, A. Hitchcock), Pas de printemps pour Marnie downloadModeText.vue.download 509 sur 625