braux. Sous forme de chlorhydrate, elle est employée dans le traitement des spasmes du tube digestif et des toux spasmodiques.
3. La narcotine est le deuxième alcaloïde de l’opium par sa teneur, mais son intérêt thérapeutique est faible.
Dérivés et succédanés
de la morphine
Pour renforcer l’action analgésique
de la morphine et surtout pour réduire ses effets secondaires gênants, on a été amené à modifier légèrement sa formule, ce qui a conduit à de nouveaux corps, dont les plus importants sont l’héroïne et l’oxycodone. Pour les mêmes raisons et dans le dessein de se libérer de la nécessité de partir de l’opium, on a créé des corps entièrement synthétiques, qui tendent à se substituer aux produits naturels : ce sont surtout la péthidine et le dextromoramide.
L’héroïne, ou diacéthylmorphine,
qui était utilisée sous forme de chlorhydrate, est une poudre cristalline blanche, de saveur amère. Elle possède des propriétés analgésiques et dépressives identiques à celles de la morphine, mais sous une forme plus brutale, et sa toxicité est également plus grande. Son emploi thérapeutique est maintenant interdit, car il provoque une toxicomanie aux effets désastreux.
L’oxycodone, ou dihydroxycodéi-
none, est un antalgique puissant, souvent préféré à la morphine, car moins vomitif et moins nauséeux.
La péthidine, synthétique, est employée en chirurgie et contre les douleurs violentes ou paroxystiques.
Le dextromoramide, également syn-
thétique, peut être employé par voie buccale (comprimés) ou en injections parentérales. Excellent sédatif de la douleur, il est, comme les produits précédents, inscrit au « tableau B »
(stupéfiants).
Emploi médical
de l’opium
L’opium a une certaine importance en médecine, car c’est de lui que l’on retire la morphine, produit analgésique et stupéfiant facilement transformé en héroïne.
Toutefois, l’utilisation de dérivés et de succédanés de la morphine permet d’espérer un remplacement progressif de celle-ci par ceux-là. De l’opium, on retire aussi la codéine, qui provoque une faible accoutumance, et la papavé-
rine, qui n’en provoque pas.
L’opium est utilisé comme sédatif, comme narcotique et particulièrement comme antidiarrhéique, l’une des formules les plus classiques étant le laudanum, ou teinture d’opium.
L’absorption de quantités impor-
tantes d’opium provoque un état de sommeil, et, selon les doses de morphine ingérées, on peut observer un coma et même un arrêt respiratoire par action directe paralysante sur le centre bulbaire respiratoire.
Consommation non
médicale de l’opium,
ou opiomanie
L’emploi de l’opium en vue d’atteindre un état d’euphorie est la base de la toxicomanie. La plupart du temps, la consommation se fait par absorption digestive, surtout en Iran et en Inde, ou par fumées, comme en Extrême-Orient, en Indonésie, en Inde, et maintenant au Moyen-Orient, en Europe occidentale et en Amérique du Nord. (Aux États-Unis, 30 p. 100 des toxicomanes sont des opiomanes.)
L’opium est consommé sous de mul-
tiples formes :
— opium brut, pâte rouge et irritante ;
— chandoo, obtenu à partir du latex séché, qui est malaxé et bouilli dans l’eau, puis évaporé et filtré (700 g d’opium donnent 500 g de chandoo) ;
— dross, résidu bouilli des pipes déjà fumées (7 p. 100 de la morphine initiale se trouvent dans ce résidu). Cet opium « du pauvre » a une toxicité éle-vée, car il est très riche en morphine.
La toxicomanie à l’opium s’entoure d’un rituel précis : la longue pipe est chauffée sur la braise ; le fragment d’opium, placé sur une aiguille, est desséché à la flamme et introduit dans le fourneau lorsqu’il grésille ; le sujet aspire la fumée et la rejette lentement par courtes expirations. Une pipe contient 0,25 g d’opium. Un petit fumeur fume de 10 à 20 pipes par jour, un fumeur moyen de 20 à 50, et un grand fumeur peut dépasser 100 pipes et inhale environ un dixième de la morphine totale.
L’opium peut être mangé sous forme de pilules contenant du datura et du kif (chanvre indien). Il peut être bu, inclus
dans le sirop de dross avec le safran et la cannelle. En Occident, l’opiophagie à la teinture d’opium (laudanum, élixir parégorique) est fréquente. Toute la morphine contenue dans ces préparations étant absorbée, l’effet toxique de l’opiophagie est supérieur à celui de la pipe.
Les premières pipes laissent une
impression désagréable (vomisse-
ments, nausées), à moins que l’on ne reste plusieurs heures immobile. Après quelques pipes, le sujet s’adapte et ressent une joie béate et voluptueuse ; il devient indifférent aux soucis habituels. L’imagination et les aptitudes artistiques sont exaltées, mais il n’y a pas d’hallucinations. Cette euphorie et ce sentiment de paix font que l’opiomane est calme, sociable et accepte de rencontrer d’autres fumeurs.
Le nombre de pipes augmentant, la mémoire baisse, la résistance morale fléchit, la volonté s’altère. L’humeur est triste, variable avec irritabilité. Si la dose absorbée reste moyenne, aucun phénomène toxique n’apparaît. Dans le cas contraire, la déchéance psychique et physique s’accentue, associée à une aboulie et à une dénutrition grave. Les organes des sens s’altèrent : le goût diminue, les papilles de la langue s’atrophient. Le rythme respiratoire diminue. La somnolence est permanente, et l’onirisme important.
Les fonctions glandulaires s’altèrent : la salive diminue, la langue est sèche, la peau est plissée et sèche, avec réactions eczémateuses et urticariennes, et les spasmes pyloriques sont fréquents, avec nausées. Le sujet est constipé. Les glandes endocrines ont un fonctionnement perturbé, qu’il s’agisse de la thyroïde, des gonades ou des surrénales.
Les organes génitaux s’atrophient ; il existe une oligospermie ou une amé-
norrhée. La libido disparaît ou s’altère.
Le terme ultime sera une cachexie ir-réversible. La toxicomanie à l’opium downloadModeText.vue.download 518 sur 625
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14
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provoque une accoutumance marquée, un état de besoin extrêmement intense.
Production, commerce et trafic de l’opium
Le trafic de l’opium est l’un des trafics illégaux les plus importants de l’époque actuelle, mais il est habituellement réalisé sous la forme de morphine base, extraite de l’opium. Il en est fait état dès le XVIIIe s.
en France, mais à titre d’indication géographique et en signalant surtout les pays du Moyen-Orient. En 1839, les puissances étrangères imposèrent à la Chine l’importation d’opium, ce qui conduisit à une guerre dite « de l’Opium » entre la Grande-Bretagne et la Chine. Une seconde guerre de l’opium, quinze ans après, aboutit à la légalisation de la culture de l’opium en Chine et de son importation de l’Inde vers la Chine, qui ne fut abrogée qu’en 1906. En 1909, Theodore Roosevelt proposa une première étude internationale, qui fut reprise par la Société des Nations et aboutit à la Convention des drogues narcotiques des Nations unies. L’Organe international de contrôle des stupéfiants (O. I. C. S.), dont le siège est à Genève, contrôle et évalue les besoins du monde en stupéfiants, tout particulièrement en opium. Cet organisme a été créé pour l’application des accords internationaux qui se succédèrent de 1912
à 1961. Le protocole signé à New York en 1953 vise à définir les besoins réels pour raisons médicales et scientifiques, et à limiter et à réglementer la culture du pavot ainsi que la production, le commerce international, le commerce en gros et l’emploi de l’opium.
P. C. et E. F.
F Papavéracées / Stupéfiant / Toxicomanie.