de l’oxygène ainsi que de nombreuses raies de l’azote et de certains de ses oxydes. Ces émissions ont lieu à des altitudes situées entre 100 et 600 km.
Elles sont le résultat des interactions entre les particules électrisées (notamment les électrons) qui déferlent sur l’ionosphère et la haute atmosphère, et les molécules neutres qu’elles y rencontrent. On a aussi trouvé des raies de l’hydrogène, notamment Hα (6563 Å) et Hβ (4861 Å), dans ce que l’on a appelé des aurores à protons.
Phénomènes auroraux
On désigne ainsi des manifestations optiques — parfois de luminosités très faibles — rappelant celles des aurores, mais de formes et de localisation géographique différentes. Signalons en particulier les « arcs rouges » de Daniel Barbier, qui forment une double ceinture mondiale de part et d’autre de l’équateur magnétique, à faible
latitude.
E. S.
Deux savants
Kristian Birkeland, physicien norvé-
gien (Oslo 1867 - Tōkyō 1917). Il a élucidé le mécanisme des aurores polaires et développé une théorie cosmogonique fondée sur le magnétisme solaire.
Earl Størmer, physicien norvégien (Skien 1874 - Oslo 1957). Il a étudié le mouvement des particules électrisées dans le champ magnétique terrestre et édifié une théorie mathématique des aurores polaires.
S. I. Akasofu, Polar and Magnetospheric Substorms (New York, 1968). / A. Omholt, The Optical Aurora (Berlin, 1971).
Oran
V. d’Algérie, sur la Méditerranée.
Population et histoire
Deuxième ville d’Algérie, chef-lieu de wilaya (département), Oran est une des plus importantes métropoles du Maghreb. Elle comptait 325 000 habitants au dernier recensement en 1966. Actuellement, sa population doit avoisiner 400 000 habitants.
Comme celle de presque toutes les villes du littoral méditerranéen, l’histoire d’Oran semble liée autant aux influences de l’extérieur qu’à celles de la région à laquelle elle s’adosse.
Fondée au Xe s., la cité a été à plusieurs reprises sous tutelle espagnole avant 1792 ; c’était un préside, un point d’appui militaire et commercial des Ibériques au-delà de la Méditerranée.
De la fin du XVIIIe s. jusqu’à la conquête française, la ville fut la capitale du bey-lik turc de l’Ouest, gouvernant de loin un territoire s’étendant des rives de la Méditerranée au Sahara. Soumise aux Français dès 1831, elle devint alors le principal point d’appui de la colonisation dans l’ouest de l’Algérie. D’une modeste cité de moins de 30 000 habitants, elle se mua très rapidement en une imposante métropole, dont la population bondit de 33 000 habitants en 1866 à 106 000 en 1906, à 205 000
en 1936, à 312 000 en 1954, à la veille de la guerre d’indépendance, et à environ 450 000 en 1962. Le peuplement européen joua un rôle prépondérant pendant plus d’un siècle. Depuis la conquête jusqu’en 1954, la population européenne fut constamment supé-
rieure à celle d’origine algérienne, et, à la veille de l’indépendance, Oran comptait encore plus de 200 000 Européens parmi ses habitants. Dans ce downloadModeText.vue.download 525 sur 625
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14
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peuplement européen se retrouvait l’influence de l’Espagne, toute proche. Les Espagnols, en effet, fournirent une partie importante des effectifs de l’émigration vers Oran et l’Oranais. Oran se trouve à moins de 200 km des côtes d’Espagne. La plus européenne des métropoles de l’Algérie française se parait souvent de couleurs et d’accents ibériques. En un singulier mouvement de retour, le départ des Européens en 1962 a contribué à la création autour d’Alicante, en Espagne, d’une colonie de rapatriés de l’Oranais. Longtemps insouciante des réalités de l’Algérie contemporaine, la ville d’Oran subit avec rage et passion les dernières secousses de la guerre d’indépendance, l’affrontement sanglant des communautés européenne et musulmane ainsi que la mutation la plus importante depuis sa fondation avec le départ massif des Européens.
Cependant, elle ne fut jamais exclusivement européenne dans la composition de sa population. L’immigration de travailleurs ou de ruraux déracinés a constamment élevé la proportion de la population algérienne. Les Algériens n’étaient que 3 000 en 1866 (moins de 10 p. 100 des effectifs de la ville) ; ce taux n’a cessé de progresser, jusqu’à 24 p. 100 en 1936 (50 000 Algériens), 42 p. 100 en 1954 (130 000) et plus de 50 p. 100 à la veille de l’indépendance (plus de 200 000). Ainsi, par l’afflux des pauvres en provenance des campagnes, par la population des quartiers périphériques des Planteurs, de la Nouvelle Médina, de Médioni, de Lamur, des bidonvilles, dont le dénue-
ment contrastait avec les spéculations orgueilleuses du centre européen, par l’investissement de la cité par la cité elle-même, Oran, avant l’indépendance, était-elle déjà devenue une ville algérienne. La rupture de 1962 n’a fait que précipiter une évolution déjà dessinée. La vitalité démographique de la population musulmane, associée à la puissance de l’immigration intérieure, a presque comblé les vides laissés par les Européens. Cependant, à la différence d’Alger, Oran n’a pas encore retrouvé les chiffres de population de 1960-1962 (de 430 000 à 450 000 habitants).
Région et fonctions
Rude mutation. Animée et dirigée
par des capitaux privés européens, la ville des années 1950-1960 assurait la liaison administrative et surtout commerciale entre une métropole exté-
rieure et une terre colonisée. Enfiévrée par l’afflux de la population, par les
« affaires » industrielles et commerciales, par la spéculation immobilière, elle vivait de son port et de ses industries, de ses liaisons avec la France et avec un arrière-pays de création coloniale animé par la viticulture. Les relations et les activités de la ville et de la région doivent se reconstruire sur de nouvelles bases.
Le port a une importance réduite
pour les trafics des passagers et des marchandises diverses (1,9 Mt). C’était jadis le grand port d’exportation des vins vers la France. Bien abrités vers l’ouest par le promontoire du djebel Murdjajo et par une rangée de digues, ses bassins se relient à un réseau de routes et de voies ferrées qui desservent tout l’Ouest algérien, particulièrement les plaines viticoles du Sahel d’Oran et de Mostaganem, les bassins intérieurs de Tlemcen, de Sidi-bel-Abbès et de Mascara, les plateaux plus lointains et plus arides de Saida et du Sersou.
Aussi, le port exporte-t-il toujours principalement des produits agricoles et alimentaires (exportations : 0,8 Mt), alors qu’il importe surtout des produits d’équipement nécessaires à l’industrialisation de la région (importations : 1,1 Mt). À cette activité, il convient d’ajouter : le trafic de l’aéroport de La
Senia, le deuxième d’Algérie, mais très loin derrière Alger (100 000 arrivées et départs en 1969) ; les possibilités militaires qu’offrent la rade et les installations de Mers el-Kébir, abritées derrière le djebel Santon ; enfin, des pêcheries, en déclin. Cependant, les petits ports de l’Oranais (Ghazaouet, Beni-Saf, Oran, Arzew, Mostaganem) continuent d’assurer plus de la moitié des prises des modestes pêcheries algériennes.
L’industrialisation avait été trop longtemps limitée au conditionnement ou à la transformation de produits alimentaires, particulièrement du vin.