1. L’observation du tympan, ou otoscopie, est effectuée à l’aide d’un spé-
culum d’oreille en forme d’entonnoir et d’un éclairage axial représenté en pratique par le miroir de Clar.
2. L’étude de l’audition se fait par acoumétrie ou par audiométrie*.
3. L’examen vestibulaire est effec-tué à partir de l’observation de signes spontanés : à l’état normal, il n’existe pas de nystagmus spontané, ni de dé-
viation segmentaire des membres, ni de tendance à la chute. Au contraire, en cas d’atteinte vestibulaire, on peut mettre en évidence un nystagmus,
une déviation des index lorsque le sujet étend les bras devant lui et une tendance à la chute orientée (signe de Romberg). L’excitation du labyrinthe peut être réalisée essentiellement par les épreuves caloriques et giratoires.
L’épreuve calorique consiste à refroidir ou à réchauffer le labyrinthe par introduction d’eau froide ou chaude dans le conduit auditif externe. La réponse à cette stimulation est étudiée surtout au niveau oculaire (fréquence et durée du nystagmus). L’épreuve giratoire étudie downloadModeText.vue.download 552 sur 625
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14
7995
l’effet de la rotation du sujet placé sur un fauteuil tournant. L’électronystag-mographie permet l’enregistrement du nystagmus. Elle est fondée sur l’existence d’un champ électrique périoculaire créé par le dipôle électrique. Les variations de ce champ électrique, dues aux déplacements de l’oeil, sont recueillies par des électrodes cutanées périorbitaires, amplifiées et inscrites sur papier millimétré. Outre un document objectif, cette méthode fournit des éléments d’étude à partir non seulement de la fréquence, mais de la forme et de l’amplitude de la courbe obtenue.
4. La radiographie et la tomographie, enfin, complètent le bilan nécessaire à l’étude des affections de l’oreille et constituent la « radio-otologie ».
Diverses incidences peuvent être étu-diées. Elles renseignent sur la caisse du tympan, les cavités mastoïdiennes et le conduit auditif interne. Les tomographies selon certaines de ces incidences permettent une analyse plus poussée d’une région de structures fines et dissimulées dans la masse du rocher.
Pathologie de l’oreille
Les affections de l’oreille peuvent inté-
resser l’une ou l’autre des parties qui la composent. Au niveau de l’oreille interne, la cochlée et le vestibule sont parfois affectés séparément, mais peuvent aussi réagir parallèlement à une agression, quelle qu’en soit la nature. Enfin, il est habituel de rattacher aux affections de l’oreille proprement dite les atteintes du nerf auditif.
Les symptômes
Quelle que soit l’affection en cause et en dehors de l’atteinte exclusive du pavillon, les symptômes sont assez univoques, tandis que leur association peut orienter d’emblée l’examen clinique et le diagnostic.
1. La surdité représente l’élément essentiel de toute atteinte de l’oreille. Il importe d’en préciser le type (perception ou transmission) par acoumétrie et par audiométrie ainsi que le degré.
2. Les bourdonnements, ou acouphènes, sont des bruits anormaux perçus par le sujet de façon continue ou discontinue. Ils peuvent prendre tous les types : sifflements, chuinte-ments, tintements. Ils témoignent, en règle générale, d’une sollicitation anormale des cellules sensorielles, dont l’origine peut être très diverse, et se situent à tous les niveaux de l’oreille.
Les bourdonnements subjectifs sont perçus par le sujet exclusivement et n’ont pas d’expression perceptible par un observateur. À l’opposé, les bourdonnements objectifs ne sont que la perception auditive de bruits anormaux extra-auriculaires, émis ou transmis au niveau de l’oreille, mais accessibles à l’examen (auscultation des vaisseaux du cou par exemple). La thérapeutique des bourdonnements est difficile en dehors d’affection reconnue, dont ils ne constituent qu’un élément. Leur intensité, leur persistance et le retentissement psychique qu’ils entraînent ont pu justifier des thérapeutiques d’exception, comme la section intracrânienne du nerf auditif.
3. Les vertiges se caractérisent par la sensation illusoire d’un déplacement du corps par rapport aux objets fixes ou de ceux-ci par rapport au sujet. Très pénibles, ils peuvent survenir par crises brutales et s’accompagner de troubles végétatifs majeurs (vomissements, bouffées de chaleur).
4. Les otorrhées désignent tout
écoulement anormal de liquide par le conduit. Les otorrhées purulentes sont les plus fréquentes.
Les otorrhées aqueuses, à liquide clair, peuvent être en rapport avec une inflammation (exsudât) ou un
trouble de la pression (transsudat) au niveau de l’oreille moyenne. Parfois, elles témoignent d’une fuite de liquide céphalo-rachidien à travers l’oreille, consécutive à un traumatisme ou à une malformation congénitale.
Les otorragies, ou écoulements de sang par l’oreille, peuvent prendre leur origine au niveau du conduit auditif externe (plaie) ou de l’oreille moyenne à la suite d’un traumatisme. En cas de perforation tympanique persistante, on
peut voir s’écouler par l’oreille du sang d’origine nasale (épistaxis).
Les affections
y Oreille externe
y Au niveau du pavillon. Les mal-
formations sont représentées par un défaut de plicature, une absence de reliefs, réalisant l’aspect d’oreilles décollées. De nombreuses techniques de réduction et de remise en place sont utilisées. Elles tendent à rétablir les reliefs normaux sur un pavillon en bonne position.
Les aplasies d’oreille témoignent d’une absence de développement
embryonnaire. Elles intéressent, en règle générale, conjointement l’oreille moyenne et l’oreille externe. Le pavillon peut n’être représenté que par un bourrelet vertical, avec absence de conduit. La réparation est difficile et fait appel à des greffes de peau, selon des techniques variées. Le résultat esthétique peut être excellent et reste généralement préférable à l’emploi de pavillon artificiel.
L’infection réalise la périchondrite, très douloureuse, aboutissant parfois à des rétractions cicatricielles et à des mutilations très disgracieuses. Elle succède à une inoculation septique locale ou à un hématome développé entre le cartilage et le périchondre qui le recouvre (othématome). Le pavillon est, en effet, exposé aux coups (boxeurs) et peut être le siège de plaie ou de morsure.
y Au niveau du conduit. Les rétré-
cissements sont acquis (exostose) ou congénitaux. Les interventions qui visent à recréer un conduit demandent une grande prudence (présence du
nerf facial), et les résultats initiaux obtenus peuvent être suivis d’une reconstitution du rétrécissement.
L’infection au niveau du conduit
porte le nom d’otite externe. Celle-ci succède parfois à la contamination microbienne d’un eczéma du conduit.
Une forme particulière est représentée par le furoncle du conduit auditif, très douloureux.
OREILLE MOYENNE
L’infection domine la pathologie de l’oreille moyenne.
1. Les otites aiguës sont fréquentes chez le nourrisson et l’enfant, plus rares à l’âge adulte. L’origine se situe au niveau du nasopharynx, et l’infection de l’oreille se fait par l’intermé-
diaire de la trompe d’Eustache. Ces otites se manifestent par des douleurs (otalgie), une hypoacousie de transmission (v. surdité) et, chez le nourrisson, par des troubles digestifs dans un contexte fébrile.
L’otoscopie précise le stade : otite catarrhale ou congestive, otite suppurée en rétention ou spontanément perforée avec écoulement de pus.
Le traitement est fondé sur la désinfection rhinopharyngée, sur les antalgiques locaux et généraux et, en cas de rétention, sur la paracentèse (ouverture du tympan) au point déclive, indispensable à l’obtention d’un drainage correct. L’antibiothérapie peut ne pas être systématique. Elle diminue probablement, mais ne supprime pas, la possibilité de complications. Parmi celles-ci, la mastoïdite, autrefois fréquente, est devenue plus rare. Cependant, l’absence de guérison d’une otite dans des délais normaux (trois semaines au maximum) doit y faire penser.