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y L’or s’allie avec presque tous les métaux. Le cuivre, qui est le plus souvent utilisé, est à la base des alliages réglementaires qui constituent les différents titres employés dans tous les pays. Il change la couleur de l’or pur, qui passe ainsi du jaune orangé à un jaune plus pâle. Les autres métaux alliés à l’or modifient différemment sa couleur, et les effets obtenus sont utilisés en orfèvrerie, mais surtout en bijouterie. Le zinc le fait passer au jaune de teintes différentes, le nickel lui donne une couleur rosée, le cad-

mium le fait devenir rouge, l’aluminium violet, etc. La multiplicité de ces tons a permis le décor raffiné des belles tabatières du XVIIIe s., précisé-

ment désignées dans la hiérarchie des valeurs par les termes boîtes à 2, à 3

ou à 4 tons d’or.

y L’argent est allié presque exclusivement au cuivre en vue de son utilisation rationnelle. En grande quantité, ce cuivre peut faire perdre le bel éclat naturel de l’argent pour lui communiquer l’aspect métallique de l’acier.

y Le platine se trouve naturellement allié à quelques métaux rares, comme le palladium, le rhodium, le ruthé-

nium, l’osmium, l’iridium. Son alliage pour son emploi en bijouterie et en joaillerie comporte du palladium, du rhodium et, en légère quantité suivant le titre, de l’or et du cuivre.

Ce précieux métal semble avoir été connu des anciens. Il apparaît de nouveau en 1735 venant de Colombie.

Quelques orfèvres français du XVIIIe s.

l’ont utilisé dans la fabrication de certaines oeuvres qui nous sont parvenues, et des collections célèbres en renferment.

L’outillage

L’outillage et les procédés de fabrication actuels de l’orfèvrerie sont pratiquement ceux qui étaient en usage dans les ateliers les plus anciens. Cependant, ceux-ci fondaient le métal, le lami-naient et l’amenaient à l’approche des formes des pièces à exécuter. De nos jours, l’industrie fournit aux orfèvres le métal en plaques, en fils ou en bandes, dans des épaisseurs et des longueurs désirées, mais les perfectionnements modernes n’ont apporté à l’orfèvrerie qu’un équipement propre à accroître le rendement de l’outillage primitif, auquel il faut ajouter celui, fort appré-

ciable, de la dorure et de l’argenture électrochimiques. Si, dans l’ensemble, les techniques de travail des trois métaux de base (or, argent et platine) se ressemblent, ceux-ci gardent des caractères particuliers inhérents aux dimensions des pièces produites, géné-

ralement petites pour l’or et le platine, importantes pour l’argent.

Les procédés de la fonte conviennent

davantage à l’or, alors que l’argent doit ses effets au travail du repoussé et du martelage. Néanmoins, fonte et repoussé peuvent se conjuguer dans un même ouvrage aussi bien pour l’or que pour l’argent.

Les outils essentiels en matière

d’orfèvrerie sont les marteaux et leur contrepartie, les bigornes ou les tas (faisant office d’enclume). De ces premiers éléments importants, il existe différentes formes, appropriées à la nature et à la dimension des pièces à façonner (marteaux à emboutir, à rétreindre, à planer, bigornes rondes, droites, à canneler, etc.). Les mandrins, simples ou brisés, sur lesquels on ébauche une forme destinée à être répétée un grand nombre de fois, sont en bois ou en métal. Les résingles, de toutes dimensions, sont des sortes de leviers contre-courbés indispensables au travail du repoussé des pièces ne permettant pas ce travail à plat. L’extrémité de cet outil étant prise dans un étau, l’autre étant introduite à l’intérieur de la pièce, chaque coup frappé sur la partie horizontale de la résingle se communique sur le métal et le repousse. En dirigeant habilement sa pièce, l’orfèvre exécute alors tous les décors possibles, depuis les simples côtes jusqu’aux fleurs et aux personnages en des reliefs souvent considérables. Le banc à étirer, d’où sortent les moulures et les fils, comporte à une extrémité une sorte de cabestan horizontal commandant un système d’engrenages démultipliés qui entraîne la baguette d’argent à travers la filière, où est placé le profil de la moulure désirée.

La forge, indispensable pour l’exé-

cution des soudures, est, en tout point, semblable aux forges classiques avec son foyer de charbon porté à l’incandescence par le soufflet. De nos jours, les chalumeaux à gaz apportent une amélioration sensible à cette opé-

ration et une rapidité certaine. À ces grands meubles, le banc à étirer, la forge, s’ajoutent les établis si curieux des orfèvres, qui sont aussi ceux des bijoutiers et des joailliers, particuliers par leur forme découpée, semblant inclure le corps de l’ouvrier dans un demi-cercle à l’intérieur du meuble. À

chaque emplacement, un tablier de cuir

recueille le moindre débris de limaille.

Sous ces établis, le sol est recouvert de claies en petits carrés assez rapprochés, où les particules de métal précieux et, éventuellement, les pierres précieuses échappant au sertissage viennent se loger en tombant et où elles sont facilement retrouvées.

La fabrication

Ces outils et ces installations traditionnels permettent une fabrication dont les phases se succèdent dans un ordre invariable.

EMBOUTISSAGE

La possibilité que l’on a de l’utiliser repose sur la malléabilité du métal précieux. À l’aide du marteau et de son tas, une feuille de métal peut être façonnée à toutes les formes désirées.

Quand cette feuille est amenée à la hauteur du col d’une verseuse ou d’un récipient dont le diamètre est inférieur au corps de la pièce, on atteint la phase la plus délicate de l’emboutissage : la retreinte. En effet, les molécules du métal doivent être chassées progressivement vers le haut tout en maintenant une épaisseur égale en tous les endroits. Le marteau ne doit frapper qu’une seule fois au même endroit. Le rapprochement des frappes amène à une surface à peu près unie, que le polissage achève d’égaliser. Comme les coups répétés ont pour effet d’écrouir le métal et de le rendre cassant, on lui rend ses propriétés primitives par l’opération du recuit, en le chauffant au rouge à la forge. Dans le travail au tour, la feuille de métal est amenée à la forme voulue par des phases successives, où l’on adapte l’un après l’autre des mandrins dont le profil se rapproche peu à peu de la forme définitive. Le recuit intervient comme dans le travail manuel.

ASSEMBLAGE

L’assemblage des différentes parties, boutons, becs, pieds, anses, moulures, est réalisé par soudure. On utilise pour cela un alliage d’argent et de cuivre, dont la fusibilité est d’autant plus grande que la proportion de cuivre est plus importante. Le titre de cette soudure étant plus bas que le titre régle-

mentaire, la loi admet une tolérance, appelée droit de remède sous l’Ancien Régime, qui est de trois millièmes pour l’or et de cinq millièmes pour l’argent. Les assemblages peuvent se faire à froid, soit à l’aide d’écrous ou de rivets, soit à l’aide de tiges filetées qui traversent la pièce en réunissant les différentes parties, comme on le fait par exemple pour les flambeaux. Ces dernières techniques, qui sont davantage celles des bronziers, furent fort utilisées par les orfèvres de l’Empire Guillaume Biennais (1764-1843) et Jean-Baptiste Odiot (1763-1850) ; elles permettent de nombreux ornements sur une seule pièce et facilitent l’assemblage des pièces vermeillées.

ORNEMENTATION

Le décor et l’ornementation des pièces d’orfèvrerie font appel à des techniques particulières, qui, précisément, downloadModeText.vue.download 556 sur 625

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14

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ont amené les spécialisations dans les ateliers d’orfèvrerie.

y Le repoussé, la gravure et la ciselure sont souvent exécutés avant

l’assemblage des pièces. Les outils propres à leur exécution sont les burins, les échoppes, les rifloirs, mais surtout les ciselets, dont il existe de multiples formes. Lorsque le travail du repoussé peut s’exécuter à plat, on agit à l’envers, en repoussant en creux un décor qui apparaîtra en relief à l’endroit. À l’intérieur d’une pièce déjà assemblée, la résingle est nécessaire. Dans le repoussé à plat, les parties à façonner sont immobilisées dans un ciment à chaud composé de suif, de résine et de goudron. En se refroidissant, ce ciment maintient la pièce, évite la vibration des ciselets et une trop rapide pénétration, qui pourrait amener une perforation du métal.