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La gravure creuse le métal, sans l’enfoncer, en laissant sur lui un décor li-néaire. La ciselure modifie le volume du métal, y ajoute un relief fait de bossages et de creux très légers qui jouent avec la lumière et les ombres.

Les effets de la gravure et de la ciselure sont le plus souvent conjugués.

y L’émail*, moins utilisé de nos

jours, a contribué pour une grande part au décor des pièces byzantines et du Moyen Âge ainsi qu’aux bijoux de la Renaissance. Ce mode de décor fut largement repris à la période romantique, où l’imitation des pièces des temps mérovingiens et du Moyen Âge a été précisément en vogue. Le décor est obtenu par la fusion, à la surface du métal, de compositions faites de sable, de silice et d’oxydes métalliques, qui prennent ainsi leur consistance et leur couleur définitives. On maintient ces émaux à la surface du métal soit en creusant leurs emplacements (émaux champlevés), soit en les séparant par de minces cloisons de métal (émaux cloisonnés). La transparence de l’émail est utilisée pour faire jouer les fonds sur lesquels celui-ci repose, qui sont alors gravés de motifs visibles par transparence. De tels émaux prennent le nom d’émaux de

basse taille. Lorsque l’émail n’est pas translucide, il peut être peint, quelquefois très finement [émaux renaissants, de Jean Petitot (1607-1691), émaux anglais sont parmi les plus appréciés].

Les boîtes et les tabatières du XVIIIe s., les bracelets du XIXe s. sont souvent ornés de ces émaux peints.

y Le nielle, qui s’applique exclusivement sur l’argent, est une pâte de couleur noire faite de poudre d’argent fin, de cuivre rouge, de plomb et de soufre lié à du borax et à de l’ammoniaque, que l’on pose dans les traces creusées à cet effet sur la pièce. Le tout est chauffé jusqu’à fusion ; le nielle se soude à l’argent et y adhère parfaitement. Le polissage délimite exactement les parties niellées des parties laissées en argent. Les effets obtenus sont souvent d’une grande délicatesse. Le nielle fut utilisé à la Renaissance surtout en Italie et en Allemagne. En Russie, aux XVIIIe et XIXe s., les pièces niellées furent très en faveur. Elles sont nombreuses et caractéristiques ; des réserves dans un décor floral reproduisent des scènes folkloriques slaves, scènes champêtres, courses de traîneaux, etc.

y Les effets du repercé et du filigrane sont également utilisés pour décorer une pièce d’orfèvrerie. Dans les deux cas, les vides sont mis en valeur par adjonction de verres de couleur au dos (salières, sucriers).

y La dorure est l’un des éléments des effets somptuaires de l’orfèvrerie. Elle peut être uniforme ou répartie en parties mates et brillantes, comme dans beaucoup de pièces de l’époque Empire. Lorsque la pièce n’en est pas entièrement revêtue, les réserves laissées à la couleur de l’argent peuvent être décorées d’un mati, dont les effets ont été beaucoup utilisés par les orfèvres allemands des XVIe et XVIIe s.

On opère en parsemant la surface du métal de petits coups d’un ciselet dont la pointe est soit grainée au dessin désiré, soit simplement cassée à son extrémité.

y L’incrustation de gemmes relève de l’art et des techniques des joailliers.

Au Moyen Âge, cependant, l’art de la monture n’ayant pas encore atteint les degrés de perfection actuels, les pierres étaient enchâssées dans des supports de métal eux-mêmes rivés sur la pièce.

y Le polissage et le brunissage sont les dernières opérations, qui donnent à la pièce son aspect définitif et son éclat en restituant au métal sa somptuosité naturelle. Le polissage s’exé-

cute à l’aide de brosses de plus en plus fines, de calicots et de feutres enduits de poudres très fines mélangées à des produits gras. Le brunissage intervient après le polissage. À

l’aide d’outils, les brunissoirs, faits d’un manche de bois au bout duquel sont fixées des pointes plus ou moins courbes d’acier ou d’agate, l’orfèvre frotte énergiquement les parties à bru-nir. Cette opération permet d’obtenir un brillant plus profond. Actuellement, polissage et brunissage se font mécaniquement.

Métal argenté

Par nécessité d’obtenir une production importante, l’orfèvrerie de métal argenté a été à l’origine du grand développement des procédés industriels dans

l’orfèvrerie. Les machines deviennent même des éléments prépondérants de la fabrication de cette nouvelle industrie.

Les tours sont utilisés pour les pièces rondes ou ovales ; les emboutis et les estampes sont faits à la presse ou au mouton, les couverts au balancier. Les gravures et les guillochés s’exécutent à l’aide d’appareils perfectionnés, qui fonctionnent sur le principe du panto-graphe ; mais la grande particularité de cette orfèvrerie est son procédé électrolytique d’argenture ou de dorure.

Pour procéder à cette opération, les pièces sont soigneusement décapées et débarrassées de tous éléments gras qui empêcheraient une bonne adhérence du métal précieux. Puis elles sont plongées dans un bain de sel métallique (cyanure de potassium) traversé par un courant électrique. Les anodes sont constituées par des plaques d’argent ou d’or pur, et les pièces à recouvrir sont reliées à la cathode. Sous l’influence du courant, dont la tension est très faible et l’intensité proportionnelle aux surfaces à traiter, les molécules du métal des anodes se déplacent à l’intérieur du bain électrolytique et se déposent à la surface des pièces à traiter d’une façon quasi uniforme, de telle sorte que l’on peut régler l’épaisseur du dépôt désiré. À la sortie du bain, les pièces ont l’aspect mat de l’argent ou de l’or non poli. Le polissage et le brunissage leur redonnent leur éclat, comme pour les pièces en argent ou en or.

Le plus grand développement industriel intervenu dans l’orfèvrerie du métal argenté concerne la production des couverts. Ceux-ci sont fabriqués par de véritables chaînes de fabrication ininterrompue, partant de la plaque de métal et des flans pour aboutir à leur finition totale.

Législation

Une législation, souvent très sévère, a toujours réglementé l’orfèvrerie. La valeur des métaux précieux, celle des pièces oeuvrées et les revenus substantiels provenant d’une imposition facile sont à la base de l’intérêt manifesté pour l’orfèvrerie par les responsables des finances royales ou du Trésor public. Une réglementation fort stricte est appliquée tant par une foule de contrô-

leurs et de fermiers généraux royaux sous l’Ancien Régime que par les services de la garantie* créés après la Ré-

volution de 1789. C’est une nécessité pour les orfèvres eux-mêmes, réunis en guildes, puis en corporations, à seule fin de se préserver de la fraude ou d’exactions de leurs propres membres, de nature à jeter un discrédit sur une production qui réclame plus de surveillance que toute autre. Byzance, Rome ont leurs corporations d’orfèvres, dont la réglementation concerne principalement l’exactitude du taux d’alliage et comporte des moyens d’identification de l’orfèvre, dont on peut ainsi contrô-

ler l’honnêteté. Dans tous les pays d’Europe, grands producteurs d’orfè-

vrerie, les dirigeants, rois, princes, édictent les lois régissant les statuts et les productions des orfèvres. Philippe le Hardi, Philippe le Bel, Charles V, François Ier, mais surtout Louis XIV