promulguent eux-mêmes des régle-
mentations qui ont pour objet essentiel de préserver le bon aloi des pièces, de recueillir le produit d’un maximum de taxes, mais aussi de réglementer la profession. Tout y est prévu, l’apprentissage, le compagnonnage, la maîtrise, l’ouverture et la fermeture des boutiques, le travail obligatoirement exé-
cuté à la vue du public, etc. Il en sera ainsi jusqu’en 1791, date de l’abolition des corporations. La loi du 19 brumaire an VI (9 nov. 1797) contient les principales dispositions qui régissent actuellement l’orfèvrerie. Elle y prescrit les proportions obligatoires des titres légaux, l’insculpation des différents poinçons, l’installation des bureaux de garantie en France, dont le nombre est fixé à deux cents et qui doivent comprendre un essayeur, un receveur et un contrôleur. Les orfèvres et les marchands d’orfèvrerie ont de multiples obligations. Ils doivent tenir des livres spéciaux paraphés par les autorités de police et constamment surveillés.
L’importation, l’exportation ainsi que les mouvements de pièces d’orfèvrerie à l’intérieur des monts-de-piété et les ventes publiques font l’objet de dispositions rigoureusement appliquées. Un bureau spécial de la garantie est installé à l’Hôtel des ventes de Paris.
Situation de l’orfèvrerie
Si l’orfèvrerie est, d’une part, l’expres-
sion du développement du goût d’une époque, des dirigeants, d’un seigneur, d’un roi, elle témoigne, d’autre part, de leur politique guerrière, économique et sociale, dont elle partage les vicissitudes. L’histoire de l’orfèvrerie downloadModeText.vue.download 557 sur 625
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14
8000
suit pas à pas celle des civilisations.
Elle participe aux magnificences des monarques, des Églises, mais elle est entraînée presque irrémédiablement avec eux dans leurs revers ou leur chute. Elle accompagne obligatoirement la notoriété acquise ou recherchée, que ce soit celle du prince ou du bourgeois. Sous l’Ancien Régime, au XIXe s. encore, la possession d’une orfè-
vrerie était indispensable à qui tenait à manifester son rang. Cette orfèvrerie se mesurait bien plus à la quantité qu’à la qualité. L’ensemble d’une orfèvrerie d’un total équivalant à 250 kg semblait en rapport avec la situation d’un cardinal ou d’un grand courtisan, mais, au-dessous d’une centaine de kilos, il paraissait bien modeste. L’orfèvrerie suit au plus près l’évolution de la vie quotidienne. Elle reflète d’une façon précieuse, en les matérialisant en or et en argent, le goût ainsi que les tendances des styles et des modes les plus passagères, ses formes et ses décors étant souvent en harmonie avec les audaces des grands ornemanistes et des créateurs de formes.
Le développement industriel dans le domaine de l’orfèvrerie est né aussi bien de la science que des besoins de plus en plus grands d’une nouvelle masse de consommateurs. Ceux-ci ne se sont pas accommodés d’une orfèvrerie de métal argenté : ils l’ont adoptée comme une orfèvrerie véritable, lui donnant ses lettres de noblesse. L’engouement de la Cour sous le second Empire fut, à cet effet, déterminant. Actuellement, le maintien d’une organisation artisanale et le problème d’une modernisation indispensable, mais onéreuse, paraissent tantôt conciliables, tantôt insurmontables. Dans l’un et l’autre cas, on assiste à une croissante montée
des prix, qui s’intègrent difficilement dans les budgets familiaux. À ces problèmes s’ajoutent les nécessités, pour les styles de l’orfèvrerie, de leur adaptation aux tendances du style contemporain. On se heurte ici à la loi d’airain de l’amortissement de l’outillage, dont les frais d’établissement imposent une production massive pour une demande problématique. De ce fait, les orfèvres maintiennent la production de modèles tirés du répertoire classique. La situation de l’orfèvrerie se trouve placée entre, d’une part, les demandes certaines d’une clientèle enracinée dans une fidélité aux traditions et aux styles du passé et, d’autre part, les aléas d’outillage très coûteux pour des modèles contemporains dont la distribution est mal assurée. Cependant, les énormes progrès du machinisme permettent de conduire les métaux à une grande perfection et d’obtenir les mêmes résultats que les méthodes artisanales traditionnelles. Pour résoudre ce problème, l’industrie doit réaliser une fabrication de grande série sans que soient perdues ou abandonnées les ressources qui restent exclusivement attachées à l’art de l’orfèvrerie.
T. B.
F Argenterie / Auguste (les) / Bijouterie et joaillerie / Garantie / Germain (les) / Poinçon.
L. Lanel, l’Orfèvrerie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1944 ; 3e éd., 1964). / T. Bouilhet et L. Lanel, l’Orfèvrerie contemporaine en Europe et en Amérique (Christofle, 1954). /
S. Brault et Y. Bottineau, l’Orfèvrerie française du XVIIIe siècle (P. U. F., 1959). / F. Dennis, Three Centuries of French Domestic Silver (New York, 1960). / S. Grandjean, l’Orfèvrerie du XIXe siècle en Europe (P. U. F., 1962). / Y. Bottineau et O. Lefuel, les Grands Orfèvres de Louis XIII à Charles X (Hachette, 1965). / J. Taralon et R. Maitre-Devallon, les Trésors des églises de France (Hachette, 1966).
Orff
(Carl)
Compositeur allemand (Munich 1895).
Autodidacte, il s’est choisi pour guides — de façon plutôt éclectique —
Debussy et H. Pfitzner, R. Strauss, Stravinski et Schönberg. Chef d’orchestre
aux Kammerspiele de Munich de 1915
à 1917, il conçut, d’après les mises en scène de O. Falkenberg, les données essentielles de son futur drame musical. Il se plongea alors dans l’étude des poètes latins, des légendes nordiques ainsi que des oeuvres de Shakespeare.
Aux environs de 1920, constatant que les musiciens « modernes » se trouvaient en désaccord complet avec ses propres aspirations, il prit la détermination de renoncer à toute recherche novatrice dans le domaine de la polyphonie, se plaçant ainsi à contre-courant de son époque.
Après les choeurs a cappella Catulli Carmina en 1930, la cantate Carmina Burana, écrite en 1936 d’après des chants d’étudiants de la période médié-
vale, assura en 1937 son premier grand succès, qui fit de lui le musicien officiel du IIIe Reich.
On ne peut nier le don exceptionnel de Carl Orff pour la scène, son habileté consistant à exploiter les effets les plus extérieurs. Renonçant progressivement à toute trace de polyphonie, son écriture, souvent simpliste, exploite la répétition à satiété, dont l’effet psycho-magique sur les foules est connu depuis toujours. Orff y joint l’exploitation systématique du jeu des intensités, son orchestre (absolument différent de l’orchestre traditionnel) accueillant une armée de percussionnistes et jusqu’à un ensemble de huit pianos.
Les oeuvres principales de
Carl Orff
Orffschulwerk, musique pour les enfants (1930-1935) ; Carmina Burana (1937) ; Der Mond (1939) ; Die Bernauerin (1947) ; Antigonae (F. Hölderlin, d’après Sophocle, downloadModeText.vue.download 558 sur 625
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14
8001
1949) ; Trionfo di Afrodite (1953) ; Comoedia de Christi resurrectione, jeu pascal (télévision bavaroise, 1956) ; OEdipus der Tyrann (F. Hölderlin, d’après Sophocle, 1959) ; Pro-metheus (d’après Eschyle, 1968).
R. S.
organe
Toute partie d’un être vivant, animal ou végétal, nettement délimitée, douée d’une structure bien précise et assurant une fonction bien déterminée.
Ontogénie et phylogénie
des organes
Les êtres vivants pluricellulaires, Mé-
tazoaires ou Métaphytes, sont formés de parties constituantes qui sont autant d’unités morphologiques et fonctionnelles, les cellules*. La cellule est la plus petite masse de substance vivante, ou protoplasme, capable de vie indé-