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En Afrique, la préséance d’après la naissance — monarques et nobles étant de descendance divine : Tongas, Kou-bas* — se confond avec la richesse (détention de tout le territoire, parfois même de tous les biens) et l’exercice d’un pouvoir despotique.

Les Natchez présentent un système hiérarchique du même type : le chef, ou Grand Soleil, descend de la divinité solaire ; la noblesse est divisée en trois catégories (par ordre décroissant : les soleils, les nobles et les honorables) ; le reste de la population reçoit la désignation de puants. La première génération descendant des soleils ne bénéficie que du grade de noble, la deuxième est honorable et la troisième est reléguée au rang des puants. En vertu d’un tel système, la noblesse devrait disparaître à plus ou moins longue échéance ; le système matrimonial y remédie : les enfants d’une mère soleil et d’un père puant sont des soleils ; ceux d’une mère noble et d’un père puant sont nobles, ainsi que ceux d’une mère puante et d’un père soleil, et ainsi de suite. Ces règles sont d’autant plus intéressantes qu’elles s’opposent directement au principe de l’endogamie (prohibition des mariages hors du groupe d’appartenance), qui préside généralement au maintien des catégories supérieures dans les sociétés où le critère hiérarchique prédominant est celui de la naissance (Inde, Colombie britannique, etc.).

Chez les Maoris, aux grands prêtres succèdent les chefs tribaux et leurs parents ; viennent ensuite les artisans et les sorciers ; la majorité de la population est constituée par les parents très éloignés des familles de chefs et ne possède que peu de biens ; au bas de l’échelle, on trouve les esclaves, auxquels incombent les tâches que les catégories supérieures considèrent comme dégradantes.

L’admission dans les sociétés se-

crètes mélanésiennes n’est accessible qu’aux individus mâles capables d’en payer le droit d’entrée. Aux îles de Banks, il existe, de surcroît, une hié-

rarchisation interne de la société des hommes : tout passage d’un degré à downloadModeText.vue.download 570 sur 625

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14

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l’autre exige un nouveau paiement.

L’accès à l’échelon le plus élevé confère le titre de chef ou de héros légendaire ; le prestige social est fonction de l’avancement dans l’association

— avancement dont le bénéfice semble être essentiellement honorifique. En Mélanésie, il existe également de nombreuses sociétés d’esprits dont le lieu de réunion est toujours éloigné du village, le secret de l’initiation devant être soigneusement gardé. Également honorifique, l’appartenance à ces sociétés secrètes confère cependant (pour la plupart d’entrés elles) quelque avantage concret : protection de la propriété.

Chez les Hidatsas, le critère de

promotion au sein de la société des hommes est également constitué par le paiement d’un droit d’entrée ; cependant, l’achat est le fait collectif d’un groupe d’âge. Les tribus voisines des Mandans (Dakota), des Pieds-Noirs (Alberta), des Arapahos et des Gros Ventres (Prairies du Nord-Ouest) utilisent un même critère d’âge et d’achat.

La société crow du « Tabac sacré », dont les fonctions sont principalement cérémonielles, exige un droit d’entrée élevé et accorde en retour certains

signes distinctifs et privilèges maté-

riels. Cependant, l’appartenance à cette société reste un honneur beaucoup plus qu’une source de prérogatives économiques. Il existe par ailleurs chez les Crows quatre sociétés non religieuses, qui forment des groupes d’entraide en vue de certains travaux et du paiement de l’entrée au Tabac sacré.

Ségrégation

Elle s’effectue selon des principes analogues aux critères hiérarchiques, avec, cependant, prédominance de la diffé-

renciation selon l’âge et le sexe.

Aux îles Andaman, une répartition spatiale du campement aboutit à séparer trois groupes de huttes : celles des couples mariés, celles des hommes cé-

libataires et celles des femmes non ma-riées. Le critère d’âge s’efface devant la distinction par catégories sexuelles et mariage : une veuve même âgée sera logée parmi les femmes célibataires, au même titre que les jeunes filles. Cependant, les termes nombreux qui servent à désigner les individus sont attribués en fonction de l’âge. Les appellations les plus importantes sont celles qui sont relatives à la séparation entre initiés et non-initiés (initiation pubertaire concernant garçons et filles). D’autres termes correspondent à divers statuts sociaux et sont attribués à titre honorifique.

En Australie, malgré le rôle important de l’âge au regard de la détention du pouvoir, la ségrégation sexuelle est, de loin, la plus accentuée : division rigoureuse du travail, exclusion des femmes des secteurs du pouvoir et des activités religieuses. L’initiation pubertaire, réservée aux garçons, consiste essentiellement en révélations de caractère religieux dont les femmes ne doivent, en aucun cas, être averties ; toute forme d’activité des hommes initiés prend ce caractère mystérieux : femmes et garçons non encore initiés sont tenus à l’écart. Chez les Karieras et les Kurnais (Australie), la répartition spatiale des habitations concrétise une semblable ségrégation, et, d’autre part, à chaque degré social — déterminé conjointement par l’âge, le sexe et l’initiation — correspond un com-

portement conventionnel minutieusement défini.

En Mélanésie, les hommes ne vivent pas avec leurs épouses, mais au local de leur société ; chez les Houpas, ils prennent leurs repas avec leurs femmes, mais ne vivent avec elles qu’en été ; les femmes houpas ne sont pourtant pas exclues des activités céré-

monielles et peuvent, au même titre que les hommes, exercer la fonction de chaman.

En Afrique orientale, chez les Mas-saïs, il y a ségrégation des hommes célibataires et des filles impubères ; hommes et femmes sont, en outre,

soigneusement différenciés selon leur statut dans le groupe (appellations appropriées). Différents signes visibles matérialisent ces différenciations : les femmes mariées portent, à l’encontre des jeunes filles, de longs vêtements, certains anneaux et colliers ; d’autres anneaux et colliers sont l’apanage des guerriers et des anciens. Chaque classe d’âge regroupe les individus initiés ensemble : les cérémonies ont lieu tous les quatre ans et sont nommées alternativement circoncision de la main gauche et circoncision de la main droite. Deux groupes successifs (gauche et droite) forment une génération ; les jeunes gens vivent ensemble dans le kraal, ils ont une activité essentiellement guerrière et ne peuvent se marier qu’après avoir quitté le kraal —

ils font alors partie des anciens.

Il existe, bien qu’assez rarement, des associations exclusivement féminines et des sociétés secrètes ouvertes aux deux sexes. Les femmes cheyennes

(Amérique du Nord) ont formé des

groupes de métiers qui, en échange d’un droit d’entrée élevé, procurent l’avantage d’un travail collectif pour les activités les plus difficiles. Les associations féminines, plus fréquemment que celles des hommes, ont un caractère religieux. Les deux sociétés féminines hidatsas les plus importantes (achat individuel de la qualité de membre, d’où moindre différenciation selon l’âge) assumaient une fonction magico-religieuse : assurer une bonne récolte de maïs et attirer les troupeaux de bisons. Une autre société reli-

gieuse hidatsa conférait aux hommes la propriété des « paquets sacrés ».

Les femmes, exclues de l’association, étaient cependant gardiennes des « paquets sacrés ».

L’organisation religieuse la plus importante des Indiens Pueblos, la société du « Danseur masqué », n’était pas accessible aux femmes, cependant que la participation de tous les hommes y était obligatoire. Certains rites étaient célé-