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son nid et parcourt des distances beaucoup moins considérables. Toutefois, cette Hirondelle rencontre de grandes difficultés pour revenir d’Afrique (où elle passe la saison froide) dans nos régions (où elle se reproduit). Comment a-t-elle pu se diriger, c’est-à-dire déterminer une direction de vol, en

maintenir le cap et retrouver son lieu de reproduction ?

Pour répondre à ces questions, relatives à tout migrateur, les ornithologues observent les déplacements d’Oiseaux selon deux techniques principales : la première consiste à baguer des Oiseaux et à effectuer des captures successives dans les périodes migratoires. On obtient essentiellement des renseignements sur le trajet et la durée des migrations. Le radar donne des informations supplémentaires dans la mesure où il permet de suivre et de filmer des groupes ou des individus isolés en vol, et cela même de nuit. L’altitude du vol, sa direction, sa relation avec les conditions météorologiques peuvent être évaluées. Des Oiseaux peuvent aussi être capturés, bagués, puis transportés dans des régions totalement inconnues d’eux. Certains Oiseaux ainsi déplacés reviennent à leur lieu de reproduction avec une étonnante rapidité. Un Puffin anglais transporté par avion à Boston, à 5 100 km de son nid, situé sur la côte anglaise, y est retourné en moins de treize jours.

Outre les Oiseaux migrateurs, il

existe des espèces sédentaires qui se montrent également capables de homing (retour au gîte). Alors que les premiers se déplacent spontanément deux fois l’an, les seconds ne se déplacent pas d’eux-mêmes sur de longues distances, mais reviennent à leur nid lorsque l’homme les en a éloignés : c’est le cas du Pigeon voyageur. La trajectoire du Pigeon est unilatérale du lieu de lâcher vers le nid et dépasse difficilement 1 500 km. Un entraînement est parfois nécessaire pour limiter les pertes et améliorer les performances de retour. Son avantage est de pouvoir fournir un modèle susceptible de faciliter la compréhension du phénomène complexe qui est celui de l’orientation.

Le Sansonnet

Perdeck expérimente sur l’Etourneau Sansonnet (Sturnus vulgaris), qu’il déplace de Hollande en Suisse lors de sa migration d’automne. Il remarque que ce sont surtout les adultes — Oiseaux ayant migré au moins une fois

— qui regagnent avec exactitude leurs quartiers d’hiver habituels. Quant aux

jeunes, ils suivent une voie différente de celle des adultes, mais qui pré-

sente des caractéristiques bien particulières. En effet, à partir du point de déplacement, leur route est de même distance et de même direction que la voie des migrations habituelles, mais plus au sud-est, donc parallèle. Cette expérience révèle que le jeune Sansonnet inexpérimenté est capable de s’orienter. Cependant, contrairement aux adultes, il ne semble pas posséder d’informations sur sa destination, mais seulement une sorte de programme

biologique concernant la direction et la longueur de la route à parcourir.

Il convient donc de distinguer

l’orientation vectorielle et la navigation, L’orientation vectorielle consiste à choisir une direction spécifique parmi toutes les directions possibles et à en maintenir le cap. La navigation implique en outre des informations sur le but à atteindre ainsi que la capacité de se situer à tout moment par rapport à celui-ci, c’est-à-dire un sens de la position. Dans l’expérience de Perdeck, les Sansonnets adultes qui ont été déplacés rejoignent leurs quartiers d’hiver habituels par navigation. Par contre, les jeunes, qui ne connaissent pas les quartiers d’hiver de leur population, suivent un programme comprenant une direction et une distance absolues, qui les auraient conduits aux quartiers d’hiver ancestraux s’ils n’avaient été déplacés.

Les repères

topographiques

L’orientation pourrait consister essentiellement dans la reconnaissance par les jeunes des voies de migration suivies par les adultes. Les jeunes, en accompagnant leurs aînés, auraient la possibilité de mémoriser certains indices topographiques des voies migratoires et réutiliseraient cette information dans leurs trajets ultérieurs.

L’orientation reposerait sur la reconnaissance visuelle d’indices topographiques et géographiques, comportement transmis des adultes aux jeunes de la même espèce au cours de la première migration de ce groupe. Ce mode d’orientation s’insère dans la classification de K. Schmidt-Koenig (1970) décrite sous l’expression navigation de

retour.

Chez le Pigeon voyageur, l’entraî-

nement par lâchers successifs, de plus en plus distants du nid, améliore la performance de retour. Cela peut signifier que le Pigeon apprend à discriminer les aires géographiques qu’il survole, d’abord aux environs du nid, puis à des downloadModeText.vue.download 580 sur 625

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14

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distances de plus en plus éloignées.

D’ailleurs, la remarquable mémoire visuelle de cet animal a été démontrée en laboratoire par B. F. Skinner. Celui-ci a entraîné des Pigeons à choisir un point précis sur des photographies aériennes, et, quatre ans après le dernier essai, ceux-ci se montrent encore capables de donner la réponse exacte.

Il est clair, également, que certains indices topographiques jouent un rôle important dans la reconnaissance de la localité de reproduction, qui reste inchangée d’une année à l’autre. Les mêmes indices contribuent également à déterminer les voies migratoires.

Mais, chez certains Passériformes, les jeunes de l’année migrent les premiers, suivis des femelles, les mâles partant les derniers. Au contraire, chez d’autres, les jeunes migrent plus tardivement et indépendamment des adultes. Cela écarte l’idée d’un apprentissage des indices topographiques par les jeunes lorsqu’ils accompagnent leurs aînés. Les expériences de Perdeck citées plus haut vont dans le même sens et tendent à réduire l’importance des références de type topographique dans l’orientation.

En ce qui concerne les voies de

migration, on a longtemps cru qu’il s’agissait de couloirs bien définis. En fait, on observe que ces voies varient considérablement, pouvant atteindre jusqu’à des centaines de kilomètres de large. D’autres mécanismes interviennent donc. Les expériences de Schmidt-Koenig, décrites plus loin, renforcent cette conception : des Pigeons lâchés à 2 km de leur pigeonnier

dévient dans leur orientation initiale s’ils ont été, au préalable, soumis à un éclairage artificiel les déphasant de plusieurs heures par rapport au jour naturel. Cela laisse supposer que, dans certains cas, le Soleil pourrait servir d’indice directionnel.

L’orientation

à partir du Soleil

Selon G. V. T. Matthews, l’Oiseau déplacé en un lieu inconnu perçoit le mouvement du Soleil sur son arc et en extrapole l’altitude à midi. Par souvenir ou reconstruction, il compare cette dernière altitude à celle du Soleil au-dessus de son point de distinction, ce qui lui donne la position en latitude.

Quant à la longitude, il l’évalue grâce à la différence angulaire et temporelle entre la position actuelle observable du Soleil et celle qui est estimée à midi. Si, par exemple, la différence est moins grande que celle qui est observée au même moment à son point de distinction, l’Oiseau sait qu’il se trouve à l’ouest. Il se trouve à l’est si cette différence est plus grande.

Il faut que l’Oiseau soit susceptible d’effectuer des mesures très précises du temps écoulé pour ce genre d’estimation. Il doit percevoir le mouvement du Soleil (15° par heure) et être capable de corriger la trajectoire du Soleil selon les jours, les saisons et les années. La navigation par coordonnées solaires implique aussi un pouvoir d’évaluation sans point fixe de références. Les expériences de Meyer en laboratoire montrent que le Pigeon n’atteint pas ce pouvoir de discrimination de ma-nière aussi précise. Il faut ajouter que les migrations s’effectuant dans deux hémisphères nécessitent des références différentes pour chacun d’entre eux.