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Le fait, d’autre part, que l’animal soit susceptible d’évaluer en une demi-minute son orientation, même s’il a été maintenu à l’obscurité complète avant le lâcher, est difficilement compatible avec l’estimation de toutes les données décrites ci-dessus.

Schmidt-Koenig soumet les Pigeons à un éclairage artificiel décalé par rapport à l’éclairage naturel du cycle jour-

nuit. Trois groupes sont ainsi décalés dans un premier temps : l’un de six heures en avance sur le jour, l’autre de six heures en retard et le troisième de douze heures. Chez tous les Oiseaux, on enregistre une déviation correspondante dans l’orientation initiale : elle est de 90° pour un décalage de six heures et de 180° pour un déphasage de douze heures. En répétant les mêmes déphasages, l’auteur fait varier la distance des lâchers, et il constate que les déviations en sont indépendantes. Dans une deuxième série d’expérience, il effectue un déphasage horaire de deux heures et un de trente minutes. Les résultats ne sont pas proportionnels à ceux de la première expérience, les dé-

viations observées étant pratiquement nulles pour les déphasages de trente minutes.

L’orientation

astronomique à partir de

la Lune et des étoiles

Il a été démontré que les Oiseaux ne perçoivent pas la lumière polarisée. Il est, dans ces conditions, difficile d’expliquer, à partir de la théorie des arcs solaires, comment le Pigeon revient par temps couvert, sans la vision du Soleil, et comment il est capable de voyager de nuit. Le même problème se pose pour des migrateurs volant entre deux couches de nuages, sans aucune visibilité. Ces observations, ajoutées au fait que les courts déphasages ne perturbent pas les Oiseaux de façon significative, font penser que le Soleil ne serait impliqué que partiellement dans l’orientation de jour et qu’il ne ferait qu’indiquer une direction générale.

On ignore encore si les Oiseaux utilisent la Lune comme indice directionnel, mais on a montré que leur orientation pouvait s’effectuer à l’aide des étoiles.

L’Oiseau ne choisirait pas comme

guide une seule étoile, mais la configuration générale de la voûte, ce qui lui permettrait de déterminer une direction, comme pour l’orientation à partir du Soleil. Il serait plus adéquat de parler d’orientation vectorielle que de navigation bicoordonnée. Il reste, cependant, à découvrir comment l’Oiseau

peut maintenir cette direction avec pré-

cision et de quelle manière il reconnaît son point de destination ou la distance à parcourir. Ce problème se pose particulièrement dans le cas où les jeunes migrent indépendamment des adultes.

Les études portant sur l’utilisation de repères astronomiques par les Oiseaux révèlent, toutefois, que ces indices ne peuvent fournir suffisamment d’informations pour permettre une vé-

ritable navigation. Et qu’il s’agisse des étoiles, du Soleil ou de repères topographiques, comment l’Oiseau fait-il par temps couvert ? Cette question a amené certains auteurs à rechercher les relations existant entre les conditions atmosphériques et météorologiques et l’orientation.

Les conditions

météorologiques

Les conditions météorologiques ont très certainement un impact sur le dé-

terminisme des migrations. Il est clair que les migrateurs recherchent un climat moins rigoureux que celui de leur région de reproduction pour passer l’hiver et un climat plus tempéré que celui de leurs quartiers d’hiver pour se reproduire.

La migration de printemps se produit généralement avec l’arrivée de fronts chauds associés à une haute pression et il en va inversement pour la migration automnale. Lors d’une anomalie d’occurrence — passage d’un front froid au printemps —, on assiste à des erreurs de prise de direction, appelées inversions de migration, les Oiseaux se dirigeant pendant quelques heures, voire quelques jours, à l’opposé de leur route normale, ce qui indique une sensibilité à l’élément météorologique. Il reste extrêmement difficile de déterminer l’impact exact de chaque variable météorologique sur l’orientation, chacune dépendant de toutes les autres. Les analyses mathématiques ne révèlent jamais une prédominance d’un facteur particulier sur les autres, mais seulement une influence plus ou moins forte d’un groupe de facteurs.

Les nuages, considérés isolément, ne sont que rarement un handicap. Le vent semble agir de façon purement méca-

nique sur la vitesse du vol.

Certains auteurs ont donc cher-

ché d’autres indices susceptibles de compléter les repères astronomiques et topographiques dans des conditions météorologiques variables et ont fait appel à des phénomènes d’ordre géographique.

Le champ magnétique

Le champ magnétique qui entoure la Terre présente une relative stabilité, qui pourrait servir d’indice permanent aux migrateurs sous des conditions mé-

téorologiques extrêmement variables.

L’utilisation directionnelle permettrait d’expliquer pourquoi, lorsqu’il est impossible d’opérer par orientation topographique ou astronomique, l’orientation reste efficace. Y. Pagley a été le premier à formuler cette idée sous la forme d’une hypothèse vérifiable ex-périmentalement. Pour cet auteur, le Pigeon voyageur et le migrateur naviguent selon un système de coordonnées comprenant pour la longitude le champ magnétique terrestre et pour la latitude la force de rotation de la Terre.

Il y avait ainsi un couple de coordonnées terrestres permanent, ce qui était une théorie séduisante. Cependant, la nature même des forces impliquées et le manque d’évidences pour leur détermination ont vite fait discréditer cette hypothèse.

Keeton attache des aimants sur des Pigeons expérimentés pour des distances de 30 à 50 km sous un ciel complètement couvert.

L’orientation dans ces conditions est perturbée. Mais il n’en est pas de même pour des parcours comparables sous ciel dégagé. Ces résultats ne laissent aucun doute quant à l’utilisation, par certains Oiseaux, d’une information de type magnétique, même si aucun récepteur spécifique n’a encore été mis en évidence. Wiltschko montre, cependant, que l’animal n’est pas perturbé dans son orientation par un change-downloadModeText.vue.download 581 sur 625

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14

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ment d’intensité magnétique, et ce dans les limites des intensités rencontrées sur la Terre. De plus, le Rouge-Gorge ne semble pas utiliser la polarité — à la façon d’une boussole — pour trouver le nord géomagnétique. Si l’on inverse le vecteur magnétique de telle sorte que le nord soit au sud, l’Oiseau conserve une bonne orientation ; il en va de même si l’on inverse isolément l’inclinaison. Mais, si l’on provoque simultanément ces deux inversions, l’Oiseau inverse sa direction migratoire normale. La polarité ne serait perçue qu’en relation avec l’angle que forme le vecteur magnétique avec la gravitation, le nord se situant vers l’angle le plus petit. Mais, là encore, le problème se pose lorsque le migrateur change d’hémisphère, l’angle le plus petit dans l’hémisphère Sud indiquant le sud. À

l’équateur, l’inclinaison est nulle, de telle sorte qu’il y a impossibilité de distinguer le nord du sud. Il est donc difficile de concevoir que l’Oiseau procède selon le même mode d’orientation de part et d’autre de l’équateur, à moins qu’un mécanisme compensa-toire ne soit déclenché à ce moment-là.

De plus, le fait que Keeton n’ait réussi à perturber l’orientation initiale des Pigeons portant des aimants que sous ciel couvert suggère l’existence d’un mode d’orientation réservé à des conditions météorologiques particulières, tout au moins chez le Pigeon.