Toute l’oeuvre d’Origène s’appuiera sur la double autorité de la Bible et de la philosophie, en particulier le Peri arkhôn (Sur les principes), traité le plus important du maître alexandrin, qui donne en cet ouvrage la première grande synthèse de la théologie naissante.
Origène et l’origénisme
Déjà de son vivant, la doctrine d’Origène avait suscité des inquiétudes. Dans les siècles suivants se développera un courant théologique qui, sans former une véritable école, systématisera à l’excès certains aspects de la pensée du maître d’Alexandrie. À titre d’exemple, le rôle du Christ, tel qu’il est conçu par Origène, se retrouvera dans les querelles ariennes ; la doctrine origéniste sur la préexistence et le destinée des âmes, qui amène à concevoir une restauration universelle dans l’amour de Dieu, conduit à la négation pratique du mal absolu et de la damnation éternelle.
Ce courant de pensée, surtout monastique, sera systématisé en Orient par Évagre le Pontique (346-399) et donnera lieu à de vives controverses. Il prendra fin au VIe s., sans avoir pratiquement touché l’Occident.
Les rafales de la tempête
La célébrité de l’école d’Alexandrie donne à Origène l’occasion de faire downloadModeText.vue.download 584 sur 625
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14
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plusieurs voyages à Rome, en Arabie, à Antioche et, vers 215-16, en Palestine. Ce voyage en terre sainte sera l’amorce de bien des maux. Mettant à profit le séjour de ce théologien de grand renom, les évêques de Césarée et de Jérusalem demandent à Origène de donner à leurs fidèles une série de conférences bibliques et de sermons.
L’évêque d’Alexandrie Demetrios,
dont dépend Origène, rappelle à ses collègues palestiniens qu’un laïque, si savant soit-il, n’est pas autorisé à prê-
cher dans les églises (au moins selon les coutumes alexandrines) ; or, Origène n’est pas prêtre. Il est alors prié de rentrer à Alexandrie et de reprendre ses fonctions à la tête de l’école théologique.
En 230-31, à l’occasion d’un voyage en Grèce, il se retrouve en Palestine.
L’évêque de Jérusalem Alexandre, qui est son ami, et Théoctiste, évêque de Césarée, qui a été son élève, pour lui éviter les ennuis déjà survenus, décident de lui conférer l’ordination sacerdotale. Mais Demetrios, toujours en place (il occupera le siège d’Alexandrie quarante-deux ans et cinq mois), se fâche pour de bon. L’orage était dans l’air depuis pas mal de temps.
Demetrios, qui, plus que tout autre, a conscience de son rôle et de sa responsabilité, n’apprécie guère l’indé-
pendance dont le maître de son école de théologie fait preuve à l’égard de l’autorité religieuse. Les idées hardies professées par Origène, dont quelques-unes ne paraissent pas être dans le droit fil de la doctrine communément admise, ne vont pas sans inquiéter l’intransigeant hiérarque d’Égypte.
Origène, de retour à Alexandrie, se voit contester la validité de l’ordination sacerdotale qu’il a reçue à Césa-rée : d’une part, cette ordination a été faite sans l’accord de l’autorité compétente, et, d’autre part, le droit coutumier alexandrin considère la castration comme un empêchement absolu.
Deux synodes de prêtres réunis dans la métropole égyptienne en 231 et en 232 condamnent Origène à l’exil et le déclarent déchu de la prêtrise.
Le refuge de l’amitié : Césarée
Origène, fuyant « les vents mauvais de l’Égypte », se réfugie en Palestine.
L’école d’Alexandrie est reconstituée à Césarée, au nord-ouest de Jérusalem.
Théologien universellement connu et accepté, Origène mène de front l’enseignement, la prédication et la composition de ses dernières oeuvres.
En 248 paraît le Contre Celse, dirigé contre le Discours véritable, attaque violente du christianisme du philosophe épicurien Celse. C’est une des plus belles apologies de l’Église primitives, une des oeuvres les plus fortes du génie d’Origène. Un peu postérieur est l’Entretien avec Héraclide (retrouvé près du Caire en 1941), où se devinent les grandes confrontations trinitaires et christologiques qui marqueront aux siècles suivants les luttes contre les idées d’Arius*.
Origène était trop célèbre pour n’être pas atteint par la persécution de Decius en 250. Il est arrêté et torturé, mais il ne meurt pas. Relâché, il vit encore trois ou quatre ans, physiquement brisé.
C’est vraisemblablement à Césarée et non à Tyr, comme le veut une tradition qui serait à vérifier, que meurt en 253-54 celui qui, avec saint Augustin*, reste un des penseurs les plus puissants de l’Antiquité chrétienne.
I. T.
F Alexandrie / Chrétiennes (littératures) / Christianisme.
E. de Faye, Origène, sa vie, son oeuvre, sa pensée (Leroux, 1925-1928 ; 2 vol.). / R. Ca-diou, la Jeunesse d’Origène. Histoire de l’école d’Alexandrie au début du IIIe s. (Beauchesne, 1936). / J. Daniélou, Origène (la Table ronde, 1948). / H. T. Kerr, The First Systematic Theologian, Origen of Alexandria (Princeton, 1958). /
K. O. Weber, Origenes, der Neuplatoniker (Munich, 1962). / A. Guillaumont, les « Kephalaia gnostica » d’Évagre le Pontique et l’histoire de l’origénisme chez les Grecs et chez les Syriens (Éd. du Seuil, 1963). / R. Wasselynck, Origène (Éd. ouvrières, 1966). / H. Crouzel, Bibliographie critique d’Origène (Nijhoff, La Haye, 1970).
Orissa
État du nord-est de l’Inde ;
156 000 km 2 ; 21 930 000 hab. Capit.
Bhubaneswar*.
L’Orissa, axé sur la vallée de la Mahānadī, comporte de vastes régions assez faiblement peuplées. La géographie est dominée par l’opposition entre l’intérieur montagneux, boisé, peu mis en valeur, et la plaine côtière, dont l’élément essentiel est le delta de la Mahānadī. C’est celui-ci qui a servi de noyau à la formation de l’État. L’in-térieur est longtemps resté en marge.
Le peuplement, ancien, est loin d’être homogène. Le rattachement politique au delta n’a pas été constant. Ce n’est que la réorganisation des États sur une base linguistique en 1949 qui a donné à l’Orissa son unité actuelle.
L’Orissa intérieur
Il couvre environ les deux tiers de la surface de l’État, mais ne contient qu’un peu plus du tiers de sa population. Il s’agit, en effet, d’un milieu difficile et peu mis en valeur.
La forme dominante est le plateau ondulé, mais, sur toute sa bordure orientale, le socle a été affecté de cassures et comporte des régions assez fortement soulevées et disséquées. Il existe un contraste entre l’est, plus haut, et l’ouest, où les plateaux dominent.
De plus, l’ensemble est interrompu par le fossé que suit la Mahānadī, avec une direction grossièrement N.-O. - S.-E.
La plaine alluviale est insérée dans une pénéplaine basse parsemée d’inselbergs, qui constitue un milieu original.
Le climat est extrêmement hu-
mide : les pluies, abondantes (plus de 1 300 mm en général), tombent entre juin et septembre pour l’essentiel.
Cette humidité et la présence de roches mères granito-gneissiques ont favorisé la formation de sols rouges fortement lessivés, de médiocre valeur agricole.
Il y a des bassins et des vallées tapissées d’alluvions, mais d’étendue relativement restreinte.
Faible valeur des sols et difficultés de circulation expliquent sans doute que la région ait peu attiré les paysan-
neries hindoues et qu’elle ait servi de refuge à des populations « tribales », ayant une civilisation et une culture particulières. Une grande partie de ces peuples n’ont pas adopté, ou ont adopté très tard, la culture permanente.