Troubles acquis
Des travaux récents ont mis en évidence l’action tératogène (productrice de malformations) de certaines intoxications, des sulfamides, de cer-
taines maladies à virus, des rayons X : l’hypertrophie faciale, la macroglos-sie, la micro- ou la macrognathie, etc., peuvent en résulter.
De la naissance à la calcification totale de la face et des maxillaires, les causes de malformations peuvent être divisées en causes acquises générales et causes acquises locales.
y Les causes acquises générales
sont les plus importantes, car elles agissent très tôt. Le rachitisme (avi-downloadModeText.vue.download 604 sur 625
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14
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taminose D), les hypo- ou les hyper-fonctionnements des glandes endo-
crines peuvent occasionner de grosses malformations.
y Les causes acquises locales sont provoquées essentiellement par :
— des tractions ou des pressions anormales (succion du pouce ou des autres doigts, interposition de la langue ou de la joue, positions ou habitudes vicieuses, cicatrices) ;
— des troubles de la musculature
(hypotonie) ;
— des troubles de la déglutition (syndrome de Rix) ;
— des troubles respiratoires (végétations adénoïdes, amygdales hypertrophiées, glossoptôse [chute de la langue en arrière]) ;
— des troubles articulaires (ankylose de l’articulation temporo-maxillaire) ;
— des causes thérapeutiques (port d’une minerve [plâtre englobant le cou et le thorax] dans le cas d’un torticolis musculaire permanent ou d’arthrite des articulations vertébrales) ;
— des causes dentaires (extractions prématurées, caries importantes).
Prophylaxie et traitement
des anomalies dento-
faciales
L’hygiène dentaire doit commencer dès les premiers jours de la grossesse : il convient d’éviter les carences en vitamines B2, les troubles endocriniens devront être traités dès leur apparition.
Les maladies à virus seront évitées par vaccinations préalables à la grossesse.
Du troisième au neuvième mois de la grossesse, il faut surveiller les carences calciques, les troubles endocriniens, les maladies infectieuses.
y Du premier mois de la naissance à la deuxième année, les maxillaires augmentent très fortement dans tous les sens. Cette évolution pourra être guidée, si le spécialiste le juge nécessaire, par des traitements vitaminiques A, B, C et D et par de la calcithérapie.
Il faudra s’efforcer de supprimer les mauvaises habitudes naissantes de l’enfant : succion du pouce, positions vicieuses en dormant. Les tétées devront être pratiquées en position orthostatique (corps de l’enfant presque vertical).
y De la troisième à la sixième année, moment où apparaît la première molaire définitive, il faudra faire attention particulièrement aux troubles respiratoires, aux caries, à l’insertion basse du frein de la lèvre supérieure.
Il est indispensable de faire effectuer par le spécialiste des vérifications pré-
coces et fréquentes (au moins tous les six mois) de l’évolution dento-maxillaire. Le praticien pourra entreprendre, s’il en est besoin, dès le début, un traitement orthopédique afin de prévenir les malformations.
y De sept à seize ans, c’est le stade des déformations constituées. Le
traitement sera symptomatologique, biomécanique, associé parfois à
une thérapeutique antirachitique et opothérapique
Le traitement biomécamique s’ef-
fectue à l’aide d’appareils mobiles ou d’appareils fixes.
1. Les appareils mobiles. Ce sont des appareils munis de vérins ou de ressorts destinés à engendrer des forces
actives de redressement au niveau des zones de malformations.
2. Les appareils fixes. Ce sont des arcs vestibulaires fixés à des bagues placées sur les premières molaires et qui agissent par des tractions, sur les dents alignées, au moyen de ligatures.
L’appareil de E. H. Angle fut le premier de ces arcs fixes.
Des verrous et des attachements
peuvent être placés sur les arcs. Actuellement, l’arc d’Ainsworth, arc vestibulaire, est le plus couramment utilisé, ainsi que le twin arch, qui est un très bon appareil d’alignement dentaire.
y Après seize ans, il reste encore quelques possibilités de traitement biomécanique des malformations des maxillaires, mais le traitement est surtout prothétique : suppression des malpositions et confection de bridges ou de couronnes.
Science encore jeune, l’orthopédie dento-faciale prend une importance croissante dans le traitement des malformations dentaires et buccales, entravant la croissance de l’enfant et de l’adolescent.
C.-M. S.
J. M. et M. Chateau, Précis d’orthodontie et d’orthopédie maxillo-faciale (Julien Pre-lat, 1949 ; nouv. éd., 1956). / C. P. Adams, The Design and Construction of Removable Ortho-dontic Appliance (Bristol, 1955, 4e éd., Baltimore, 1970 ; trad. fr. Appareils orthodontiques amovibles, étude et construction, Masson, 1967). / J. Philippe et coll., Orthodontie. Des principes et une technique (Prélat, 1972).
orthodoxes
Dénomination par laquelle se sont d’abord désignées les Églises qui professent la foi chrétienne, notamment en ce qui touche la personne du Christ, selon les formules adoptées dans
les quatre conciles oecuméniques de Nicée (325), de Constantinople (381), d’Éphèse (431) et de Chalcédoine
(451), avec les précisions et les compléments ajoutés par les trois conciles postérieurs de Constantinople II
(553), de Constantinople III (680-81)
et de Nicée II (787) ; d’où l’appellation Église des sept conciles parfois employée.
La dénomination Églises orthodoxes est souvent réservée à celle de ses communautés qui, ayant adopté la liturgie et la discipline byzantines, ont, à la suite du patriarcat de Constantinople, rompu la communion avec l’Église catholique romaine. Plus récemment, la même dénomination a été adoptée par d’autres Églises orientales, telles que l’Église syrienne jacobite ou l’Église copte, qui ne sont pas en communion plénière avec l’Église de Rome.
La « communion orthodoxe », ou
« orthodoxie », au sens le plus habituel de l’expression, rassemble sans doute entre 150 et 180 millions de chrétiens en une quinzaine d’Églises indépendantes (autocéphales), auxquelles s’ajoute un certain nombre d’Églises
« autonomes », c’est-à-dire jouissant du self-government, mais dont le chef suprême est désigné par l’une des Églises mères.
Esquisse historique
Du règne de Justinien (527-565)
au patriarcat de Photios (858)
Bien qu’enracinée sans aucune rupture dans la tradition des siècles antérieurs, c’est avec l’empereur Justinien* (527-565) et, dans une certaine mesure, sous son influence immédiate que l’orthodoxie manifeste les traits distinctifs qui n’ont cessé de la caractériser. Sur le plan doctrinal, la foi orthodoxe est juridiquement promulguée par le Code Justinien. Ce code et la législation subséquente règlent l’organisation et la discipline ecclésiastiques sur la base d’une fédération de cinq patriarcats, un droit d’appel et de recours en dernier ressort étant reconnu aux sièges de Rome et de Constantinople* (Nouvelle Rome) ; cette législation sera reprise et complétée au concile in Trullo, dit aussi Quinisexte (691-92), complément disciplinaire des deux conciles doc-trinaux (oecuméniques) de 553 et de 681. La reconstruction sur un plan plus vaste et plus grandiose de la basilique patriarcale de Sainte-Sophie (Sagesse divine) à Constantinople (532-537) crée le cadre dans lequel va se déve-
lopper une liturgie somptueuse, inté-
grant aux rites chrétiens, venus principalement d’Antioche, le cérémonial des « Sacrés Palais » impériaux pour magnifier le Christ « Pantocrator »