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Qui blanche flotte encore entre les nénuphars

Il s'en allait au milieu des Hamlets blafards

Sur la flûte jouant les airs de la folie

Je le revis près d'un moujik mourant compter les béatitudes

En admirant la neige semblable aux femmes nues

Je le revis faisant ceci ou cela en l'honneur des mêmes paroles

Qui changent la face des enfants et je dis toutes ces choses

Souvenir et Avenir parce que mon ami André Salmon se marie

Réjouissons-nous non pas parce que notre amitié a été le fleuve qui nous a fertilisés

Terrains riverains dont l'abondance est la nourriture que tous espèrent

Ni parce que nos verres nous jettent encore une fois le regard d'Orphée mourant

Ni parce que nous avons tant grandi que beaucoup pourraient confondre nos yeux et les étoiles

Ni parce que les drapeaux claquent aux fenêtres des citoyens qui sont contents depuis cent ans d'avoir la vie et de menues choses à défendre

Ni parce que fondés en poésie nous avons des droits sur les paroles qui forment et défont l'Univers

Ni parce que nous pouvons pleurer sans ridicule et que nous savons rire

Ni parce que nous fumons et buvons comme autrefois

Réjouissons-nous parce que directeur du feu et des poètes

L'amour qui emplit ainsi que la lumière

Tout le solide espace entre les étoiles et les planètes

L'amour veut qu'aujourd'hui mon ami André Salmon se marie

L'Adieu

J'ai cueilli ce brin de bruyère

L'automne est morte souviens-t'en

Nous ne nous verrons plus sur terre

Odeur du temps brin de bruyère

Et souviens-toi que je t'attends

Salomé

Pour que sourie encore une fois Jean-Baptiste

Sire je danserais mieux que les séraphins

Ma mère dites-moi pourquoi vous êtes triste

En robe de comtesse à côté du Dauphin

Mon cœur battait battait très fort à sa parole

Quand je dansais dans le fenouil en écoutant

Et je brodais des lys sur une banderole

Destinée à flotter au bout de son bâton

Et pour qui voulez-vous qu'à présent je la brode

Son bâton refleurit sur les bors du Jourdain

Et tous les lys quand vos soldats ô roi Hérode

L'emmenèrent se sont flétris dans mon jardin

Venez tous avec moi là-bas sous les quinconces

Ne pleure pas ô joli fou du roi

Prends cette tête au lieu de ta marotte et danse

N'y touchez pas son front ma mère est déjà froid

Sire marchez devant trabants marchez derrière

Nous creuserons un trou et l'y enterrerons

Nous planterons des fleurs et danserons en rond

Jusqu'à l'heure où j'aurai perdu ma jarretière

Le roi sa tabatière

L'infante son rosaire

Le curé son bréviaire

La porte

La porte de l'hôtel sourit terriblement

Qu'est-ce que cela peut me faire ô ma maman

D'être cet employé pour qui seul rien n'existe

Pi-mus couples allant dans la profonde eau triste

Anges frais débarqués à Marseille hier matin

J'entends mourir et remourir un chant lointain

Humble comme je suis qui ne suis rien qui vaille

Enfant je t'ai donné ce que j'avais travaille

Merlin et la vieille femme

Le soleil ce jour-là s'étalait comme un ventre

Maternel qui saignait lentement sur le ciel

La lumière est ma mère ô lumière sanglante

Les nuages coulaient comme un flux menstruel

Au carrefour où nulle fleur sinon la rose

Des vents mais sans épine n'a fleuri l'hiver

Merlin guettait la vie et l'éternelle cause

Qui fait mourir et puis renaître l'univers

Une vieille sur une mule à chape verte

S'en vint suivant la berge du fleuve en aval

Et l'antique Merlin dans la plaine déserte

Se frappait la poitrine en s'écriant Rival

O mon être glacé dont le destin m'accable

Dont ce soleil de chair grelotte veux-tu voir

Ma Mémoire venir et m'aimer ma semblable

Et quel fils malheureux et beau je veux avoir

Son geste fit crouler l'orgueil des cataclysmes

Le soleil en dansant remuait son nombril

Et soudain le printemps d'amour et d'héroïsme

Amena par la main un jeune jour d'avril

Les voies qui viennent de l'ouest étaient couvertes

D'ossements d'herbes drues de destins et de fleurs

Des monuments tremblants près des charognes vertes

Quand les vents apportaient des poils et des malheurs

Laissant sa mule à petits pas s'en vint l'amante

A petits coups le vent défripait ses atours

Puis les pâles amants joignant leurs mains démentes

L'entrelacs de leurs doigts fut leur seul laps d'amour

Elle balla mimant un rythme d'existence

Criant Depuis cent ans j'espérais ton appel

Les astres de ta vie influaient sur ma danse

Morgane regardait de haut du mont Gibel

Ah! qu'il fait doux danser quand pour vous se déclare

Un mirage où tout chante et que les vents d'horreur

Feignent d'être le rire de la lune hilare

Et d'effrayer les fantômes avants-coureurs

J'ai fait des gestes blancs parmi les solitudes

Des lémures couraient peupler les cauchemars

Mes tournoiements exprimaient les béatitudes

Qui toutes ne sont rien qu'un pur effet de l'Art

Je n'ai jamais cueilli que la fleur d'aubépine

Aux printemps finissants qui voulaient défleurir

Quand les oiseaux de proie proclamaient leurs rapines

D'agneaux mort-nés et d'enfants-dieux qui vont mourir

Et j'ai vieilli vois-tu pendant ta vie je danse

Mais j'eusse été tôt lasse et l'aubépine en fleurs

Cet avril aurait eu la pauvre confidence

D'un corps de vieille morte en mimant la douleur

Et leurs mains s'élevaient comme un vol de colombes

Clarté sur qui la nuit fondit comme un vautour

Puis Merlin s'en alla vers l'est disant Qu'il monte

Le fils de ma Mémoire égale de l'Amour

Qu'il monte de la fange ou soit une ombre d'homme

Il sera bien mon fils mon ouvrage immortel

Le front nimbé de feu sur le chemin de Rome

Il marchera tout seul en regardant le ciel

La dame qui m'attend se nomme Viviane

Et vienne le printemps des nouvelles douleurs

Couché parmi la marjolaine et les pas-d'âne

Je m'éterniserai sous l'aubépine en fleurs

Saltimbanques

A Louis Dumur

Dans la plaine les baladins

S'éloignent au long des jardins

Devant l'huis des auberges grises

Par les villages sans églises

Et les enfants s'en vont devant

Les autres suivent en rêvant

Chaque arbre fruitier se résigne

Quand de très loin ils lui font signe

Ils ont des poids ronds ou carrés

Des tambours des cerceaux dorés

L'ours et le singe animaux sages

Quêtent des sous sur leur passage

Le larron

CHŒUR

Maraudeur étranger malheureux malhabile

Voleur voleur que ne demandais-tu ces fruits

Mais puisque tu as faim que tu es en exil

Il pleure il est barbare et bon pardonnez-lui

LARRON

Je confesse le vol des fruits doux des fruits mûrs

Mais ce n'est pas l'exil que je viens simuler