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— Excuse-moi, fit-elle aussitôt, je suis trop excitée. J’ai trop envie de toi. Mais, comme ça, juste un peu, je ne peux pas.

Elle haletait, ses seins se soulevaient à toute vitesse, elle avait un regard de folle.

Les glaces s’étaient couvertes de buée et Malko ne distinguait plus l’extérieur. Une seule idée galopait dans sa tête : baiser cette somptueuse femelle qui s’agitait dans ses bras. Il reprit son massage, malgré sa supplication.

La tête rejetée en arrière, les doigts croches dans son siège, elle bondissait sur place avec des grognements rauques. Décollant chaque fois au point que sa tête heurtait le pavillon de la voiture !

Un vrai rodéo. Mais elle ne cherchait plus à écarter les doigts de Malko qui pianotaient diaboliquement sur son point le plus sensible.

— Ah !

Un grondement de fauve. Elle mordait sa main, il pouvait distinguer tous les muscles de sa mâchoire crispés, tétanisés. Il accéléra son mouvement tournant et tout à coup, elle se mit à faire des bonds prodigieux, désordonnés. En dépit de la main qu’elle se mordait, un cri violent, animal, jaillit de sa gorge. Ses cuisses se refermèrent comme un étau et elle resta haletante, muette et satisfaite.

Malko aurait sodomisé une chèvre, tant il était excité. Mais Zakra, le regard noyé, cuvait son orgasme, sans plus se soucier de lui.

Vexé, il n’avait même plus envie de la caresser. Elle tourna la tête vers lui avec un sourire complice.

— Tu n’aurais pas dû ! Maintenant, je ne suis plus bonne à rien.

Elle secoua lentement la tête.

— Non, pas cette fois, je n’ai pas le temps. Il rengaina sa rage. Zakra se conduisait comme un homme égoïste. Le ventre en paix, elle voyait Malko d’un œil différent, sans vouloir remarquer son érection tenace.

* * *

La Mercedes poussiéreuse s’arrêta dans la rue Ostrom juste en face de l’Eden. Pavel Sakharov en descendit et s’étira. Presque deux mille kilomètres de route depuis Athènes, et, en Yougoslavie, ils s’étaient fait prendre dans une embuscade. Mais, si son corps était fatigué, son cerveau était parfaitement clair… Son chauffeur demeura au volant et lui se dirigea vers la porte de l’Eden, escorté de ses deux gardes du corps, anciens lutteurs du Grand Cirque de Moscou. Massifs, puissants, se déplaçant silencieusement sur des bottes souples.

L’un d’eux dut frapper plusieurs minutes avant qu’un portier galonné à la tunique ouverte vienne aux nouvelles.

— Vous voyez bien que c’est fermé, lança-t-il d’un ton hargneux. Ça ouvre à dix heures.

Un des deux gardes avait déjà le pied dans la porte et le repoussait sans véritable violence, mais avec tant de force que le portier alla heurter un des deux jeux vidéo de l’entrée. Pavel Sakharov referma la porte derrière eux. Ses yeux bleus très clairs sans expression se posèrent sur le portier.

— Karim est là ? demanda-t-il. La pomme d’Adam de l’homme monta et descendit rapidement.

— Oui, je crois.

— Mène-nous jusqu’à lui.

— Il faut que je vous annonce.

Pavel Sakharov fit un léger signe de tête. Un des deux gardes avança, prit le portier à la gorge et le souleva du sol.

— Ce n’est pas la peine de le déranger, dit-il d’une voix rouée. On va lui faire la surprise.

Le portier prit rapidement sa décision : il sentit que ces trois hommes étaient encore plus dangereux que son patron. Dès que ses pieds touchèrent à nouveau le sol, il tira sur sa veste et les précéda dans la grande salle déserte. Un peu plus loin, il fit pivoter une grande glace, découvrant un couloir peint en noir. Après le coude, il y avait une porte rouge, massive, avec une poignée de cuivre.

— C’est là, dit-il.

Pavel Sakharov le remercia d’un sourire glacial, puis tourna la poignée et poussa la porte. Le battant dévoila une petite pièce aux murs couverts de photos de filles en tenue légère. Face au trio, un bureau encombré où un homme en manches de chemise était en train de faire des comptes. Derrière lui, un énorme et antique coffre-fort gris. Au bruit de la porte, Karim Nazarbaiev leva la tête. Pendant une fraction de seconde, ses yeux flottèrent dans leurs orbites puis se stabilisèrent, comme épingles par des aiguilles invisibles. Encore quelques fractions de seconde et un sourire faussement chaleureux se plaqua sur le visage du mafioso kirghize.

— Pavel !

— Pas de nom, lança le Russe avec un sourire d’iceberg.

L’injonction avait claqué comme un coup de fouet. Sakharov faisait irrésistiblement penser à un officier SS. Une tête de serpent froid. Le front dégarni, les yeux bleus très pâles, le buste droit. Pas rassurant.

Karim Nazarbaiev contourna son bureau et l’étreignit pourtant, ignorant les deux hommes qui s’étaient appuyés à la porte.

— Reprends ta place, conseilla Pavel Sakharov, je ne resterai pas longtemps. Je passais par hasard par Budapest, j’ai voulu te saluer et prendre des nouvelles de nos affaires.

Le mafioso kirghize s’était réinstallé à son bureau et Pavel Sakharov s’assit familièrement sur le bord jouant avec un cendrier.

— Tout s’est-il bien passé pour notre petite affaire ? demanda-t-il d’un ton léger.

Le regard de Karim Nazarbaiev flotta une fraction de seconde, puis les coins de sa bouche s’abaissèrent. C’était le moment difficile. Il avait eu beau s’y préparer, les mots sortaient mal.

— Non, avoua-t-il piteusement. J’attendais que tu sois rentré de voyage pour te le dire. Il y a eu un problème.

— Lequel ?

La voix de Pavel Sakharov était coupante comme un rasoir.

— Je ne sais pas vraiment, répondit Karim Nazarbaiev. Comme prévu, j’avais envoyé un de mes hommes — le plus sûr — remettre à ton contact ce que tu m’avais donné. Tout avait été arrangé à travers le réseau iranien d’ici et cela paraissait bien calé.

— Et alors ? demanda Pavel Sakharov, sans élever la voix. Le mafioso kirghize n’arrivait pas à affronter le regard de son interlocuteur.

— J’ignore ce qui s’est passé, avoua-t-il. Mes trois hommes ont été liquidés par ceux avec qui ils avaient rendez-vous. C’est la police hongroise qui les a découverts le soir même. Je ne comprends pas.

Il se tut, avalant sa salive avec difficulté. Pavel Sakharov l’observait comme un cobra sur le point de déguster un lapin particulièrement tendre. Il se délectait. Habitué de longue date aux interrogatoires, il « sentait » le trouble de son interlocuteur.

— Et l’échantillon ? demanda-t-il d’une voix égale. Tu l’as récupéré ? Incapable de répondre, Karim Nazarbaiev secoua la tête négativement :

— Pourquoi ?

— La police était déjà là, balbutia-t-il.

— Qu’est-il devenu ?

Pavel Sakharov s’était instinctivement penché en avant. On entrait dans la zone rouge. Même dans ses pires cauchemars, il n’avait pas pensé que la catastrophe puisse s’étendre jusque-là ! Karim Nazarbaiev sentit sa tension et mit un bon moment à répondre avec une fausse assurance.

— Stephan a dû être enterré avec. Ou le truc est tombé par terre et personne n’y a prêté attention. Ou les Iraniens l’ont piqué.

— Ils n’avaient pas à le « piquer », releva Pavel Sakharov, puisqu’on le leur donnait. Tu n’as quand même pas cherché à le leur vendre ?