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Dan Brown

Anges et démons

(Angels & demons)

2000

– 1 –

Les faits

Le plus grand pôle de recherche scientifique au monde, le CERN (Centre européen pour la recherche nucléaire), a récemment réussi à produire les premiers atomes d'antimatière. L'antimatière est identique à la matière, si ce n'est qu'elle se compose de particules aux charges électriques inversées.

L'antimatière est la plus puissante source énergétique connue. Contrairement à la production d'énergie nucléaire par fission, dont l'efficience se borne à 1,5 %, elle transforme intégralement sa masse en énergie. En outre, elle ne dégage ni pollution ni radiations.

Il y a cependant un problème:

L'antimatière est extrêmement instable. Elle s'annihile en énergie pure au contact de tout ce qui est... même l'air. Un seul gramme d'antimatière recèle autant d'énergie qu'une bombe nucléaire de 20 kilotonnes, la puissance de celle qui frappa Hiroshima.

Jusqu'à ces dernières années, on n'avait réussi à produire que quelques infimes quantités d'antimatière (quelques atomes à la fois). Mais le « décélérateur d'antiprotons »

récemment mis au point par le CERN ouvre de

formidables perspectives: sa capacité de production d'antimatière est considérablement renforcée.

Se pose désormais une angoissante question: cette substance hautement volatile sauvera-t-elle le monde, ou sera-t-elle utilisée pour créer l'arme la plus destructrice de l'histoire?

Note de l'auteur

Tous les tombeaux, sites souterrains, édifices architecturaux et œuvres d'art romains auxquels se réfère cet ouvrage existent bel et bien. On peut encore les admirer aujourd'hui.

Quant à la Confrérie des Illuminati, elle a aussi existé.

– 2 –

CITÉ DU VATICAN

1 Basilique Saint-Pierre

2 Place Saint-Pierre

3 Chapelle Sixtine

4 Cour Borgia

5 Bureau du pape

6 Musées du Vatican

7 PC de la Garde suisse

8 Héliport

9 Jardins

10 Passeto

11 Cour du Belvédère

12 Postes vaticanes

1 3 S a l l e P a u l V I (audiences pontificales)

14 Governatorato

– 3 –

Prologue

En reniflant une odeur de chair brûlée, le physicien Leonardo Vetra comprit que c'était la sienne. Il leva des yeux terrorisés vers la silhouette penchée sur lui.

— Que voulez-vous?

La chiave, répondit la voix rauque, le mot de passe.

— Mais... je n'ai pas...

L'intrus appuya de nouveau, enfonçant plus profondément l'objet blanc et brûlant dans la poitrine de Vetra. On entendit un grésillement de viande sur le gril.

Vetra poussa un hurlement de douleur.

— Il n'y a pas de mot de passe!

Il se sentait basculer dans le néant.

Son bourreau lui jeta un regard furibond.

— Exactement ce que je craignais. Ne avevo paura!

Vetra lutta pour ne pas perdre connaissance, mais le voile qui le séparait du monde s'épaississait. Son seul réconfort: savoir que son agresseur n'obtiendrait jamais ce qu'il était venu chercher. Quelques instants plus tard, l'homme sortit un couteau. La lame s'approcha du visage de Vetra. Avec une délicatesse toute chirurgicale.

— Pour l'amour de Dieu! hurla le mourant d'une voix étranglée.

Mais il était trop tard.

– 4 –

1

Au sommet des marches de la grande pyramide de Gizeh, une jeune femme riait et l'appelait.

— Robert, dépêche-toi! Décidément, j'aurais dû épouser un homme plus jeune!

Son sourire était magique.

Il s'efforçait de la suivre mais ses jambes étaient deux blocs de pierre.

— Attends-moi! supplia-t-il. S'il te plaît!

Alors qu'il recommençait à grimper, la vision se brouilla. Son cœur cognait comme un gong à ses oreil es. Je dois la rattraper! Mais quand il leva de nouveau les yeux, la femme avait disparu. À sa place se tenait un vieillard aux dents gâtées. L'homme regardait vers le bas, un étrange rictus retroussait ses lèvres. Puis il poussa un cri d'angoisse qui résonna dans le désert.

Robert Langdon se réveilla en sursaut de son cauchemar. Le téléphone sonnait à côté de son lit. Émergeant péniblement, il décrocha l'appareil.

— Allô?

— Je cherche à joindre Robert Langdon, fit une voix d'homme.

Langdon s'assit dans son lit et essaya de reprendre ses esprits.

— C'est... c'est lui-même.

Il cligna des yeux en tournant la tête vers son réveil numérique.

Celui-ci affichait 5 h 18 du matin.

— Il faut que je vous rencontre sur-le-champ.

— Mais qui êtes-vous?

— Je me nomme Maximilien Kohler. Je suis physicien.

Spécialisé en physique des particules, pour être précis.

— Quoi?

Langdon se demandait s'il était vraiment réveillé.

— Vous êtes sûr que je suis le Langdon que vous cherchez?

— Vous êtes professeur d'iconologie religieuse à Harvard.

Vous êtes l'auteur de trois ouvrages sur les systèmes symboliques et...

— Savez-vous l'heure qu'il est?

– 5 –

— Excusez-moi. J'ai quelque chose à vous montrer. Il m'est impossible d'en parler au téléphone.

Langdon poussa un marmonnement entendu. Ce n'était pas la première fois. L'un des risques qui guettent l'auteur de livres sur la symbolique religieuse, c'est justement ce genre d'appels d'illuminés. Ils viennent de recevoir un message de Dieu et ils demandent confirmation au spécialiste. Le mois précédent, une danseuse de cabaret de Tulsa dans l'Oklahoma lui avait promis la nuit d'amour de sa vie s'il prenait l'avion pour authentifier le signe de croix qui venait d'apparaître sur sa housse de couette.

Langdon avait baptisé ce nouveau cas « le suaire de Tulsa ».

— Comment avez-vous eu mon numéro? demanda Langdon en essayant de garder son calme malgré l'heure matinale.

— Sur le Web, sur le site de votre bouquin.

Langdon fronça les sourcils. Il était parfaitement sûr que le site de son livre ne donnait pas son numéro de téléphone privé.

Ce type mentait, de toute évidence.

— Il faut que je vous voie, insista l'autre. Je vous paierai bien.

Langdon sortit de ses gonds.

— Je suis désolé, mais vraiment je n'ai rien à...

— Si vous partez tout de suite, vous pouvez être ici vers...

— Je n'irai nulle part! Il est 5 heures du matin! Langdon raccrocha et se laissa choir sur son lit. Il ferma les yeux et essaya de se rendormir. Peine perdue. Il était trop contrarié. A regret, il enfila son peignoir et descendit au rez-de-chaussée.

Robert Langdon traversa pieds nus le grand salon vide de sa demeure victorienne du Massachusetts et se prépara le remède habituel des nuits d'insomnie, un bol de chocolat instantané en poudre. La lune d'avril filtrait à travers les portes-fenêtres et animait les motifs des tapis orientaux. Il balaya la pièce du regard. Ses collègues le taquinaient souvent sur son intérieur -

celui-ci évoquait davantage, selon eux, un musée d'anthropologie qu'une habitation privée. Ses étagères étaient bondées d'objets d'art religieux du monde entier - un ekuaba du Ghana, une croix en or espagnole, une idole cycladique de la mer Égée et même un rare boccus tissé de Bornéo, symbole de jeunesse éternelle porté par les jeunes guerriers indonésiens.

– 6 –

Assis sur son coffre Maharishi en cuivre, Langdon savourait son chocolat en surveillant d'un œil distrait son reflet dans la baie vitrée. L'image déformée et pâle évoquait un fantôme. Un fantôme vieillissant, songea le professeur, cruellement rappelé à la réalité de sa condition: un esprit jeune dans une enveloppe mortelle.