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Excellent, pensa Macri. Et maintenant, la dernière ligne droite.

— Le professeur Langdon, de Harvard est malheureusement absent de nos écrans ce soir, poursuivit Glick. Cet éminent spécialiste en symbolique religieuse était venu apporter au Vatican son expertise sur les Illuminati. Porté disparu après l'explosion de l'antimatière, nous avons appris qu'il était revenu sain et sauf sur la place Saint-Pierre après l'explosion. Nous ne connaissons pas encore les détails exacts de l'histoire mais le représentant de l'Hôpital des Frères de Saint-Jean-de-Dieu où le savant américain a été soigné, nous a certifié avoir vu M. Langdon tomber du ciel dans le Tibre un peu après minuit. (Glick leva les sourcils vers la caméra.) Et si cette information est confirmée, alors on pourra affirmer que c'était effectivement la nuit de tous les miracles.

Une fin parfaite! Macri affichait un large sourire. Un commentaire nickel! Maintenant, termine!

Mais Glick n'entendait pas en rester là. Il demeura silencieux un moment et se tourna vers la caméra, un mystérieux sourire aux lèvres.

— Mais avant de conclure...

Non!

—... Je tiens à vous présenter un invité.

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Les mains de Chinita serrèrent convulsivement la caméra.

Un invité? se demanda-t-elle. Bon sang mais qu'est-ce qu'il fait? Quel invité? Termine! Mais elle savait qu'il était trop tard. Glick remettait ça!

— L'homme que je vais vous présenter, reprit le journaliste, est américain. Il s'agit d'un célèbre professeur.

Chinita hésita. Quand Glick se tourna vers le petit groupe et fit un signe à son invité d'avancer, elle retint sa respiration.

Elle pria en silence. S'il te plaît, dis-moi qu'il a réussi à retrouver Robert Langdon... et pas je ne sais quel cinglé qui va remettre ça avec le complot des Illuminati.

Mais quand l'invité de Glick se présenta, Macri sentit son sang se glacer. Ce n'était absolument pas Robert Langdon mais un homme chauve vêtu d'un jean et d'une chemise de flanelle. Il tenait une canne et portait des lunettes épaisses. Macri crut devenir folle. Un cinglé!

— Je vous présente, annonça Glick, le célèbre professeur Joseph Vaneck de l'université De Paul de Chicago, éminent spécialiste du Vatican.

Macri eut un instant d'hésitation en voyant l'homme arriver.

Ce n'était pas un mordu du complot, Macri avait déjà entendu parler de lui.

— Dr Vaneck, poursuivit Glick, vous avez, je crois, quelques informations à nous communiquer au sujet du dernier conclave.

— Oui, en effet, fit Vaneck. Après une nuit si riche de surprises, il est difficile de croire que d'autres étonnements nous attendent... et pourtant....

Il s'arrêta.

Glick sourit.

— Et pourtant ce conclave n'est pas au bout de ses rebondissements?

Vaneck acquiesça.

— Oui. Si bizarre que cela puisse paraître, je crois que le Sacré Collège a élu sans le savoir deux papes ce week-end.

Macri faillit lâcher sa caméra.

Glick eut un sourire malicieux.

— Deux papes, dites-vous?

Le professeur acquiesça.

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— Oui. Je dois d'abord vous dire que j'ai consacré l'essentiel de ma carrière à étudier les lois qui régissent l'élection pontificale. Le droit des conclaves est extrêmement complexe, et on tend à l'oublier ou à ne plus en tenir compte. Même le Grand Électeur ne sait sans doute pas ce que je vais vous révéler. Cependant... selon les lois, aujourd'hui oubliées, que détaille le Romano Pontifici Eligendo, Numero 63... le vote n'est pas la seule méthode pour élire un pape. Il en existe une plus divine. On l'appelle « Acclamation par Adoration ». Il marqua une pause. Et c'est ce qui s'est produit la nuit dernière.

Glick jeta un regard interrogateur vers son invité.

— Continuez s'il vous plaît.

— Comme vous le savez, poursuivit le professeur, la nuit dernière quand le camerlingue Carlo Ventresca se tenait sur la terrasse de la basilique, tous les cardinaux ont hurlé son nom à l'unisson.

— Oui, je m'en souviens.

— En gardant cette image en tête, permettez-moi de vous lire un passage des anciennes lois électorales.

L'homme retira quelques feuilles de sa poche, se racla la gorge, et commença à lire.

« L'Election par Adoration a lieu quand... tous les cardinaux, inspirés par le Saint-Esprit, librement et spontanément, unanimement et fort, proclament un nom. »

Glick sourit.

— Vous êtes donc en train de dire que la nuit dernière, quand les cardinaux chantaient les louanges de Carlo Ventresca, ils étaient en fait en train d'élire un pape?

— C'est exactement cela. De plus, le texte stipule que l'Élection par Adoration concerne non seulement les cardinaux mais permet à tout homme d'Église, prêtre, évêque ou cardinal -

d'être élu. Ainsi le camerlingue était parfaitement qualifié pour l'élection papale selon cette procédure.

Le Dr Vaneck fixait maintenant la caméra.

— Les faits peuvent donc se résumer ainsi: Carlo Ventresca a été élu pape la nuit dernière. Il a régné moins de dix-sept minutes. Et s'il n'avait pas miraculeusement disparu dans un

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nuage de fumée, il serait à l'heure qu'il est, enterré dans les grottes du Vatican auprès des autres papes.

— Merci, docteur. (Glick se tourna vers Macri àvec un regard espiègle.) Extrêmement éclairant!

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En haut des marches du Colisée, Vittoria riait et l'appelait.

— Robert, dépêche-toi! Décidément, j'aurais dû épouser un homme plus jeune!

Son sourire était enchanteur.

Il essayait désespérément d'avancer, mais ses jambes étaient aussi lourdes que des blocs de pierre.

— Attends-moi, supplia-t-il. S'il te plaît...

Il sentait des coups de marteau dans sa tête. Robert Langdon s'éveilla en sursaut.

Il faisait noir.

Il resta allongé un long moment dans la douceur du lit étranger, incapable de se souvenir de l'endroit où il se trouvait. Les oreillers en plume d'oie étaient gigantesques et moelleux à souhait. Une odeur de pot-pourri flottait dans l'air. De l'autre côté de la chambre, deux baies vitrées donnaient sur un large balcon où une brise légère faisait onduler les arbres sous un ciel peuplé de nuages derrière lesquels brillait un intense clair de lune.

Langdon essaya de rassembler ses souvenirs. Comment était-il arrivé ici... et où était-il?

Des bribes de souvenirs lui revenaient peu à peu...

Un bûcher mystique... un ange qui se matérialisait au milieu de la foule... sa douce main prenant la sienne et le guidant dans la nuit... menant son corps las, fourbu, à travers les rues...

l'emmenant jusqu'ici... cette suite... lui faisant prendre, à moitié endormi, une douche tiède... le conduisant dans ce lit... et le regardant sombrer dans le sommeil.

Dans la pénombre, il distingua un second lit, vide, aux draps froissés. Il entendait le bruit d'une douche venant d'une pièce voisine.

En regardant le lit de Vittoria, il vit un nom brodé sur la taie d'oreiller. HOTEL BERNINI. Langdon sourit. Vittoria avait bien choisi. Le luxe de l'Ancien Monde surplombant la Fontaine du Triton, du Bernin... le plus pertinent des choix.