Elle allume une cigarette, un type en imper au comptoir la mate avec insistance. Soit il l'a vue en exploser un dans la journée, et il ne devrait pas la fixer comme ça; soit il aime la connasse bien vulgaire. Elle a un faible pour les garçons qui ont bon goût. Elle glisse sa main entre ses jambes en le regardant, écarte légèrement les cuisses, remonte la main sur son ventre, penche la tête et se fait briller la bouche en y passant le bout de la langue. Puis son autre main passe sur sa poitrine, comme pour remettre son pull correctement.
Elle laisse de la thune sur la table. Il la suit quand elle sort. Il fait vraiment bon dehors. Elle pense: «Pourvu que ça ne soit pas un détraqué, ce serait con de me faire taillader le ventre maintenant.» Elle a son gun quelque part dans son sac, mais il aurait le temps de l'assommer avant qu'elle le retrouve. Tout cela est mal organisé. Elle joue de la croupe ostensiblement. Elle le sent juste derrière elle. Elle ralentit, s'arrête devant une vitrine d'appareils ménagers. Il se tient derrière elle, caresse son cul avec toute la main, sans hésitation, lui palpe fermement l'entrecuisse. Elle se cambre un peu, frotte ses fesses à la queue qu'elle sent déjà bien dure. Par-derrière, il empoigne ses seins, les malaxe et les pince. Elle sent son sexe à elle se mouiller par petites giclées nerveuses et chaudes. Il l'entraîne sans la lâcher jusqu'à un recoin où sont entassées des poubelles. Odeur d'ordures, murs en béton gris. Elle baisse son collant jusqu'aux genoux, suce deux doigts et les passe dans sa fente qu'elle écarte généreusement pour qu'il vienne. Elle est appuyée au mur de l'autre main. Il rentre d'abord juste le bout de son sexe, l'appelle sa petite salope en lui tirant doucement sur les cheveux. Puis l'écrase contre le mur en lui écartant les reins. Bruits mouillés du dedans-dehors, bonne cadence des ventres qui ont des choses à se dire. Elle s'habitue à lui, chope le rythme et bouge en conséquence. Il balance le coup final et éjacule en grognant. Comme elle sent qu'elle peut rester encore un moment en l'air, elle se branle sans se retourner pendant qu'il se rhabille. Tend son corps quand elle vient, puis se laisse glisser à genoux, le temps de récupérer. Elle l'entend partir, elle ne bouge pas tout de suite. En regardant l'allée, elle se demande ce qu'elle préfère y pratiquer, la levrette ou le carnage. Pendant que le type la besognait, elle a pensé à la scène de l'après-midi, comment Nadine a explosé la femme contre le mur, comment elle s'est fait détruire par le gun. Bestial, vraiment. Bon comme de la baise. À moins que ça soit la baise qu'elle aime comme du massacre. Elle remet ses collants et sort de l'allée. Il fait vraiment trop bon dehors, elle retourne à l'hôtel sans se presser.
10
Le mec à la réception a l'air content quand Nadine descend. Il lui offre une bière, elle s'assoit à côté de lui devant la télé. C'est une toute petite pièce juste derrière le comptoir. La lumière bleue de l'écran lui rappelle le vieux de l'impasse Casino.
Il la détaille discrètement de profil, lui fait la conversation. Ils parlent des émissions télé qu'ils aiment bien. À un moment, il la prend par le menton en lui faisant un compliment bidon, elle rougit, baisse les yeux. Il dit:
– C'est dingue comme t'es timide, toi.
Il l'embrasse, sa langue accélère dans sa bouche, comme pour exprimer qu'il s'excite. Il retourne chercher deux bières. Il est vraiment jovial et content de comment ça se passe, il lui parle comme s'ils étaient deux gamins qui s'aiment bien dans la cour de récréation. Il met sa main sur son épaule, caresse sa nuque. Elle fait attention au frisson qui la traverse, elle aime bien qu'il parle doucement, qu'il fasse de la tendresse. Lui parle comme à une môme. Petite, elle enlevait sa culotte dans la cour de récréation et les garçons pouvaient lui toucher les fesses contre des Carambar. Des séances qui la rendaient furieusement fébrile au bas-ventre, elle ne savait pas encore qu'il fallait se toucher pour en profiter.
Elle l'embrasse longtemps, il n'ose pas trop la peloter, Nadine le soupçonne d'avoir peur qu'elle le prenne mal. Il a les lèvres charnues, des traits d'enfant sur un visage d'homme, un enfant arrogant et exigeant, habitué à beaucoup d'amour. Les yeux mi-clos, il se laisse caresser, elle sent que sa queue est dure sous la toile du Jean. Elle se met à genoux en face de lui, sort son sexe et lèche le gland en bénissant la circoncision. Si elle fait de son mieux, s'applique avec sa bouche à le toucher comme il aime, avec ses doigts trouver comment prendre ses couilles, si elle fait de son mieux, elle l'entendra gémir. Elle relève la tête pour le voir, le fameux échange de regard entre suceuse et sucé. Son sexe est fin et court, elle peut l'absorber entier et le garder longtemps en le travaillant avec la langue sans être gênée pour respirer. Elle en fait bon usage, lui fait du bien autant qu'elle peut. Il caresse sa nuque, se laisse faire sans la guider. Elle le sent se tendre comme si elle faisait quelque chose de très important, puis se relâcher en soufflant joliment. Elle demande: «Branle-toi devant moi» et le regarde faire. À un moment, il l'attrape par les cheveux et se sert de sa bouche. Tout vient directement au fond de sa gorge. Ça a toujours le même goût, ça change juste en quantité d'un garçon à l'autre. À moins qu'elle ne fasse pas assez attention.
Après, il est un peu gêné, mais il reste gentil avec elle, à lui raconter des histoires. Elle dit que sa copine a un peu le blues et qu'elle préfère remonter avec elle. Il demande si elle reviendra, elle hausse les épaules, dit qu'elle ne sait pas si elle pourra. Il a l'air décontenancé et il insiste un peu pour qu'elle revienne. Elle remonte. Manu n'est pas revenue à la chambre. Nadine cherche la bouteille de whisky, prend une douche, aligne les walkmans sur le lit, il y en a cinq. Elle les essaie un par un et repère sans problème le meilleur de tous.
DEATH ROW. HOW LONG CAN YOU GO.
11
Quand Manu rentre, Nadine se rend compte qu'elle est complètement raide parce qu'elle a du mal à se mettre assise, la tête qui tourne à fond dès qu'elle bouge. L'autre braille: «Te dérange pas pour moi» et elle vient à côté du lit. Elle demande en se désapant:
– Est-ce qu'il a fait de toi une femme épanouie?
Parce qu'elles avaient discuté du réceptionniste avant qu'elle aille faire un tour. Nadine répond:
– Tout s'est passé exactement comme il fallait que ça se passe.
– C'est souvent comme ça avec le sexe.
– Je te trouve bien alerte, très «femme épanouie justement».
– Juste. Est-ce que tu as fini la bouteille de skiwi?
– Je te ferais pas ça.
Le temps que la petite aille la chercher à l'autre bout de la pièce et Nadine dort du sommeil du raide. Manu allume la télé. Éventre un paquet de fraises Tagada et les mélange avec des M amp;M's. Elle puise dans le tas par poignées et regarde des clips à la télé. Elle a rapporté de la bière en petites bouteilles qu'elle envoie rouler sous le lit quand elle en a fini une. Elle attend d'être vraiment défoncée pour aller se coucher. Elle pense à ses loyers en retard qu'elle n'a pas payés, ça lui serre l'estomac dès que ça lui vient à l'esprit, une angoisse de réflexe. Elle met un peu de temps à réaliser qu'elle n'en a plus rien à foutre. Un point de détail, et encore. Elle s'enfonce bien dans son fauteuil. Nadine dort roulée en boule sur le lit, elle a souvent des attitudes de gros bébé battu quand elle se laisse aller. Aux coudes, sa peau est un peu plus rugueuse, grise. Manu éteint sa clope sur l'accoudoir du fauteuil. Elle y croit pas une seconde, comme les clips à la télé sont chouettes. Elle décroche le téléphone, demande le numéro de sa locataire à la réception. Elle le connaît par cœur, à force d'appeler pour s'excuser de ce qu'elle va encore payer en retard, s'en prendre plein la gueule parce que l'autre est vraiment une vieille pute. Le réceptionniste demande s'il peut «se permettre de demander à parler à Nadine». Manu répond: «En tout cas, moi, à ta place, je me permettrais pas, connard» et lui demande de lui passer sa communication. La vieille met un moment à décrocher, Manu hurle littéralement: