— Bravissimo, Maestro !
Rodolphe sort le dernier du grand théâtre. Des badauds traînent sur le parvis. Il signe quelques photos puis s’écarte timidement. Une fine pluie vient de la mer Baltique comme un voile de soie. Les rues encore froides luisent dans cette nuit de printemps timide. Rodolphe remonte le col de son manteau. Un claquement de mains résonne entre les murs. Un inconditionnel, un admirateur, l’aura suivi jusque-là. Puis une voix, un accent de Bavière qui roule légèrement.
— Bravo, Petit Homme. Tu as été le plus grand des chefs d’orchestre.
— Eva ?
Une femme marche lentement vers lui et s’arrête dans la lumière d’un réverbère.
— C’est bien moi. Je ne suis pas un fantôme du passé.
Une mèche de ses cheveux blonds est attachée avec une épingle sur le côté, comme autrefois. Elle sourit tendrement.
— La guerre n’a pas tout détruit, tu vois.
Elle tient dans sa main un petit objet luisant. Un étrange galet en forme de cœur.