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Jack Campbell

Bouclier périlleux

À Mary Hughes Gaudreau, pour tout le bien qu’elle s’efforce de faire en ce monde,

et pour être de si longue date une excellente amie de l’indomptable S.

À S., comme toujours.

La flottille de Midway

KOMMODORE ASIMA MARPHISSA, COMMANDANTE EN CHEF

(Tous les vaisseaux sont d’anciennes unités mobiles des Mondes syndiqués.)

UN CUIRASSÉ

Midway (pas encore opérationnel)

QUATRE CROISEURS LOURDS

Manticore, Griffon, Basilic et Kraken

SIX CROISEURS LÉGERS

Faucon, Balbuzard, Épervier, Busard, Milan et Aigle

DOUZE AVISOS

Guetteur, Sentinelle, Éclaireur, Défenseur, Gardien, Pisteur, Protecteur, Patrouilleur, Guide, Avant-Garde, Planton et Vigie

GRADES DE LA FLOTTILLE DE MIDWAY

(par ordre décroissant)

tels qu’établis par la présidente Iceni

Kommodore

Kapitan de première classe

Kapitan de deuxième classe

Kapitan de troisième classe

Kapitan-levtenant

Levtenant

Levtenant de deuxième classe

Enseygne de vaisseau

Chapitre premier

La journée avait plutôt bien commencé, mais, à présent, il avait franchement l’impression que les quelques prochains jours verraient sa mort. Les questions les plus importantes qu’affrontait encore le général Artur Drakon avaient trait à l’identité exacte de celui qui appuierait sur la détente, la date précise à laquelle l’événement se produirait et le nombre de ceux qui l’accompagneraient dans la tombe.

« Deux cent vingt-deux vaisseaux extraterrestres », rapporta le colonel Bran Malin en témoignant un calme impressionnant. Au-dessus de Malin et un poil derrière lui, l’écran du centre de commande planétaire montrait l’ensemble du système stellaire de Midway et tous les vaisseaux qu’il abritait avec une précision déprimante. Les bâtiments de guerre de l’espèce Énigma se trouvaient à quatre heures-lumière et demie de distance. Ils venaient d’émerger au point de saut et arrivaient de l’étoile Pelé, dont ils avaient occupé le système plusieurs décennies plus tôt. « Nous affrontons une supériorité écrasante même si la flottille syndic du CECH Boyens se rallie à nos forces. »

Nos forces. Drakon concentra un instant son attention sur les icônes qui les représentaient en s’efforçant de ne pas afficher trop ouvertement sa morosité. Nombre de travailleurs étaient installés à leur console du centre de commandement, et tous, s’ils étaient sans doute censés se focaliser sur leur boulot, ne guettaient pas moins son plus léger témoignage d’affolement, sinon d’indécision.

Tout près de la planète orbitait le corps principal de ce qu’on appelait avec une certaine grandiloquence la « flottille de Midway ». Deux croiseurs lourds, quatre croiseurs légers et douze petits avisos. Une force certes pitoyable à l’aune des critères de la récente guerre entre l’Alliance et les Mondes syndiqués, mais les pertes syndics avaient été si épouvantables à la fin qu’elle se rangeait à présent parmi les flottes de taille convenable, du moins dans le territoire où régnait naguère en maîtresse absolue l’autorité des Mondes syndiqués. À une heure-lumière de distance environ, un cuirassé et deux autres croiseurs lourds orbitaient près d’un chantier spatial gravitant autour d’une géante gazeuse. Ce spectacle était sans doute plus impressionnant, sauf que le cuirassé, récemment baptisé Midway, avait aussi été construit récemment (et volé dans un autre chantier spatial contrôlé par les Syndics du système stellaire de Kane) et ne disposait encore d’aucune arme opérationnelle.

« Ce ne sont pas vraiment nos forces, déclara Drakon à Malin. La kommodore responsable de la flottille de Midway rend compte à la présidente Iceni. » Celle-ci pouvait sans doute se prévaloir de ce titre à ce jour, mais, voilà seulement quelques mois, Gwen Iceni n’était encore qu’une CECH syndic comme les autres, tout comme d’ailleurs Drakon lui-même. « Nous avons fait cause commune pour renverser l’autorité des Mondes syndiqués dans ce système stellaire avant que le Syndicat n’ait pu nous condamner à mort, mais vous savez comme il nous est difficile de nous fier l’un à l’autre.

— La présidente Iceni n’a pas cherché à vous doubler, fit observer Malin.

— Pas encore. Vous connaissez les termes qu’on emploie au sein du Syndicat pour qualifier les CECH qui se fient à leurs pairs. Stupides. Trahis. Morts. Êtes-vous bien sûr qu’elle n’a pas cherché à appeler Boyens pour conclure avec lui un pacte unilatéral ? » La flottille syndic commandée par Boyens se composait d’un cuirassé, de six croiseurs lourds, de quatre croiseurs légers et de dix avisos. Celle de Midway s’apprêtait à lui livrer un combat désespéré, probablement perdu d’avance, quand les extraterrestres de l’espèce Énigma, bénéficiant d’une supériorité numérique accablante, s’étaient pointés dans le système pour en menacer tous les occupants humains.

« Absolument certain, mon général. Si la présidente Iceni et vous-même ne vous faites pas vraiment confiance, aucun de vous deux ne se fierait non plus au CECH Boyens pour honorer un marché auquel il aurait consenti, martela Malin. Même s’il daignait lui-même la jouer réglo, les serpents de sa flottille exigeraient votre mise à mort et celle d’Iceni pour vous punir d’avoir dirigé la rébellion. »

Drakon voyait parfaitement l’ironie de la situation. « Je devrais en remercier le service de la sécurité interne syndic : c’est grâce à lui qu’Iceni ne me livrera pas à Boyens. C’est sans doute la première fois que les serpents m’inspirent un certain sentiment de sécurité.

— Oui, mon général. Mais, pour l’heure, Boyens et sa flottille ne sont plus qu’un problème relativement mineur. Il se pourrait d’ailleurs très bien qu’il accepte de se rallier à vos forces et à celles de la présidente Iceni pour combattre les Énigmas. »

Drakon secoua la tête. « Que non pas. Il n’y a aucune chance qu’il se joigne à nous. Il est venu ici sous les ordres des Syndics pour nous anéantir et reprendre Midway, mais, maintenant que les Énigmas ont déboulé, tous les humains de ce système sont probablement condamnés. Pourquoi risquerait-il de se faire tuer en livrant une bataille perdue d’avance dans le seul but de nous sauver ?

— Il ne le fera pas », répondit la présidente Iceni en se portant à la rencontre de Drakon. Tant son maintien que le timbre de sa voix, soigneusement contrôlés l’un et l’autre, cherchaient à véhiculer une sereine assurance qui, compte tenu des circonstances, aurait paru ridicule chez quelqu’un de moins imposant.

Cela dit, dut reconnaître Drakon en son for intérieur, Iceni pouvait se le permettre.

« Le CECH Boyens est un homme pragmatique, poursuivit Iceni. C’est sans espoir pour nous ici », ajouta-t-elle sur un ton prosaïque qui s’accordait parfaitement avec ses paroles.

Drakon se tourna vers elle. « Vous avez déjà parlementé avec les Énigmas par le passé. Existe-t-il une petite chance de conclure un accord avec eux ? »