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En sortant de sa piaule, je crie à mon prolifique (et néanmoins cocu) camarade d'amener sa boîte à images et d'exécuter un documentaire.

Il droppe !

Vachement excitant, cette descente chez la Belle au Bois Pionçant. Cela a je ne sais quoi d'onirique, dirait un livreur de pizzas de mes relations.

Je passe deux appartes vides, m'engouffre dans un troisième. Et alors, la grande Muraille de Chine me choit sur les durillons. Des surprises de ce tonnage, je finirai cardiaque, impossible autrement.

Tu veux savoir ?

Béru !

Oui, mon lecteur vénéré.

Alexandre-Benoît Bérurier !

Superbe.

Dans son endormissure, il trique comme une harde de cervidés. Jamais, au tout grand jamais, au never si tu préfères, je ne lui ai vu une bite pareillement calibrée ! Je le répète : il bande, jazz-band, prébande, contrebande, bande à part, à s'en exploser les siamoises ! Un tel paf, c'est de la folie. Ça défie les lois de la pesanteur !

En maintes occases, j'ai pu admirer son membre d'exception. Je le trouvais énorme, voire gigantesque. Mais là, Babylas… Un bras de déménageur ! Une troisième jambe ! Le pilon d'une baratte ! La bielle d'une locomotive haut le pied ! C'est le phare d'Ouessant, un minaret, la tour de Gustave, un silo nucléaire ! Comment peut-il être inconscient et goder de la sorte ? Mystère de la nature béruréenne !

Quel hymne de reconnaissance dans ma pauvre âme ! Quelles intenses promesses, non encore répertoriées, fais-je au Créateur ?

Le Gros, intact, que dis-je : érectionnant ! Pouvais-je rêver d'une telle fin à cette aventure extraordinaire ?

Non, n'est-ce pas ?

Merci.

L'orage a cessé. L'incendie brasille au sein des décombres. Ne reste plus personne dans le landerneau. Le temps et la fatigue ont ruiné les énergies.

Nous allons, Mathias and me, courbés sous la charge. Une civière dégauchie dans la cité taupinière nous permet de coltiner le major Bérurier jusqu'à la tomobile. N'ensute c'est le tour d'Anne-Marie.

La laborantine nous assiste de son plus mieux. Gentille fille, dévouée, qui ne pleure pas sa peine.

Nous finissons par mon cher Salami. Lui, je le porte en le pressant sur mon cœur.

TROISIÈME PARTIE

CONCLUSIONNELLE ET CONCLUANTE

1

Une vieille Arbie teinte en roux carotte, répond à mon coup de sonnette. Sa peau est davantage plissée que les testicules d'Antoine Pinay. Lui reste trois dents : une canine, une incisive et une molaire conservées en souvenir de l'époque où elle consommait des nourritures solides. Sa bouche me rappelle l'anus de la chère vieille reine Mary, une figure sympathique de la monarchie britannique (et probablement la seule). Ses yeux flétris sont emplis de crème vanille.

J'explique à cette vénérable relique que je suis attendu par Miss Zagazi. Ça lui en babouche un coin. Me rétorque que sa maîtresse ne reçoit personne.

— Si : moi ! assuré-je avec une telle fermeté que la géronte en est ébranlée comme la voûte de l'église abritant le saint suaire de Turin.

Sans obstacler davantage, elle m'entraîne vers une villa blanche de style arabisant. La construction est charmante, relativement modeste. Nous franchissons un patio mosaïqué dans les tons vert et bleu. Je perçois de la musique. Pas du tout le genre mélopette nasillardeuse puisqu'il s'agit de Rhapsody in Blouse, de Gershwin-Gum.

On pénètre dans un salon réalisant la jonction des civilisations (mauresque et occidentale). Les sièges sont d'ici, mais pas le piano à queue, ni les tableaux signés Derain, Rouault, Matisse et Picasso.

Dans un angle ombreux de la pièce, une femme est lovée tel un chat sur un canapé. C'est Nouhr, ma merveilleuse rencontre de Lanzarote. Seigneur ! Comme elle a changé en quelques semaines ! Pâle, les traits tirés, le regard flottant, ce n'est plus qu'un vague reflet de la somptueuse jeune fille qu'elle était lors de nos relations.

Malgré l'après-midi, elle est infardée, les cheveux à l'abandon et porte une robe de chambre de soie noire avec des savates argentées. J'éprouve un choc en la retrouvant dans cet état et mon cœur se serre kif le couloir à lentilles d'un hétérosexuel qu'on s'apprête à sodomiser.

Je vais à elle d'une allure incertaine, fou de tristesse, d'angoisse…

— Bonjour, ma chérie, balbu-siège.

Ses yeux paraissent voilés, leurs pupilles en sont dilatées ; des cernes bleutés les soulignent.

Me penche pour un baiser qu'elle subit sans avoir la moindre velléité de le rendre.

— Qu'as-tu, ma belle âme ? m'inquiété-je.

Elle détourne la tête sans répondre.

— Tu es médicamentée ? risqué-je.

Bref haussement d'épaules.

Elle ne répond pas, regarde autour d'elle, comme une qui cherche du secours, puis, tout de go éclate en sanglots.

Je la presse sur ma poitrine gladiateuse. Baisote ses cheveux, mordille son lobe.

— O Nouhr, Nouhr bien-aimée, que s'est-il passé ? murmuré-je. Fais un effort et dis-moi ce qui t'est arrivé depuis notre séparation.

Elle parvient à s'exprimer, à clarifier sa pensée. Pour commencer, elle trébuche, marque des silences interminables ; mais au furet à mesure, son verbe s'affirme, sa confiance en moi revient. Elle en a vu de dures, dirait la bonne Mme Claude que j'eusse aimé connaître (à titre personnel car je n'use pas des dames-faites-pour). La mort combien dramatique de son père ; ma disparition, au plus culminant de son malheur ; les sévices infligés par des individus sans vergogne s'acharnant à lui faire révéler la planque de certaines pierres précieuses. De quoi conduire n'importe quelle enfant de Marie à la neurasthénie et à la drogue.

Je te parie une blanquette de veau contre une banquette de dévot que je me pointe à pitre (je veux dire : à pic). Cette malheureuse, lassée de tout, même de l'espérance, était en train de sombrer corps et biens au moment où Bayard réapparaît. Mais mon regard plongé dans le sien et mes doigts effleurant son Triangle d'or la gaillardisent. Elle entrevoit le salut ! S'épanche.

Pauvre jeune fille broyée par la férocité de la vie. Son dabe, depuis des années, trafiquait avec des gens redoutables qui devenaient de plus en plus exigeants. Affolé par ces acolytes implacables, il s'est réfugié dans la maladie ; a feint une attaque. Sa grande fille dévouée est entrée dans son jeu avec une abnégation n'appartenant qu'aux femmes lorsqu'elles ne sont pas salopes.

Le père Zagazi a fui l'Egypte pour les Canaries, emportant les gemmes que l'on sait, c'est-à-dire une fortune. Seulement, ses ex-complices n'ont pas été dupes et l'ont vite retrouvé. Lui, mais pas son gâteau !

Les choses se sont alors envenimées.

Alouf simulait si admirablement l'handicapé que ses ennemis ont été pris de doute. La fouille poussée de sa chambre et de ses bagages n'ayant rien donné, ils ont décidé de frapper fort et l'ont hissé sur l'échafaudage du hall pour lui faire subir une dernière épreuve. Ils comptaient sur la panique.

A tort ! L'Arabe n'a pas moufté. Alors, ils l'ont supprimé pour terroriser sa fille.

A présent, il est temps de te préciser, mon lecteur au cerveau désossé, une chose très importante : la bande du diamantaire n'a rien à voir avec les gens du Consortium. Pour les cailloux, il s'agit uniquement de gangsters issus du marché gemmologique. Qu'ils soient venus sévir aux Canaries en même temps que « les autres » est une pure coïncidence.