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— En ce cas, saute dans un zinc et viens me rejoindre à Lanzarote, Atlantico Palace, enjoins-je à mon collaborateur. Attends que je te contacte ; rien ne doit laisser soupçonner qu'il existe une collusion entre nous, quand bien même nous nous trouverions seuls dans un ascenseur. Ça joue ?

— En plein !

— Il y a une gonzesse dans ta vie ?

— Y en a même plusieurs.

— Fais-toi accompagner par la moins chiante et venez filer le parfait amour.

— Volontiers.

— Avant de partir, cherche-moi un max d'infos à propos d'un certain Alouf Zagazi, diamantaire à Alexandrie, Egypte.

Je raccroche et écluse une forte lampée de « Pacharan » (cette liqueur qui me fait aimer l'Espagne), avant de rejoindre ma protégée.

7

Je la trouvai prostrée, le visage tuméfié par les larmes. Petite orpheline abandonnée dans une onde mauvaise à boire.

Elle occupait un fauteuil d'osier de la terrasse et s'abandonnait au soleil avec une telle expression de détresse que j'en eus le cœur coincé comme dans le chambranle d'une porte.

Toujours romantique, je m'agenouillai devant elle, humant son odeur de fille saine et d'eau de toilette raffinée.

Saisis ses deux mains, les élevai jusqu'à mes lèvres pour les baisoter avec une sobre passion.

— Vous n'avez rien appris de nouveau ? interrogea-t-elle.

— Non. A croire que votre papa s'est volatilisé !

En proférant ces mots, j'ai ressenti une secousse semblable à celle résultant du contact avec un fil électrique dénudé. Une brusque révélation ! Un phénomène tellurique ! La moelle de mes os s'est transformée en caoutchouc fusé. Les mecs de Pompeï et ceux d'Hiroshima ont dû éprouver la même impression au sein de l'immense lumière de mort.

Alarmée, la petite a demandé :

— Qu'avez-vous ?

— Lorsque je réfléchis intensément, il m'arrive de me fourvoyer dans une autre dimension, avouai-je.

Mais elle avait déjà oublié sa question.

— Estimez-vous que mon père soit en danger ?

Cette bonne blague !

Tant de candeur m'a fait enfler la couille droite.

— Pas nécessairement, ai-je répondu charitablement. Quand on enlève quelqu'un, c'est généralement pour l'utiliser comme monnaie d'échange.

— Alors, on va me réclamer une rançon ?

— Probablement.

— J'espère que nous pourrons la payer, murmura Nouhr.

Ces paroles me touchèrent. Elle possédait une grande pureté d'âme. Un instant, le coupable désir me prit de caresser sa chatte du plat de la main. Une fois encore je refoulis l'âpre pulsion, l'heure n'étant pas aux ébats charneux.

— Il faut que je vérifie quelque chose, annonçai-je en abandonnant cette innocente proie (dirait La Fontaine).

J'allis au concierge et réclama du ton rugueux qu'adopte un con pédant en toutes circonstances :

— Deux cent vingt-quatre et deux cent vingt-six !

Le galonné racontait des horaires à un Britannique ressemblant au duc d'Edimbourg en train de filer le dur à sa rombiasse, les mains au dos.

J'empara sans vergogne la carouble qu'il me tendit. Il s'agissait de la 226, la 224 n'était pas au tableau. La pris avec un naturel habitué à revenir au galop lorsque je le chasse.

Douze secondes plus tard, je violis (pour la énième fois de ma vie) le provisoire domicile d'un couple d'origine batave, équipé d'un enfant de sexe mâle. Le môme avait une tronche de veau cloné sur la photo dont ses parents ne se séparaient jamais. Les individus entretiennent un culte pour ce qu'ils produisent, y compris leurs excréments.

De toute évidence, la famille Van Tulipp n'avait aucun rapport avec le disparu. Cela dit, sa chambre offrait l'avantage de jouxter la 224 : les balcons communs étaient séparés par une plaque de verre dépoli.

J'enjambis ladite sans meurtrir l'objet si convoité de ma virilité. Il me fallut précautionner, l'usager se trouvant chez lui.

Je rampis jusqu'à la porte-fenêtre ouverte et risquis une pupille dilatée par la curiosité. Madoué ! comme s'exclament les Bretons dans les albums de Bécassine (qui firent la joie de Félicie). Que découvris-je là !

Un monsieur et une dame, en train de jouer à la bête à deux dos du Gévaudan !

Enfourchement de toute beauté ! Une niquée pareille aurait décroché le prix d'excellence de la Baise classique au Conservatoire de Fouzitou, à Tokyo. Le mâle avait installé sa gonzière sur son goume viandu et la promenait dans la pièce. La pécore, rejetée en arrière pour mieux bénéficier du pal, se cramponnait au cou de son sparring-partner et gémissait sous ses assauts répétés. Il avait la santé ce julot : larder Ninette de son guiseau tout en lui faisant visiter Venise, bonjour l'exploit ! Un superbe tâcheron du braque ! Assez costaud et grand, avec des muscles onduleurs sous la peau. On l'aurait souhaité bronzé, las ! il était blanchâtre, style levantin.

N'ayant pas un tempérament de voyeur, je me rapatria dans l'autre suite, vaguement amer. L'idée m'était venue qu'on avait évacué Monsieur Papa tout simplement dans une piaule proche de la sienne, ce qui aurait expliqué la discrétion du rapt. Je faisais provisoirement chou blanc car j'imaginais mal la famille néerlandaise ou le couple d'amoureux en folie mêlés à cette ténébreuse affaire.

Je remis la bouclarde en place et revins arpenter notre couloir. Dans le sens opposé à mon apparte, après celui de Nouhr, se situait la tisanerie, puis les ascenseurs, flanqués de l'escalier. Poursuivant dans cette direction, on retrouvait la cohorte des autres chambres. Face à elles, l'immense espace circulaire du hall évoquant une salle d'opéra évidée. Je n'étais pas en mesure d'exploiter toutes les piaules ! Ç'aurait fini par faire jaser !

Une fois encore, je retournis auprès de la ravissante Anglo-Egyptienne. Elle téléphonait en arbi et semblait quelque peu rassérénée. C'était curieux de voir cette jouvencelle aux cheveux d'or employer la langue du Prophète. Ces inflexions gutturales convenaient peu à un être aussi charmant. La conversation me parut interminable.

Emporté par mon élan, je pressis sa tête contre moi. J'aimais sa frêleur, sa douceur veloutée. Quoi de plus noble et émouvant qu'une ado à la féminité débutante ?

Ne pouvant résister davantage à la tentation, je posis ma bouche sur la sienne et n'eus pas grand mal à forcer l'obstacle de ses dents. J'essayai de conserver une certaine chasteté à ce baiser, mais tu connais le Petit Raymond, le démon de la chair ? En moins de temps qu'il n'en faut à un écureuil pour grimper au faîte d'un chêne, je disposa d'une courgette de deux livres dont je me demandis anxieusement ce que j'allais en faire. Ce fut la ravissante qui me tira d'embarras. Percevant cet accessoire monolithique contre son pubis, elle y porta la main. A compter de cet instant fatal les choses s'enchaînèrent implacablement.

Médusée par le volume et l'ardeur de cet objet contondant, elle le dégagea timidement de mon maillot de bain. De mon côté, je lui rendis la politesse, souleva la jupette de plage (en espagnol playa), fis craquer le mince slip de mon index en crochet. Aussitôt, je glissis mon corps diplomatique entre ses cuisses serrées que, fort heureusement, nos aimables bricolages lubrifiaient d'abondance. Exquise pratique, taquinerie innocente. Popaul retrouvant Verginie ! Ce délicat manège la fit pâmer en moins de jouge. Je suppose que cette gamine, tourneboulée par l'angoisse, avait les sens perturbés. Elle émit de brefs gémissements et partit dans les azurs.

Loin de l'abandonner à cette rapide délivrance, je décida de l'exploiter à fond la caisse.