Hermione jeta un coup d'œil vers Cho et soupira.
« Oh, Harry » dit-elle tristement. « Et bien, je suis désolé, mais tu as manqué de tact. »
« De tact ? » Dit Harry, intrigué. « L’instant d’avant tout allait bien, jusqu’à ce qu’elle me raconte comment Roger Davies lui avait demandé ce qu’elle avait l’habitude de faire et comment elle avait l’habitude de venir avec Cédric s’embrasser dans ce stupide salon de thé - comment j’étais supposé réagir ? »
« Ecoute, » dit Hermione, avec l'air patient de quelqu'un qui explique pourquoi un et un font deux à un enfant trop émotif, « tu n’aurais pas dû lui dire que tu devais venir me voir en plein milieu de votre rendez-vous. »
« Mais, mais, » bredouilla Harry, « mais – tu m’avais dit de venir te voir à midi et de l'amener, comment voulais-tu que je fasse sans la mettre au courant ? »
« Tu aurais dû lui dire différemment, » dit Hermione, toujours avec son exaspérant air patient. « Tu aurais dû dire que c'était vraiment ennuyeux, mais que je t’avais fait promettre de venir aux Trois Balais, que tu aurais vraiment voulu ne pas y aller, que tu aurais voulu passer toute la journée avec elle, mais que malheureusement tu étais obligé de venir me voir et tu aurais dû la supplier de venir avec toi avec bon espoir. Tu t’en serais mieux sortis. Et cela aurait pû être une bonne idée de mentionner que tu me trouves affreusement laide, » ajouta Hermione après coup.
« Mais je ne te trouve pas laide » dit Harry, ahuri. Hermione rit.
« Harry, tu es encore plus bête que Ron… Quoique, non, tu ne l’es pas, » soupira-t-elle, alors que Ron débarquait dans le Hall, plein de boue et manifestement de mauvaise humeur. « Comprend bien une chose – tu as énervé Cho quand tu lui as dit que tu devais venir me voir, donc elle a essayé de te rendre jaloux. C'était un moyen de découvrir combien tu l'aimais. »
« C’était ce qu’elle essayait de faire ? » dit Harry, tandis que Ron s’asseyait sur le banc, en face d'eux, et qu’il tirait tous les plats vers lui. « ça n’aurait pas été plus facile si elle était directement venue me demander si je la préférait à toi ? »
« Les filles ne s’y prennent pas de cette façon, » dit Hermione.
« Elle ferait mieux ! » Dit Harry d’une voix forte. « J’aurais juste eu à lui dire que je l’aimais, et ça lui aurait épargné de se remémorer la mort de Cédric ! »
« Je ne dis pas que ce qu’elle a fait était très intelligent, » dit Hermione, alors que Ginny les rejoignais, aussi boueuse que Ron et d’aussi mauvaise humeur. « J'essaye juste de te faire comprendre pourquoi elle a réagit de cette façon. »
« Tu devrais écrire un livre, » dit Ron à Hermione en découpant ses pommes de terre,
« Explication des choses folles que font les filles et que ne comprennent pas les garçons. »
« Ouais, » dit Harry ardemment, le regard pointé vers la table de Serdaigle. Cho venaient juste de se lever et, ne le regardant toujours pas, elle quitta le Grand Hall. Se sentant un peu déprimé, il revint à Ron et à Ginny. « Alors, comment s’est passé l’entraînement ? »
« C'était un cauchemar, » dit Ron d'une voix revêche.
« Oh allons, » dit Hermione, regardant Ginny, « je suis sûr que ce n’était pas si terrible –
»
« Si, ça l’était, » dit Ginny. « C'était épouvantable. Angelina était au bord des larmes vers la fin. »
Ron et Ginny partirent prendre leurs bains après le dîner; Harry et Hermione retournèrent à la salle commune de Gryffondor et s’occupèrent de leur pile habituelle de devoirs. Harry luttait avec un nouveau diagramme stellaire pour l'Astronomie depuis une demi-heure lorsque Fred et George apparurent.
« Ron et Ginny ne sont pas ici ? » Demanda Fred, regardant autour de pour trouver une chaise et quand Harry secoua la tête, il dit, « Bon. Nous observions leur entraînement.
Ils vont être battus à plat de couture. Ils sont complètement nuls sans nous. »
« Allons, Ginny n’est pas si mauvaise, » dit George, s'asseyant à côté de Fred. « En réalité, je me demande comment elle est devenue si bonne, sachant qu’on ne la laissait jamais jouer avec nous. »
« Elle se faufile dans votre abri à balais dans le jardin depuis l'âge de six ans et a essayé chacun de vos balais pendant que vous ne regardiez pas, » dit Hermione derrière sa pile chancelante de livres de Rune Antiques.
« Oh », dit George, l’air vaguement impressionné. « D’accord – tout s’explique. »
« Ron a-t-il empêché des buts ? » Demanda Hermione, lisant avec attention des Hiéroglyphes Magiques et des Logogrammes.
« En fait, il pourrait très bien le faire s’il ne se sentait pas observé, » dit Fred, roulant des yeux. « Donc tout ce que nous avons à faire et de demander à la foule de tourner le dos au match et de se taire chaque fois que le Souaffle s’approche de lui, samedi. »
Il se leva de nouveau et alla nerveusement jusqu’à la fenêtre, regardant fixement à travers le parc plongé dans la pénombre.
« Vous savez, le Quidditch était la seule chose qui valait la peine qu’on reste ici. »
Hermione lui jeta un regard sévère. « Vous avez bientôt à passer les examens ! »
« On vous a déjà dit qu’on en avait rien à faire de l’ASPIC, » dit Fred. Les boites à lunch sont prêtes à rouler, nous avons trouvé comment nous débarrasser des ébullitions, grâce à juste deux ou trois gouttes d'essence Murtlap, Lee nous a aidé. »
George bâilla largement en regardant dehors tristement le ciel nuageux.
« Je ne sais même pas si j’ai envie de voir ce match. Si Zacharias Smith nous bat, je n’aurais plus qu’à me suicider. »
« Tue-le, plutôt, » dit Fred fermement.
« C'est l'ennui avec le Quidditch, » dit Hermione distraitement, de nouveau penchée sur sa traduction de Runes, « il crée toujours un mauvais sentiment de compétition entre maisons. »
Elle se releva pour chercher sa copie du Syllabaire de Spellman et remarqua que Fred, George et Harry la regardaient fixement, tous avec une expression de dégoût mélangé à de l'incrédulité sur leurs visages.
« Allez, c’est bon ! » Dit-elle impatiemment. « C'est seulement un jeu, n'est-ce pas ? »
« Hermione, » dit Harry, secouant la tête, « tu es excellente dès qu’il s’agit des sentiments ou des cours, mais tu ne comprends rien au Quidditch. »
« Peut-être pas, » dit-elle en se refrognant. Elle retourna à sa traduction, « mais au moins mon bonheur ne dépend pas de la capacité de Ron à garder les buts. »
Et bien qu’Harry aurait préféré sauter de la Tour d'Astronomie plutôt que d’admettre qu’elle avait raison, au moment où il assistait au match le samedi suivant, il aurait donné n'importe quel nombre de Galions pour ne pas se soucier du Quidditch. La meilleure chose qu’on pût dire du match, c’est qu’il fut court ; les supporters de Gryffondor n’ont dû vivre que vingt-deux minutes d'agonie. C’était difficile de dire ce qui était le pire : Harry pensa que le titre se disputait entre le quatorzième échec de Ron a arrêter un but, Sloper manquant le cognard, mais donnant un coup de batte à Angelina dans la bouche, ou Kirke chutant de son balai en criant quand Zacharias Smith fonça sur lui en emportant le Souaffle. Le miracle était que Gryffondor n’avait perdu que par dix points : Ginny avait réussi à saisir le Vif d’Or directement sous le nez de l’attrapeur Summerby de Poufsouffle, ramenant le score final à deux cent quarante contre deux cent trente.
« Bien joué, » dit Harry à Ginny quand ils revinrent dans la salle commune, où l'atmosphère ressemblait à celle d'obsèques particulièrement mornes.