Je pensais que c'était Kreacher qui avait fait ça. Il fait tout un tas de choses bizarres de ce genre. Maintenant n'oubliez pas de baisser la voix quand vous serez dans le hall d'entrée. Ginny. Tu as les mains salles. Qu'est-ce que tu as fait ? Vas te les laver avant le dîner.
Ginny fit la grimace car les autres la regardaient et suivit sa mère hors de la chambre, laissant Harry seul dans la chambre avec Ron et Hermione. Ces deux derniers regardaient Harry avec appréhension, comme s'ils redoutaient qu'Harry recommence à hurler maintenant que les autres étaient partis. Leur apparente nervosité lui faisait un peu honte.
Bon, murmura-t-il.
Mais Ron secoua la tête et Hermione le coupa avec calme.
On savait que tu te mettrais en colère, Harry. On ne t'en veut pas. Mais il faut que tu nous croies, Harry. On a vraiment essayé de convaincre Dumbledore.
Oui, je sais, dit Harry.
Il cherchait un moyen de ne pas parler de Dumbledore, car à chaque fois qu'il y pensait, il sentait la colère monter en lui.
Qui est Kreacher ?
C'est l'elfe de maison qui vit ici, dit Ron. Complètement fou ! J'en n'ai jamais rencontré un comme lui !
Hermione fit une grimace de reproche à Ron.
Il n'est pas complètement fou, Ron.
Son but dans la vie, c'est de se faire couper la tête ! Et qu'elle soit empaillée et accrochée à côté de celle de sa mère ! Tu trouves ça normal Hermione ?
Oui, bon.C'est un peu étrange ! Mais ça n'est pas de sa faute.
Ron eut un regard désespéré vers Harry.
Elle est encore très « SALE »
Ce n'est pas SALE ! dit Hermione très énervée, c'est S.A.L.E : société d'aide à la libération des elfes. Et il n'y a pas que moi. Dumbledore aussi dit que nous devons être gentils avec Kreacher.
Ouais c'est ça, dit Ron. Allez, on y va, je meurs de faim.
Il passa le premier, mais avant de commencer à descendre.
Attendez, souffla Ron en tendant un bras pour arrêter Harry et Hermione. Ils sont encore dans le hall. On pourrait entendre quelque chose d'intéressant.
Les trois amis regardèrent prudemment à travers les barreaux de la rampe de l'escalier.
Le hall d'entrée était plein de sorciers et sorcières, y compris la garde personnelle de Harry. Ils chuchotaient entre eux avec excitation. Au milieu du groupe, Harry distingua les cheveux noirs et graisseux ainsi que le nez proéminent du professeur qu'il aimait le moins à Poudlard : Rogue. Harry se pencha au-dessus de la balustrade. Ce que Rogue faisait pour l'Ordre du Phénix l'intéressait au plus haut point. Une fine corde couleur chair descendit juste sous les yeux d'Harry. Regardant au-dessus, il aperçut Fred et Georges sur le palier du deuxième étage, faisant prudemment descendre leur oreille extensible en direction du groupe en dessous. Quelques instants plus tard, le groupe prit la direction de la porte d'entrée et disparut.
Harry entendit Fred murmurer « Raté ! » et ce dernier remonta son oreille extensible. Ils entendirent la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer.
Rogue ne mange jamais ici, dit Ron à Harry. Dieu merci ! Allons-y ! Et n'oublie pas de chuchoter dans le hall, Harry, chuchota Hermione.
En passant devant l'alignement de têtes d'elfes de maison, accrochées aux murs, ils aperçurent Lupin, Madame Weasley et Tonks, derrière la porte d'entrée. Ils jetaient des sorts pour fermer magiquement les nombreux verrous de la porte derrière ceux qui venaient de partir.
Nous mangerons en bas, dans la cuisine, murmura Madame Weasley, en venant à leur rencontre en bas de l'escalier. Harry, mon chéri, si ça ne t'embête pas, traverse le hall sur la pointe des pieds. C'est la porte juste là-bas.
CRASH
Tonks ! cria Madame Weasley exaspérée, en se retournant vers elle Je suis désolée, dit Tonks avec une voix plaintive. Elle venait de trébucher et était allongée de tout son long. C'est ce stupide porte parapluie ! C'est la deuxième fois que je me prends les pieds dedans.
Mais le reste de sa phrase fut couverte par un horrible cri perçant, à vous déchirer les oreilles et à vous glacer le sang. Le rideau de velours, mangé aux mites, devant lequel Harry était passé en arrivant, venait de s'envoler. Il ne dissimulait aucune porte, comme il l'avait cru. L'espace d'un instant, Harry pensa qu'il était en train de regarder à travers une fenêtre. Une fenêtre derrière laquelle une vieille dame dans un manteau noir hurlait à la mort. Mais il réalisa bien vite qu'il ne s'agissait que d'un portrait grandeur nature, mais le plus réaliste et le moins agréable à regarder qu'il avait vu de toute sa vie. La vieille dame bavait. Ses yeux roulaient dans leurs orbites. La peau de son visage était tellement parcheminée qu'elle semblait sur le point de craquer. Et tout le long du couloir derrière eux, tous les autres portraits se réveillèrent et commencèrent à hurler si fort que Harry dut se boucher les oreilles en plissant les yeux. Lupin et Madame Weasley se précipitèrent et essayèrent de ramener le rideau sur le portrait de la vieille dame, mais, ils n'y parvinrent pas tout à fait et elle se mit à crier encore plus fort, agitant ses mains griffues comme pour essayer de lacérer leurs visages.
Saletés ! Excréments ! Sous-produit de vilenie ! Dégénérés ! Mutants ! Bizarreries ! Vous tous qui aviez quitté cet endroit ! Comment osez-vous infecter la maison de mes aïeux ?
Tonks s'excusait encore et encore, traînant le porte parapluie derrière elle. Madame Weasley abandonna l'idée de fermer le rideau et se mit à courir dans le hall pour calmer les autres portraits d'un coup de baguette magique et un homme avec une longue chevelure noire s'élança de la porte juste en face d'Harry.
Tais-toi, vieille harpie ! gronda-t-il en saisissant le rideau, que Madame Weasley avait abandonné. La vieille dame devint pâle.
Tooooooooiiii !!! hurla-t-elle, ses yeux s'exorbitant à la vue de l'homme. Traître à mon sang ! Abomination ! Honte de ma chair !
J'ai dit Tais-toi ! mugit l'homme. Et avec un effort démesuré, il réussit avec l'aide de Lupin à refermer le rideau.
Les hurlements de la vieille dame s'évanouirent et le silence revint. Chancelant légèrement et balayant les cheveux qui lui retombaient devant ses yeux, le parrain de Harry, Sirius, se retourna vers lui.
Bonjour Harry, dit-il d'un ton sinistre, je vois que tu as fait connaissance avec ma mère.
Chapitre 5 :L'ordre du Phénix
Ta...
Ma chère vieille mère, dit Sirius. Ma chère vieille mère, oui. Ca fait un mois qu'on essaye de la décrocher, mais on pense qu'elle a jeté un sort de colle permanente au dos de son tableau. Descendons ! Vite ! Avant qu'ils ne se réveillent tous.
Mais que fait le portrait de ta mère ici ? demanda Harry désorienté, alors qu'ils passaient la porte et descendaient une volée de marche en pierres, les autres sur leurs talons.
Personne ne te l'a dit ? C'est la maison de mes parents, dit Sirius. Je suis le dernier descendant de la famille Black, alors maintenant, elle m'appartient. J'ai offert à Dumbledore qu'il en fasse son quartier général ; c'est à peu près la seule chose utile que je n'ai jamais faite.
Harry, qui s'attendait à un accueil plus chaleureux, remarqua l'amertume et la dureté dans la voix de Sirius. Il suivit son parrain en bas de l'escalier. Celui-ci ouvrit la porte qui donnait sur la cuisine. C'était un peu moins glauque que le couloir d'entrée. La pièce ressemblait à une caverne avec ses murs en pierres brutes. La lumière provenait essentiellement d'un grand feu à un bout de la pièce. Des volutes de fumée de tabac à pipe flottaient dans l'air, comme des fumées au-dessus d'un champ de bataille, à travers lesquelles se profilaient les silhouettes menaçantes de poêles et de casseroles qui pendaient du plafond. Plusieurs chaises avaient été amenées pour la réunion et s'entassaient au fond de la pièce, et une grande table de bois trônait au milieu d'elles, recouverte de feuilles de parchemin, de bouteilles, de gobelets et d'un tas de vieux vêtements.