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— Intensification de la lutte contre la brucellose et augmentation considérable des crédits affectés à cette action (1972-73).

— Dotations d’installation pour les jeunes.

— Fonds d’assurance formation (1973).

— Service de remplacement (1973).

— Amélioration des retraites.

— Réforme et relance de l’« Indemnité viagère de départ », l’IVD.

— Création de l’indemnité spéciale montagne (1973).

— Création de l’aide au ramassage du lait en zone de montagne (1973).

Jamais sans doute, depuis longtemps, un gouvernement n’a autant fait, et en si peu de temps, en faveur de notre agriculture, désormais dotée de structures de soutien durables et efficaces. Quant aux prévisions que je formulais voici plus de trente-cinq ans, concernant la nécessité vitale de préserver une économie susceptible de répondre aux besoins croissants de la population mondiale, elles se révèlent aujourd’hui, à l’heure où j’écris ce livre, fondées et confirmées au-delà même de ce que je pouvais alors pressentir.

Comme je l’ai dit dans une tribune publiée dans Le Monde en 2008, la planète est confrontée au spectre des grandes famines alors même qu’elle traverse une crise financière dangereuse. La cohésion, si délicate, de la communauté internationale est doublement menacée et cette conjonction des périls fait courir au monde un risque sans précédent. Sans mesures d’urgence et de fond, nous assisterons à des émeutes de plus en plus violentes, à des mouvements migratoires de plus en plus incontrôlables, à des conflits de plus en plus meurtriers, à une instabilité politique croissante. Les ingrédients d’une crise majeure sont réunis et la situation peut très vite se dégrader.

Face à ce danger, la communauté internationale doit assumer ses responsabilités, toutes ses responsabilités, dans une totale coopération du Nord et du Sud. Elle doit se mobiliser autour d’objectifs précis pour résoudre, d’abord, la question de l’urgence. L’Europe et les États-Unis ont enfin annoncé le déblocage d’une aide d’urgence au profit du Programme alimentaire mondial. Je ne doute pas que les autres grandes puissances, membres du G8, pays émergents et pays de l’OPEP qui tirent des rentes exceptionnelles de l’augmentation du prix du pétrole, auront à cœur de prendre toute leur part de cet effort immédiat de solidarité. Mais il s’agit ensuite de résoudre les problèmes structurels : je plaide depuis longtemps pour qu’on aille au-delà des seules mesures d’urgence conjoncturelles. C’est une véritable révolution des modes de pensée et d’action en matière de développement, notamment dans le domaine agricole, qui s’impose.

L’offre de produits alimentaires au niveau mondial est insuffisante. Je n’ai jamais cessé de me battre contre le gel de la production en Europe et de promouvoir le développement agricole des pays pauvres. Il nous faudra demain nourrir 9 milliards d’hommes. Tout le monde se rend compte, enfin, que l’humanité a besoin de la production de toutes ses terres agricoles. L’autosuffisance alimentaire est le premier des défis à relever pour les pays en développement. Des outils existent. Nous savons tous ce qu’il faut faire : infrastructures rurales, stockage, irrigation, transport, financement des récoltes, organisation des marchés, microcrédit, etc.

L’agriculture vivrière doit être réhabilitée. Elle doit être encouragée. Elle doit être protégée, n’ayons pas peur des mots, contre une concurrence débridée des produits d’importation qui déstabilisent l’économie de ces pays et découragent les producteurs locaux.

Pour relever ce défi, il est nécessaire d’investir à la fois dans la recherche, afin de développer des productions et des variétés adaptées aux nouvelles donnes du changement climatique et de la raréfaction des ressources en eau, et dans la formation et la diffusion des techniques agricoles. Il faut miser sur les hommes, sur les producteurs locaux, qui doivent percevoir la juste rémunération de leurs efforts. Les échanges doivent obéir à des règles équitables, respectant à la fois le consommateur et le producteur. La libre circulation des produits ne peut pas se faire au détriment des producteurs les plus fragiles.

Les besoins d’investissements sont massifs et pour longtemps. Il est vital de maintenir l’effort d’aide publique au développement et de respecter l’objectif de 0,7 % du PIB.

Il est aussi vital de dégager des ressources additionnelles par des financements innovants. Que n’ai-je entendu quand j’ai milité, avec mon ami, le président Lula du Brésil, pour l’idée, pourtant évidente, que le financement du développement requiert des ressources pérennes ! La taxe sur les billets d’avion a permis en 2007 de dégager plusieurs centaines de millions d’euros en faveur de l’accès aux médicaments. C’est un succès. D’autres efforts du même ordre devraient permettre de dégager rapidement les ressources nécessaires pour faire face à la crise alimentaire.

Il s’agit par exemple, comme le suggère le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, dans le cadre de conversations avec les fonds souverains, de voir comment orienter une partie de leurs moyens vers des investissements productifs en Afrique. Il s’agit surtout, face au caractère inédit de la crise que nous vivons, de prendre conscience que la communauté internationale n’a d’autre choix que celui de l’imagination et de la solidarité.

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LA MORT D’UN PÈRE

Longtemps j’ai refusé de me rendre à l’évidence. Par respect et par affection pour Georges Pompidou, je ne pouvais ni ne voulais croire, ou seulement imaginer, qu’il fût atteint d’un mal dont il ne se relèverait pas. Certes, je remarquais, comme tout le monde, son état de fatigue persistant, sa démarche incertaine, ses grippes à répétition qui le contraignaient à « garder la chambre durant quelques jours », selon la formule immuable des bulletins de santé officiels. Mais pas au point de me résoudre à envisager le pire…

Depuis sa rencontre, en juin 1973, avec le président Nixon à Reykjavik, en Islande, où il est apparu le visage boursouflé, le pas hésitant, les rumeurs d’un traitement à la cortisone, pour un possible cancer, se sont propagées à grande vitesse, et celles d’une prochaine disparition multipliées d’autant. Comme beaucoup, j’assiste aux préparatifs indécents auxquels se livrent dans la coulisse, et parfois ouvertement, les prétendants de tous bords.

Deux clans s’opposent alors au sein de la majorité. Non sur une conception de l’avenir, mais sur un diagnostic médical. Le clan de Jacques Chaban-Delmas, lequel mise déjà sur une issue imminente. Et celui de Valéry Giscard d’Estaing, qui pense que le Président tiendra malgré tout jusqu’à la fin de son mandat, en 1976, et qu’on dispose de ce laps de temps pour s’organiser… Face à ces deux clans, un homme digne, irréprochable : le Premier ministre, Pierre Messmer, seul véritable garant d’une continuité qu’il lui reviendra peut-être d’assumer à part entière en cas de disparition prématurée de Georges Pompidou.

Si j’ignore tout de la maladie exacte dont souffre le Président, sujet que ni lui ni son épouse n’ont jamais évoqué devant moi — m’encourageant du même coup à en minimiser la gravité —, je suis assez bien informé, en revanche, de ce qui se trame autour de lui. Comme toujours, Pierre Juillet et Marie-France Garaud, sans doute mieux renseignés que quiconque sur l’état de santé de Georges Pompidou, sont à la manœuvre, préparant le terrain pour Pierre Messmer dans l’éventualité d’élections anticipées. En février 1974, les rumeurs d’un changement de Premier ministre vont s’accélérant. « Messmer doit partir », titre Le Point, tandis que L’Express annonce l’arrivée, dans les semaines suivantes, de Valéry Giscard d’Estaing à Matignon, hypothèse que personne, ni à l’UDR ni parmi les proches conseillers de Georges Pompidou, n’est prêt à accepter. Pour moi, comme pour la plupart des membres de l’entourage du Président, il ne fait aucun doute que le Premier ministre idéal reste Pierre Messmer, mais à la tête d’un gouvernement réaménagé.