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Les nains, émus, lui donnèrent le cercueil de cristal. Le prince le fit porter à dos d'homme jusqu'à son palais. Chemin faisant, un des porteurs trébucha et la secousse fut telle que le morceau de pomme resté dans la gorge de la jeune fille en sortit. Elle ouvrit les yeux, souleva le couvercle du cercueil, et regardant autour d'elle, dit:

– Où suis-je?

Tout joyeux, le prince lui répondit:

– Tu es en sécurité avec moi. Je t'aime plus que tout au monde, viens au palais du roi, mon père et je t'épouserai.

Blanche neige consentit avec joie. Leurs noces furent célébrées avec une splendeur et une magnificence dignes de leur bonheur.

On invita tous les rois et toutes les reines. Quand la belle-mère se fut parée de ses plus beaux atours, elle posa à son miroir l'éternelle question.

Hélas, le miroir lui répondit:

– Reine tu étais la plus belle, mais la fiancée brille d'une splendeur sans pareille.

A ces mots, la reine entra dans une violente fureur. Tout d'abord, elle ne voulut plus aller aux noces. Puis elle ne put résister au désir de voir cette jeune princesse qui était si belle. Quand elle reconnut Blanche neige, elle fut prise d'une telle rage qu'elle tomba terrassée par sa propre jalousie.

La Bonne bouillie

Il était une fois une pieuse et pauvre fille qui vivait seule avec sa mère. Elles n'avaient plus rien à manger, et la fillette s'en alla dans la forêt, où elle fit la rencontre d'une vieille femme qui connaissait sa misère et qui lui fit cadeau d'un petit pot, auquel il suffisait de dire. «Petit pot, cuis!», pour qu'il vous cuise une excellente et douce bouillie de millet; et quand on lui disait. «Petit pot, cesse!», il s'arrêtait aussitôt de faire la bouillie. La fillette rapporta le pot chez sa mère, et c'en fut terminé pour elles et de la pauvreté et de la faim, car elles mangeaient de la bonne bouillie aussi souvent et tout autant qu'elles le voulaient. Une fois, la fille était sortie et la mère dit: «Petit pot, cuis!» Alors il cuisina, et la mère mangea jusqu'à n'avoir plus faim; mais comme elle voulait maintenant que le petit pot s'arrêtât, elle ne savait pas ce qu'il fallait dire, et alors il continua et continua, et voilà que la bouillie déborda; et il continua, et la bouillie envahit la cuisine, la remplit, envahit la maison, puis la maison voisine, puis la rue, continuant toujours et continuant encore comme si le monde entier devait se remplir de bouillie que personne n'eût plus faim. Oui, mais alors commence la tragédie, et personne ne sait comment y remédier. La rue entière, les autres rues, tout est plein; et quand il ne reste plus, en tout et pour tout, qu'une seule maison qui ne soit pas remplie, la fillette rentre à la maison et dit tout simplement. «Petit pot, cesse!» Et il s'arrête et ne répand plus de bouillie. Mais celui qui voulait rentrer en ville, il lui fallait manger son chemin.

Les Bottes en cuir de buffle

Un soldat qui n'a peur de rien se doit aussi de ne se tracasser de rien. Tel était le soldat de cette histoire, qui venait d'être démobilisé; comme il ne savait rien et n'avait rien appris qui pût lui servir à gagner son pain, il s'en alla tout simplement et se mit à mendier. Il possédait un vieux manteau de drap contre les intempéries, et il était aussi chaussé de hautes bottes en cuir de buffle, qu'il avait pu garder. Un jour, il s'en alla, coupant à travers champs, sans s'occuper le moins du monde des chemins ou des routes, des carrefours ou des ponts, et il finit par se trouver dans une grande forêt sans trop savoir où il était. En cherchant à se repérer, il vit, assis sur une souche d'arbre, quelqu'un de bien vêtu qui portait le costume vert des chasseurs. Le soldat vint et lui serra la main, puis s'assit familièrement dans l'herbe à côté de lui, les jambes allongées.

– Je vois, dit-il au chasseur, que tu portes de fines bottes fameusement cirées; mais si tu étais toujours par monts et par vaux comme moi, elles ne résisteraient pas longtemps, c'est moi qui te le dis! Regarde un peu les miennes: c'est du buffle et cela tient le coup, même s'il y a longtemps qu'elles servent! Au bout d'un moment, le soldat se remit debout.

– J'ai trop faim pour rester là plus longtemps, dit-il. Mais toi, mon vieux Bellesbottes, quelle est ta direction?

– Je n'en sais trop rien, répondit le chasseur, je me suis égaré dans la forêt.

– Tu es dans le même cas que moi, alors, reprit le soldat. Qui se ressemble s'assemble, comme on dit. On ne va pas se quitter, mais chercher le bon chemin ensemble! Le chasseur eut un léger sourire et ils cheminèrent de conserve jusqu'à la tombée de la nuit. On n'en sortira pas, de cette forêt! s'exclama le soldat. Mais j'aperçois là-bas une lumière, on y trouvera de quoi manger sans doute. Allons-y! Ils arrivèrent à une solide maison de pierre et frappèrent à la porte. Une vieille femme vint ouvrir.

– Nous cherchons un campement pour la nuit et quelque chose à nous mettre sous la dent, dit le soldat; mon estomac est aussi vide qu'un vieux tambour.

– Ne restez pas là! leur conseilla la vieille femme. C'est une maison de voleurs, un repaire de bandits, et ce que vous avez de mieux à faire, c'est de vous en aller avant leur retour. S'ils vous trouvent ici, vous êtes perdus! – Oh! les choses ne sont pas si terribles que cela, répondit le soldat. Cela fait deux jours que je n'ai rien mangé, pas une miette. Périr ici ou aller crever de faim dans la forêt, cela ne change rien pour moi. Je préfère entrer! Le chasseur ne voulait pas le suivre, mais le soldat l'attrapa par la manche et le tira en lui disant: «Allez, viens, vieux frère, on n'est pas encore mort pour autant!» Compatissante, la vieille femme leur dit.- «Allez vous cacher derrière le poêle, je vous ferai passer les restes, s'il y en a, quand ils seront endormis.» Ils venaient à peine de se glisser dans leur coin quand les bandits, au nombre de douze, firent irruption dans la maison et se précipitèrent à table en réclamant à corps et à cris leur souper. La table était déjà mise et la vieille leur apporta un rôti énorme, dont les bandits se régalèrent. Mais quand la délicieuse odeur du plat vint chatouiller les narines du soldat, il n'y put plus tenir. – J'y vais! dit-il au chasseur. Je me mets à table avec eux et je mange! Impossible d'attendre.

– Tu vas nous faire tuer! dit le chasseur en le retenant par le bras.

Mais le soldat fit exprès de tousser bien fort et les bandits, en l'entendant lâchèrent couteaux et fourchettes pour se précipiter derrière le poêle, où ils les trouvèrent tous les deux. – Ha ha! mes beaux messieurs, on se cache dans les coins? et qu’est-ce que vous fichez ici? on vous a envoyé espionner? C'est bon, vous allez bientôt savoir comment on plane sous une bonne branche nue!

– Eh là! un peu plus de manières, que diable! s'exclama le soldat. Je crève de faim, alors donnez-moi d'abord à manger! Après, vous ferez ce qu'il vous plaira. Les bandits en furent stupéfaits et le chef parla – Au moins, toi, tu n'as pas froid aux yeux! C'est bon, on va te donner à manger d'abord et tu mourras après.