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Il faisait son autocritique. Cela avait été une erreur de vouloir se débarrasser de ce soi-disant maître chanteur à tout prix. Mais au moins il avait forcé le FBI à se dévoiler.

Maintenant que la situation était correctement analysée, il se sentait mieux. Lester avait reçu l’ordre de ne plus bouger. Sauf pour l’action directe concernant l’exécution du plan. Ils ne tenteraient plus rien pour se débarrasser de l’homme blond qui travaillait pour le FBI ou la CIA. Il savait qu’il n’avait plus de piste, Jada retirée du circuit.

Le colonel Tanaka se promit de s’offrir enfin un bon repas japonais et de le mettre sur sa note de frais. Encore quelques jours et il serait délivré de tout souci.

* * *

Malko écoutait aimablement le délégué des îles Maldives parlant des problèmes posés par les pirates dans sa contrée bénie de Dieu et des hommes.

Il regarda sa montre : midi et demi, et le bar regorgeait de délégués, bavardant dans toutes les langues, une vraie tour de Babel.

Soudain, son nom retentit dans le micro. Il abandonna le Maldive, très impressionné par sa popularité. Lui, on ne l’appelait jamais. Et pour cause : les trois quarts des délégués ignoraient même que son pays existât. Il était toujours obligé de préciser que les Maldives n’étaient pas une marque de sardines en boîte, mais une nation indépendante et presque indivisible.

La standardiste malaise eut un sourire en coin.

— Une young lady veut vous voir. Elle est à l’entrée du bar.

Malko fendit la foule et se trouva nez à nez avec une créature sortie tout droit des pages de Play-Boy : un mètre soixante-quinze, des longs cheveux décolorés à la Jean Harlow, d’immenses yeux bleus innocents, un corps parfait, à peu près totalement dénude par une robe jaune canari ultra-courte et une voix veloutée de call-girl pour milliardaires. Elle découvrit des dents capables de croquer des billets de mille dollars d’une seule bouchée.

— Je m’appelle Gail. « Jetset » m’a demandé de vous contacter d’urgence de la part d’Al Katz.

Malko avala difficilement sa salive. Et on disait que la CIA ne faisait rien pour le rapprochement des peuples. Al Katz ne perdait pas de temps pour lancer sa contre-offensive.

— Eh bien, Gail, dit-il, venez boire un verre. Je suis avec un gentleman maldive.

— Comme c’est merveilleux, fit Gail avec une conviction profonde.

Lorsqu’il aperçut Gail, le Maldive faillit grimper le long des rideaux. Elle s’assit gracieusement, et sa robe découvrit une bonne moitié de son ventre. Elle tendit la main au diplomate.

— Je suis si heureuse de faire votre connaissance. J’adore l’Afrique.

Le Maldive ne releva même pas, hypnotisé par les cuisses interminables. Dire qu’il avait un éloge funèbre à prononcer dans une heure.

Gail le fixait comme s’il avait été un mélange de Rockefeller, de Tarzan et de Gregory Peck. Sans ciller. Il se sentit redevenir très primitif et se demanda si les gardes de l’ONU, toujours si compassés, s’opposeraient à ce qu’il emporte Gail sur son dos jusqu’à l’hôtel le plus proche.

Malko sauta sur l’occasion.

— Je compte donner une petite soirée d’ici à la fin de la semaine, dit-il. Serez-vous des nôtres ?

— Oh ! oui, renchérit Gail, j’aimerais tellement que vous veniez.

Et elle éclata d’un rire totalement hystérique. Ça promettait. Avec une douzaine de son espèce, on pouvait espérer une majorité à rendre jaloux le Soviet suprême. Dans le style 99,99 %. Évidemment, cela risquait de coûter cher, mais il fallait bien que l’argent du Peace Corps serve à autre chose qu’à construire des latrines dans les pays sous-développés. Malko se pencha à l’oreille de Gail.

— Vous êtes seule ?

— Oh ! mais j’ai deux amies à qui je peux téléphoner, dit-elle de sa voix veloutée. Claudia et Cathy. Elles seront ravies de venir. Elles travaillent aussi pour « Jetset ».

Il n’aurait jamais cru que le métier de barbouze de luxe l’amènerait à organiser des orgies pour le compte de la CIA. Pourvu qu’Alexandra ne l’apprenne jamais. Elle serait capable de lui faire sauter la tête d’un coup de fusil de chasse. Depuis qu’elle s’était livrée à lui, elle était persuadée qu’il lui appartenait.

L’organisation de la Party ne serait pas difficile. Il suffisait d’abandonner Gail dans le bar et de trier ensuite la pêche.

Chapitre XI

Une énorme veine battait sur la tempe de l’Ambassadeur Extraordinaire Plénipotentiaire. Il poussait des petits grognements de plaisir et de frustration, tandis que ses longues mains noires pétrissaient les seins somptueux de la fille assise sur ses genoux, à travers son chemisier.

Les yeux lui sortaient pratiquement de la tête. Il se mit debout tout à coup et commença à arracher ses vêtements comme s’ils avaient été infestés de vermine. Il ne prit même pas le temps d’ôter complètement le pantalon de son smoking, le laissant tomber sur ses chevilles. Plusieurs boutons de sa chemise avaient sauté. Soulevant la fille presque à bout de bras, il se mit debout. Il y avait une telle différence de taille que son ventre était à la hauteur de son chemisier.

Le gigantesque diplomate abandonna les seins de sa partenaire et la prit aux hanches à deux mains, sous sa jupe de daim. Lorsqu’il réalisa qu’elle ne portait aucun dessous, il poussa un rugissement. Un vrai cri de guerre primitif. Il se laissa aller en arrière sur les coussins, souleva la fille au-dessus de lui et l’assit sur lui, l’écartelant si brutalement qu’elle poussa un cri. Puis il commença à secouer son corps contre le sien si furieusement, en la tenant par la taille, qu’il prit très vite son plaisir. Il se laissa tomber sur le côté, entraînant sa cavalière, toujours empalée à lui.

Chris Jones humecta ses lèvres sèches, reprit son souffle et se dit que ça allait faire une sacrée séquence pour la CIA. Il se sentait tout bizarre. Le spectacle de ce Noir gigantesque qu’il avait croisé dans les couloirs de l’ONU, compassé et sévère, faisant l’amour avec une violence primitive et égoïste, le troublait. Et cela se passait à quelques mètres de lui. Il avait entendu les gémissements, les grognements, les froissements de tissu.

Il avait beau se dire qu’il était en service commandé, il n’était pas en paix avec lui-même. Son éducation puritaine du Middle West ne l’avait pas préparé à cela. Si sa femme apprenait qu’il avait assisté à un tel spectacle, même on duty, elle le jetterait dehors, tout simplement.

Il retint une exclamation de dégoût en voyant ce qui se passait dans le coin le plus éloigné de la pièce. Un des diplomates noirs, assis sur le canapé, caressait distraitement les cheveux crépus d’un très jeune Noir, assis à ses pieds et occupé à lui dispenser une caresse de virtuose. Il n’avait pas plus de seize ans. La CIA utilisait parfois Ralph Mills pour ce genre de travail. Rien ne le rebutait. À l’âge de sept ans, il avait été violé sur un toit de Harlem par deux homosexuels. Et depuis l’âge de douze ans, il racolait des hommes sur la 42e Rue, leur offrant ses services pour des sommes allant de un à cinq dollars.

La CIA payait beaucoup mieux et intervenait discrètement lorsque Ralph avait des ennuis avec un client qu’il avait mordu jusqu’au sang. Son péché mignon.

Chris commençait à s’endormir devant ses six écrans de télévision intérieure quand tout s’était déclenché sans préambule. Jusque-là, il n’y avait vraiment rien eu d’excitant. Il se trouvait dans l’appartement contigu à celui occupé par Malko, également propriété de la CIA. Juste à titre d’observateur au cas ou un événement imprévu se produirait, nécessitant une intervention extérieure. Tout ce qui se passait de l’autre côté du mur était filmé, enregistré et télévisé sur ce circuit intérieur.