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Gail se rapprocha et se mit à l’embrasser légèrement, délicatement. Elle explorait le visage de Cathy à petits coups de langue vifs, d’une sensualité extraordinaire.

Cathy commença à réagir.

Elle étreignit soudain la jeune femme et l’embrassa passionnément. Son corps plein et souple contrastait magnifiquement avec celui de sa partenaire, beaucoup plus fin.

Doucement, Gail attira Cathy jusqu’à ce qu’elle soit allongée près d’elle. Malko ne voyait plus que le dos et les reins de Cathy. Et les mains de l’autre, la caressant. Gail mordit les lèvres de Cathy et elle cria. Les deux blondes ne se souciaient plus de ce qui les entourait. En apparence, du moins Malko se sentit glacé d’horreur en pensant par quels détours sordides passait la politique.

Maintenant, Cathy était à genoux. Gail l’embrassait, les mains accrochées dans ses cheveux. Puis sa bouche commença à descendre, embrassant les seins au passage, s’attardant aux mamelons. Cathy haletait, la tête en arrière.

Inexorablement, sa partenaire descendait. Cathy se laissa aller en arrière, faisant le pont. Gail lui ouvrit les jambes et enfouit sa tête dans son ventre.

Cathy hurla.

Un silence total régnait dans la pièce, à part les gémissements des deux filles. Elles se tordirent encore un moment sur les coussins, puis reposèrent l’une près de l’autre.

Comme si cette exhibition avait inhibé les invités, les diplomates commencèrent à s’excuser les uns après les autres. On se serait cru dans les vestiaires d’un club sportif. Tous s’habillaient avec un calme imperturbable. Malko remit son kimono. Il avait hâte que ce soit fini. Plus jamais il n’accepterait de rendre ce genre de service à la CIA. C’était dégradant.

Un à un, les ambassadeurs s’esquivèrent, baisant très civilement la main de celles dont ils venaient de profiter.

Bonne soirée pour la CIA. Il devait y avoir trois ou quatre mille mètres de film entre les différentes caméras. Les trois filles de l’Agence Jet Set se rhabillaient à leur tour. Elles embrassèrent Malko chastement sur la joue et filèrent à leur tour. Lo-ning se haussa jusqu’à son oreille pour demander :

— Je peux rester ?

Malko fut heureux qu’elle l’ait demandé. Mais il l’entraîna dans sa chambre, à l’abri des caméras de la CIA.

De l’autre côté de la cloison, Chris Jones sortit de l’appartement comme s’il était poursuivi par le diable, après avoir éteint les écrans. Dans le hall de l’immeuble, il se regarda à la dérobée dans la glace, persuadé que les stigmates de l’infamie l’avaient marqué à tout jamais.

Chapitre XII

L’ambassadeur se pencha par-dessus la table vers le colonel Tanaka, parlant très bas.

— Mon cher, si vous aviez vu cette blonde. Je veux dire, ces blondes… Une partie royale, absolument royale.

Il en avait encore l’eau à la bouche. Évidemment on trouvait assez peu de grandes blondes dans le genre de Gail du côté du Congo… Le Japonais l’écoutait d’une oreille distraite. Il avait invité le diplomate au restaurant des délégués, le sacro-saint de l’ONU, où on apercevait parfois le secrétaire général en personne, un peu pour s’amuser : l’homme qui était en face de lui faisait partie du plan. En ignorant bien entendu que Tanaka y était pour quelque chose. D’ailleurs, pour lui, l’action ne se déclencherait que vingt-quatre heures plus tard.

Le Noir murmura soudain :

— Tenez, voilà notre hôte.

Lorsque Malko passa près de la table, il lui adressa un sourire éblouissant de cannibale. La reconnaissance du bas-ventre. Le colonel Tanaka en resta figé de surprise. L’homme qui leur avait causé tant d’ennuis, qui travaillait pour le FBI, était blond lui aussi. Et les yeux : Jada avait parlé des yeux dorés.

Le Japonais eut du mal à avaler sa bouchée de steak. Il ne pouvait détacher ses yeux de la table où s’était assis l’homme blond, avec quatre autres personnes.

— Reparlez-moi encore de cette soirée, demanda-t-il.

L’ambassadeur ne se fit pas prier. Plus son récit avançait et plus le colonel Tanaka se sentait glacé. Il avait sous-estimé ses adversaires. Il n’y avait pas de coïncidence possible. L’homme qui avait organisé cette « soirée » et celui qui avait contacté Jada étaient un seul et même personnage. Sous le couvert d’un poste aux Nations Unies, un agent du FBI ou de la CIA. Le colonel Tanaka pensa plutôt à la CIA. Cela ressemblait plus à ses méthodes. On était en train de le contrer sur son propre terrain. Il eut un coup d’œil de mépris pour son vis-à-vis, encore béat de son expérience de la veille. Il risquait de la payer cher, sa partouze. C’était un truc vieux comme le monde. Si ce n’était pas à cause de la femme, on avait peur des conséquences sociales ou professionnelles.

Il repoussa son assiette : il n’avait plus faim.

On était à quatre jours du vote. Dieu sait les manipulations que l’homme blond était capable de mener à bien, pendant ce temps ! Tanaka frissonna : il avait frôlé la catastrophe. Il eut une fugitive bouffée de reconnaissance pour l’homme assis en face de lui.

— Je vais vous prier de m’excuser, dit-il. J’avais complètement oublié une commission où je dois siéger. Nous nous verrons plus tard.

Il partit, après avoir signé l’addition, laissant l’ambassadeur à ses rêveries blondes. Le colonel Tanaka avait besoin de marcher, de réfléchir, avant de prendre une décision. La roseraie, en bordure d’East River, lui semblait parfaite pour une méditation. Il avait toujours aimé la nature. Mais, dans l’escalier roulant déjà, une évidence s’imposa à lui : il fallait éliminer son adversaire. Et le plus tôt serait le mieux. Dans la guerre secrète, les gens ne sont pas interchangeables. On n’aurait pas le temps de le remplacer à temps. Et, cette fois, il se chargerait lui-même de l’opération.

C’était plus sûr.

* * *

Malko était d’une humeur massacrante. Il s’en était fallu d’un cheveu qu’il se rembarquât pour l’Autriche avec Krisantem. Al Katz lui avait demandé de faire pression lui-même sur les participants à la soirée… Leur discussion avait fait trembler les murs. Malko regrettait déjà de s’être laissé entraîner dans ce genre de choses. Jamais il ne le referait. Ce n’était pas dans son éthique.

Quant à faire chanter lui-même les malheureux qu’il avait aidés à surprendre, il préférait étrangler Al Katz de ses propres mains. Service que Krisantem avait d’ailleurs offert spontanément.

Il regarda autour de lui la foule des visages noirs, jaunes, blancs des délégués, affairés dans des conversations animées. Ils s’ennuyaient tellement pendant les séquences des commissions et multiples sous-commissions. Même le débat sur la Chine rouge ne passionnait pas les foules. Tout le monde en connaissait le résultat à l’avance et les interminables discours des membres du bloc communiste n’étaient qu’un trompe-l’œil.

L’ONU éclatait. Il n’y avait plus assez d’espace. Les malheureux délégués n’avaient même pas la place de s’asseoir tous dans ce bar, et les bureaux des délégations se trouvaient dispersés dans tout New York.

La voix d’une des speakerines s’éleva au-dessus du bruit des conversations. On demandait Malko au téléphone. Il se leva, résigné. Al Katz devait être prêt à des excuses. Une speakerine noiraude, de nationalité indéterminée, lui indiqua la cabine 3. Malko y entra et décrocha le récepteur.

— Vous êtes le prince Malko Linge, de la délégation autrichienne ?