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— Couvrez-moi.

Chris tira tellement des deux mains que le panneau commença à ressembler à de la dentelle.

Malko traversa et grimpa les marches. Le palier du troisième était plongé dans l’obscurité. Les cris de femme venaient de la porte du milieu. Malko se jeta dessus et elle vola en éclats. Un jeune Noir se dressa devant lui, un automatique au poing.

Il tira deux fois. Les balles atteignirent Malko en pleine poitrine. Sous le choc, il recula jusqu’au mur, sonné. Le Noir eut le tort de baisser son arme. Malko tira trois fois coup sur coup. Les trois balles atteignirent leur but et le Noir tomba en avant.

Le détective avait eu raison de lui donner une veste pare-balles. Il s’arrêta au milieu de la pièce. Il y avait des matelas étalés partout. Rapidement, il compta les sept femmes et cinq enfants. Tous noirs.

Une femme se jeta au cou de Malko, pleurant à chaudes larmes.

— Mon Dieu, nous avons cru devenir fous…

Chris surgit dans la pièce et s’accroupit dans un coin pour recharger ses armes.

C’était inutile. Une rafale de mitraillette venait d’abattre le dernier des Mad Dogs, à l’étage inférieur. La maison grouillait de policiers. Un à un, les otages commencèrent à descendre. Malko les examina de plus près.

Tous avaient été mutilés. Soit le lobe de l’oreille, soit une phalange. Les enfants y compris. Deux femmes eurent une crise de nerfs. Malko redescendit avec elles, enjambant les deux cadavres du palier. En bas, il trouva Jeanie en proie à une crise de nerfs. Quand elle le vit, elle se jeta dans ses bras et pleura de longues minutes avant de pouvoir dire un mot.

Alors, elle lui raconta ce qui s’était passé.

Malko lui caressait les cheveux machinalement, tandis que son corps secoué de sanglots tremblait dans ses bras. Le prix des voix à l’Assemblée générale commençait à être très lourd…

Al Katz réconfortait fiévreusement les otages. Effaré. Lui ne pensait qu’à une chose. Il restait un jour et demi avant le vote. Qu’est-ce que son mystérieux adversaire avait bien pu préparer d’autre ?

Chapitre XVI

Le discours du délégué de la République populaire d’Albanie n’arrivait pas à maintenir éveillés les représentants de la presse. Avec une obstination digne d’éloges, le brave diplomate énumérait les innombrables félonies du State Department employées pour empêcher la Chine rouge d’entrer aux Nations Unies depuis 1951.

Malko, derrière les glaces de la salle des traducteurs, surveillait la salle. Presque tous les chefs de délégation étaient là. Et probablement l’homme qui luttait contre eux. Le mystérieux Asiatique que personne n’était parvenu à identifier. Ce n’étaient pas les six cadavres des Mad Dogs qui reposaient à la morgue de New York qui allaient y aider… Personne ne s’était montré à la maison des otages.

Il restait vingt-quatre heures au plus avant le vote sur la Chine. Tout ce que le FBI comptait d’hommes disponibles était affecté à la surveillance des délégués et de leurs familles. Malko regarda sa montre. Les femmes et les enfants enlevés par les Mad Dogs allaient apparaître dans quelques minutes. Surveillés comme le trésor de Golconde. Cela devait provoquer une réaction. Malko avait calculé que l’homme qui se tenait derrière toute la machination ne devait pas quitter la salle des séances. Il allait réagir, téléphoner peut-être. Tous les journaux du matin parlaient du siège de la maison abandonnée. Mais quand les journalistes avaient été admis à y pénétrer les otages avaient déjà été emmenés. Officiellement il ne s’agissait que d’une opération du FBI contre les extrémistes noirs.

Mais la journée allait être chargée. Le State Department réclamait une marge de sécurité de vingt pour cent. Même les otages retrouvés, il restait une certaine incertitude en ce qui concernait les diplomates « retournés » par des considérations plus humanitaires, comme un gros paquet de dollars.

La femme de David Mugali fut la première à pénétrer dans l’enceinte réservée au public de l’Assemblée générale. Les autres femmes et les enfants suivirent à la queue leu leu, prenant place au premier rang des spectateurs.

Presque aussitôt un des diplomates se retourna et aperçut sa femme. Précipitamment il se leva, sans interrompre le discours de l’Albanais et traversa précipitamment les travées pour aller l’embrasser.

En un quart d’heure toutes les familles furent réunies dans la galerie extérieure surmontant le hall public. Seuls les initiés remarquèrent ces mouvements de foule. La douzaine de délégués qui avaient retrouvé leurs familles laissaient éclater leur joie, entourés par une meute d’agents du FBI.

Al Katz arriva et demanda à tous les diplomates concernés de le suivre jusqu’aux bureaux de la délégation américaine, de l’autre côté de l’avenue. Pour leur donner quelques explications et, surtout, leur réclamer le silence le plus absolu. Au moins jusqu’au vote.

La CIA se ferait une joie de les dédommager largement pour la peur et les inconvénients subis.

* * *

Le colonel Tanaka crut que le ciel lui tombait sur la tête. Assis parmi les membres de la délégation japonaise, il écoutait d’une oreille le délégué de l’Albanie quand il vit se lever précipitamment le délégué de la Jamaïque, son voisin, au cinquième rang. Dont la femme avait été enlevée. Intrigué, il le suivit du regard jusqu’au moment où le Noir tomba dans les bras de sa femme.

La première impulsion du Japonais fut de se lever et de courir au téléphone. Mais il se força à rester assis, ses pensées tournoyant en désordre sous son crâne. Une fois de plus ses alliés avaient failli à leur mission. Comme tout le monde, il avait lu l’histoire de la maison assiégée. Mais il n’y avait pas un mot des otages, et la police parlait des Panthères noires. Or, presque chaque semaine, il y avait des heurts violents ou sanglants, entre la police et les Panthères.

Il chercha à deviner ce qui s’était passé. Lester était pourtant sûr de ses hommes et peu soupçonnable de trahison. Les Mad Dogs étaient traqués par le FBI. Il pensa à l’homme blond. Il aurait dû parvenir à l’éliminer. C’était de sa faute. Une fois de plus, il avait sous-estimé l’adversaire. Cela avait déjà coûté une guerre au Japon. Tanaka était si absorbé dans ses pensées qu’il commença à applaudir le discours de l’Albanais, entraîné par le Hongrois devant lui. Il s’arrêta sous l’œil horrifié de son chef de délégation et baissa la tête : il ne manquait plus que cela !

Il prit bien soin de rester avec sa délégation et de ne se faire remarquer en rien. Très vite, il repéra les agents du FBI dans la salle. Ils étaient visibles comme le nez au milieu de la figure.

Une grimace amère tordit sa bouche. Tout cela parce que ces imbéciles de nègres avaient voulu faire joujou avec des explosifs. Il y avait de quoi devenir fou. Avec les centaines de milliers de dollars qu’il avait dépensés… Dès qu’il le put, il prit congé de ses collègues et se précipita vers le parking du sous-sol. Il ne voulait même pas prendre le risque de téléphoner de l’ONU.

Avec la ténacité de sa race, Tanaka n’abandonnait pas. À lui tout seul, en 1945, il avait bien coulé un porte-avions. Il regretta de ne pas avoir un autel shintoïste pour se recueillir.

Il arrêta sa Mercédès au coin de la 38e Rue, devant une cabine téléphonique. Pourvu que le FBI ne soit pas déjà chez Lester. Mais ce fut la voix du chef des Mad Dogs qui lui répondit. Endormi. Le Noir circulait surtout la nuit et dormait le jour.