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Dan Brown

Da Vinci code

2003

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Prologue

Paris, musée du Louvre, 22 h 56

Jacques Saunière, le célèbre conservateur en chef du musée du Louvre, s'élança en courant dans la Grande Galerie. Le vieillard de soixante-seize ans saisit à deux mains le premier tableau qui se présenta sur sa droite, un Caravage, et tira dessus de toutes ses forces. Le grand cadre en bois doré se décrocha de sa cimaise et Jacques Saunière s'écroula sous le poids du tableau.

Comme il s'y attendait, une énorme grille métallique s'abattit à l'extrémité est de la galerie, ébranlant le parquet et déclenchant une alarme qui résonna au loin.

Saunière resta un moment à terre, le temps de reprendre son souffle et de faire le point. Il rampa sous le tableau pour s'en dégager, et jeta autour de lui un regard circulaire, cherchant désespérément un endroit où se cacher.

Une voix s'éleva, terriblement proche :

— Ne bougez pas !

À genoux sur le parquet, Saunière s'immobilisa et tourna lentement la tête.

À moins de dix mètres, bloqué par la herse, son assaillant l'observait derrière les barreaux. Il était grand et robuste avec une peau d'un blanc cadavérique. Sous les cheveux rares et sans couleur, deux pupilles rouge sombre entourées d'iris rosés luisaient dans l'ombre, braquées vers lui. L'énorme albinos tira de sa poche un pistolet dont il pointa vers Saunière le long canon à silencieux. D'une voix étrange à l'accent difficilement identifiable, il lança :

— Vous n'auriez pas dû courir. Et maintenant, dites-moi où elle est.

— Je vous répète que je ne vois pas de quoi vous parlez !

répliqua le vieil homme agenouillé sans défense sur le parquet.

— Vous mentez !

L'autre le fixait, complètement immobile, comme si toute sa vie s'était concentrée dans son regard spectral.

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— Vous et vos frères avez usurpé un trésor qui ne vous appartient pas.

Un flux d'adrénaline parcourut le corps du conservateur.

Comment a-t-il pu apprendre cela ?

— Ce soir, ses vrais gardiens vont reprendre leur bien.

Dites-moi où il est caché et vous vivrez. Vous êtes prêt à mourir pour garder votre secret ?

Le canon se redressa, visant la tête du vieil homme, qui cessa de respirer.

L'albinos inclina la tête, cligna d'un œil et mit en joue.

Saunière leva les deux bras comme pour se défendre.

— Attendez, articula-t-il lentement, je vais vous donner les informations que vous attendez de moi.

Reprenant son souffle, Saunière récita posément le mensonge qu'il s'était tant de fois répété à lui-même, et qu'il avait espéré ne jamais avoir à prononcer.

Lorsqu'il eut terminé, l'albinos grimaça un sourire suffisant.

— C'est exactement ce que m'ont dit les trois autres.

Saunière eut un mouvement de recul. Les autres ?

— Eux aussi, je les ai trouvés. Tous les trois. Ils dit la même chose.

Comment a-t-il pu les identifier ?

Les fonctions du conservateur en chef au sein de la confrérie, comme celles des trois sénéchaux, étaient aussi confidentielles que l'antique secret qu'ils devaient protéger.

Saunière dut se rendre à l'évidence : ses trois frères avaient respecté la procédure, et proféré le même mensonge avant de mourir.

Son agresseur pointa de nouveau le pistolet vers lui.

— Après votre disparition, je serai le seul à connaître la vérité.

La vérité. Le vieux conservateur comprit aussitôt toute l'horreur de la situation. Si je meurs, la vérité sera à jamais perdue. Dans un sursaut instinctif, il tenta de se mettre à l'abri.

Il entendit partir le coup étouffé et une douleur fulgurante lui transperça l'estomac. Il s'effondra à plat ventre, puis réussit à se redresser pour ne pas perdre de vue son assassin, qui rectifia son angle de tir, visant la tête cette fois.

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Submergé par le regret et l'impuissance, le vieil homme ferma les yeux.

Le clic de la détente résonna dans le chargeur vide. Saunière rouvrit les yeux.

L'albinos jeta sur son arme un regard presque amusé. Il hésita à sortir un second chargeur mais se ravisa et, avec un rictus méprisant dirigé vers la chemise ensanglantée de Saunière, il jeta :

— J'ai accompli mon travail.

Saunière baissa les yeux. Sur sa chemise de lin blanche, une petite auréole de sang entourait l'orifice laissé par la balle juste au-dessous des côtes.

L'estomac. Il a raté le cœur. Saunière avait fait la guerre d'Algérie et il savait que l'agonie consécutive à ce genre de blessure était atroce. Il lui restait environ un quart d'heure à vivre, avant que l'écoulement des sucs gastriques acides dans sa cavité abdominale ait terminé ses dégâts.

— La douleur est salutaire, monsieur ! fit l'albinos en partant.

Saunière resta seul, piégé derrière la grille, qui ne pourrait pas s'ouvrir avant vingt minutes. Il serait mort avant. Mais la peur qui l'étreignait dépassait de beaucoup celle de mourir.

Le secret doit être transmis.

Il se releva péniblement, évoquant ses trois compagnons morts et les générations de ceux qui les avaient précédés, sacrifiés à la mission dont ils étaient investis.

Une chaîne de connaissance ininterrompue.

Et voilà qu'en dépit de toutes les précautions prises, de toutes les sauvegardes... voilà qu'il était le seul maillon survivant, l'ultime gardien du plus protégé des secrets.

Il faut trouver un moyen.

Il était coincé dans la Grande Galerie et il n'y avait qu'une personne au monde pour reprendre le flambeau. Saunière contempla les célébrissimes portraits accrochés aux murs qui semblaient lui sourire comme de vieux amis.

Gémissant de douleur, le vieillard rassembla ses forces physiques et mentales. Il s'attaqua à sa dernière tâche,

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conscient qu'il lui faudrait mettre à profit chacune des secondes qui lui restaient à vivre.

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1

Robert Langdon émergea difficilement de son premier sommeil.

Dans le noir complet, un téléphone sonnait - une sonnerie grêle et insolite, inhabituelle. Il chercha à tâtons le bouton de sa lampe de chevet, qu'il alluma. Il cligna en découvrant les murs décorés de fresques, la somptueuse décoration Renaissance et les fauteuils Louis XVI en bois doré entourant son énorme lit d'acajou à baldaquin.

Bon Dieu, où puis-je bien être ?

Pendu à l'une des colonnes du lit, un peignoir de bain portait un monogramme brodé : HÔTEL RITZ PARIS.

Les brumes se dissipaient lentement. Il décrocha le combiné.

— Allô?

— Monsieur Langdon ? J'espère que je ne vous réveille pas

? Une voix d'homme. Langdon regarda son réveil : 0 h 32. Il ne dormait que depuis une heure, mais se sentait complètement hébété de sommeil.

— Ici la réception. Je suis désolé de vous déranger à cette heure, mais vous avez une visite.

La personne précise que c'est très urgent.

Langdon peinait à reprendre pied dans la réalité. Un visiteur ? Son regard se fixa sur un prospectus froissé qui traînait sur la table de nuit.

L'UNIVERSITÉ AMÉRICAINE DE PARIS

a l'honneur de vous inviter

à une conférence de Robert Langdon,

Professeur de symbolique religieuse

à l'université Harvard,