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Robert Langdon et Sophie Neveu.

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Sans perdre son calme, il fit deux pas et disparut derrière la cloison. Il avait prévu que Langdon et Sophie finiraient par déchiffrer le sens du poème et rendraient visite à la tombe de Newton, mais ils avaient été plus rapides qu'il ne l'imaginait.

Inspirant profondément, le Maître examina les choix qui s'offraient à lui. Il avait l'habitude des surprises.

C'est moi qui détiens le cryptex.

Plongeant la main dans sa poche, il palpa un autre objet rassurant. Le Médusa. Comme prévu, le portique de sécurité de l'abbaye avait sonné l'alarme au passage du Maître. Mais, comme prévu, les gardiens avaient battu en retraite quand il avait exhibé son badge en les foudroyant du regard. Appréciable prérogative des personnages officiels.

S'il avait d'abord souhaité être le seul à découvrir le mot de passe du cryptex, il était maintenant presque soulagé de l'arrivée sur les lieux de ses deux adversaires. Il n'avait pas identifié la « planète » dont parlait le poème. Il allait pouvoir profiter de leurs réflexions.

Après tout, Langdon, qui avait réussi à déchiffrer le poème et à identifier la tombe, aurait peut-être son idée sur la question

? Et puis, si Langdon réussissait à trouver le mot de cinq lettres, le Médusa servirait à le lui faire avouer.

Pas ici, évidemment.

Dans un coin plus tranquille.

Le Maître se souvint alors d'un écriteau qu'il avait remarqué à rentrée de l'abbaye et, contournant le jubé par le sud, il se dirigea vers l'endroit qui lui garantirait l'intimité qu'il cherchait.

Restait une ultime question : quel appât allait bien pouvoir les attirer ?

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Sophie et Langdon remontaient lentement la travée nord, en longeant les piliers pour demeurer le plus discrets possible. À

mi-chemin de la nef, ils ne distinguaient que l'arcade du monument de Newton, le sarcophage enfoncé dans une niche pratiquement invisible sous cet angle.

— En tout cas, il n'y a personne là-bas, souffla Sophie.

Langdon acquiesça, soulagé. Tout ce secteur de la nef était à peu près désert.

— J'y vais, dit Langdon. Vous devriez rester cachée, au cas où...

Sophie, quittant la pénombre de la nef nord, s'avançait déjà en terrain découvert.

— ... où nous serions épiés, soupira-t-il en pressant le pas pour la rattraper.

Traversant la nef en diagonale, Langdon et Sophie découvrirent en silence l'imposant sépulcre et ses multiples ornements. Un sarcophage de marbre noir... une statue de Newton penché... deux angelots... une formidable pyramide et...

un énorme globe.

— Vous saviez qu'il y avait un globe terrestre au-dessus de la statue ? demanda Sophie.

Langdon hocha la tête, aussi étonné qu'elle.

— Ce n'est pas la Terre, j'aperçois des constellations gravées, reprit Sophie.

En approchant du monument funéraire, Langdon sentit un intense découragement le gagner. Le tombeau de Newton était recouvert d'étoiles, de comètes, de planètes. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin...

— ... des corps célestes, continua Sophie, l'air concentré, et une vraie flopée !

Langdon fronça les sourcils. En quoi la voûte céleste peut-elle être liée au Graal ? Il n'imaginait qu'un trait d'union, le pentacle de Vénus. Mais Langdon avait déjà testé ces cinq lettres-là sur le cryptex, dans la voiture qui les avait conduits à Temple Church.

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Sophie s'approcha encore du sarcophage, et se mit à lire les titres des livres du grand savant tandis que Langdon, un peu à l'écart, surveillait les parages du coin de l'œil.

Divinity, Chronology, Optiks, Philosophiae naturalis principia mathematica, murmura Sophie. Cela vous dit quelque chose ?

Langdon s'avança et lut à son tour.

— Il me semble que le dernier ouvrage parle de la gravitation des planètes. On peut évidemment les appeler «

sphères », mais ça me semble un peu tiré par les cheveux.

— Et si nous cherchions du côté des signes du zodiaque ?

reprit Sophie. Teabing nous parlait tout à l'heure des Poissons et du Verseau...

La Fin des Temps, la fin de l'ère des Poissons et le début de celle du Verseau, était le repère temporel choisi par le Prieuré pour annoncer au monde la vérité du Graal. Mais le tournant du millénaire s'était déroulé sans incident, laissant les historiens dans l'expectative. Quand la révélation aurait-elle lieu ?

— Il me semble possible, fit Sophie, que les plans du Prieuré concernant les révélations qu'ils comptaient faire sur la Rose et son cœur fertile soient directement liés au dernier vers du poème.

Il parle de chair rosée et de cœur fertile. Langdon frissonna. C'était la première fois qu'il voyait le vers sous cet angle.

— Vous m'avez dit vous-même, poursuivit-elle, que le Prieuré de Sion prévoyait de faire coïncider la révélation de son secret concernant la Rose et son cœur fertile avec une certaine configuration des planètes dans le ciel...

Langdon acquiesça, entrevoyant les prémices d'une lueur.

Et pourtant, il pressentait que ce n'était pas du côté de l'astrologie qu'il fallait chercher. Toutes les énigmes de Jacques Saunière avaient évoqué la même symbolique du Féminin sacré

- le pentacle, Mona Lisa, la Vierge aux rochers, le « cœur fertile à la chair rosée ». Mais jusqu'à présent, Jacques Saunière s'était révélé un cryptographe méticuleux et tout laissait penser que son mot de passe final -les cinq lettres révélant l'ultime secret du Prieuré - ne serait pas seulement d'une parfaite logique

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symbolique, mais aussi d'une clarté cristalline. En le découvrant, ils ressentiraient sûrement l'habituelle frustration devant l'évidence du sésame.

— Regardez ! chuchota Sophie en lui prenant le bras.

Il se retourna instinctivement, persuadé que quelqu'un arrivait. Mais elle regardait vers le haut du sarcophage, pointant un emplacement situé sous le pied droit de Newton.

— Quelqu'un est venu ici avant nous... Langdon baissa les yeux. Un amateur d'estampes avait laissé traîner son morceau de fusain sur le cercueil de marbre noir, près de la jambe de la statue. En tendant le bras pour l'enlever, il comprit soudain ce qui avait alarmé Sophie.

Tracé au charbon de bois, et lisible seulement sous un certain éclairage, un message scintillait.

J'ai Teabing

Traversez la Salle capitulaire

Prenez la sortie sud et rejoignez-moi

dans Collège Garden

Langdon relut le message deux fois, son cœur battant à grands coups tandis que Sophie pivotait sur elle-même pour inspecter la nef.

En dépit d'une subite décharge d'adrénaline, Langdon se dit que c'était plutôt une bonne nouvelle. Primo, Leigh était vivant.

Secundo, ses ravisseurs n'avaient pas découvert le mot de cinq lettres suggéré par le poème de Saunière.

— Ce type ne chercherait pas à nous rencontrer s'il connaissait le mot de passe.

Sophie hocha la tête.

— En effet. Il veut échanger Teabing contre le mot de passe.

À moins que ce ne soit un piège ?

— Ça m'étonnerait. Collège Garden est un jardin public extérieur à l'abbaye où se promènent beaucoup de gens.

Langdon avait visité autrefois le célèbre petit verger bordé d'un parterre d'herbes aromatiques, héritage de l'époque où les moines cultivaient des plantes utilisées dans la confection de remèdes. Avec ses arbres fruitiers, les plus vieux d'Angleterre,