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Elle avait sommeil. Les images du plafond se mêlaient les unes aux autres. Et puis elles avaient disparu.

Quand elle s'était réveillée, il faisait froid.

— Grand-père ?

Elle s'était relevée. La petite porte était toujours ouverte. Il faisait presque nuit. Dehors, il faisait encore plus noir. Elle était sortie de la chapelle et avait aperçu son grand-père, debout devant la porte d'une petite maison de pierre située au pied de la colline, au bout du cimetière.

Il parlait à quelqu'un à l'intérieur, qu'elle distinguait à peine.

— Grand-père ? avait-elle appelé.

Il s'était retourné et lui avait fait un petit geste, lui signifiant d'attendre juste un instant. Puis il avait envoyé un baiser de la

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main à la personne invisible et était remonté vers la chapelle. Il avait les larmes aux yeux.

— Pourquoi pleures-tu, grand-père ? Il l'avait serrée fort dans ses bras.

— Tu vois, ma Sophie, nous avons dû dire adieu à beaucoup de gens, cette année. C'est dur.

Sophie pensa à l'accident, à l'enterrement de ses parents, de sa grand-mère, de son petit frère.

— Tu disais encore adieu à quelqu'un ?

— C'est une personne que j'aime beaucoup, répondit-il d'une voix empreinte d'émotion, et que je crains de ne pas revoir avant très longtemps...

Langdon était resté à bavarder avec le guide, après avoir inspecté la chapelle en détail, accablé de lassitude. Ils se trouvaient dans une impasse. Il tenait le coffret de bois de rose que lui avait confié Sophie, et qui contenait un texte apparemment incapable de les aider. Maintenant qu'ils étaient arrivés à Rosslyn, Langdon ne savait plus de quel côté chercher.

Le poème de Saunière évoquait une lame et un calice, deux symboles dont il n'avait trouvé aucune trace dans la chapelle.

Le Saint-Graal sous l'antique Rosslyn attend La Lame et le Calice la protègent du temps.

Il restait certainement encore un mystère à éclaircir.

— Je ne voudrais pas être indiscret, murmura le jeune homme, mais puis-je vous demander d'où vient ce coffret que vous avez dans les mains ?

Langdon eut un petit rire gêné.

— C'est une très longue histoire, soupira-t-il. Une histoire interminable...

Le jeune homme hésita, incapable de détacher ses yeux du coffret.

— C'est étrange, parce que le coffret à bijoux de ma grand-mère est pratiquement identique. Il est fait du même bois et il a cette petite rose incrustée dans le couvercle. Même les charnières sont semblables...

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Ce jeune homme devait se tromper, se dit Langdon. Si une boîte n'existait qu'à un seul exemplaire, c'était bien celle-ci. Elle avait été fabriquée sur mesure pour la clé de voûte du Prieuré.

— Les deux boîtes sont peut-être semblables, mais...

Les deux hommes tournèrent la tête en même temps vers la porte d'entrée qui venait de se refermer bruyamment.

Ils sortirent tous les deux sous le porche. Sophie descendait la pente herbeuse vers une maison de pierre grise, nichée au pied du petit cimetière dont les stèles de pierre moussue semblaient avoir surgi dans l'herbe en même temps que les jonquilles.

— La petite maison, là-bas... ? demanda Langdon en désignant la maisonnette.

— C'est le presbytère. Il se trouve que c'est aussi le siège de la Fondation Rosslyn que dirige ma grand-mère.

— Votre grand-mère dirige la Fondation Rosslyn ?

Le jeune homme acquiesça.

— J'habite avec elle dans le presbytère et je l'aide à entretenir la chapelle et à accueillir les groupes de touristes. (il haussa les épaules.) J'ai toujours vécu ici ; c'est elle qui m'a élevé.

Préoccupé par l'étrange attitude de Sophie, Langdon se dirigea vers l'entrée pour la héler. Mais soudain, il se figea sur place. Ce jeune homme, que venait-il de dire ? Sa grand-mère ?

Sa grand-mère l'a élevé !

Langdon jeta un regard vers Sophie, sur le tertre, et baissa les yeux vers le coffret de bois de rose. Impossible. Il se retourna vers le jeune homme :

— Vous disiez que votre grand-mère possédait un coffret à bijoux comme celui-ci ?

— Oui, presque identique.

— D'où lui vient-il ?

— C'est mon grand-père qui l'a fabriqué. Il est mort quand j'avais deux ans, mais ma grand-mère m'en parle encore. Il paraît qu'il était très habile de ses mains. Il fabriquait toutes sortes d'objets.

Un réseau de connexions s'échafaudait à toute allure dans l'esprit de Langdon.

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— Vous m'avez dit que votre grand-mère vous avait élevé.

Est-ce que je peux vous demander ce qui est arrivé à vos parents

? Le jeune homme sembla surpris.

— Ils sont morts tous les deux, quand j'étais petit, le même jour que mon grand-père.

Langdon sentit son cœur bondir dans sa poitrine.

— Dans un accident de voiture ?

Les beaux yeux verts du jeune homme s'écarquillèrent.

— Exactement. Dans un accident de voiture. Toute ma famille est morte ce jour-là. J'ai perdu mon grand-père, mes parents et...

Il hésita, baissant les yeux.

— Et votre sœur, je sais, ajouta l'Américain.

Dehors, sur le promontoire, la petite bâtisse en meulière était restée exactement identique au souvenir de Sophie. Le soir tombait, à présent, et la maisonnette lui semblait chaude et accueillante. Une odeur de pain grillé s'échappait par la porte grillagée ouverte et la lueur, aux carreaux, était dorée. En approchant, Sophie entendit des sanglots étouffés.

Elle aperçut dans le vestibule la silhouette d'une femme âgée tournant le dos à l'entrée. Elle pleurait. Sa longue et épaisse chevelure argentée réveilla chez Sophie un souvenir enfoui. Répondant à un mystérieux appel, elle grimpa les marches du perron. La femme tenait à la main une photographie encadrée.

C'était un visage que Sophie connaissait bien.

Grand-père.

La vieille dame avait de toute évidence appris la nouvelle de sa mort, la veille.

La planche du seuil grinça sous les pieds de Sophie et la femme se retourna lentement. Son regard triste croisa celui de Sophie, qui crut d'abord qu'elle allait s'enfuir en courant. Mais elle resta figée sur place. Sans baisser des yeux étonnamment brillants, la vieille dame posa le cadre sur une petite table et fit quelques pas vers Sophie. Elles se regardèrent sans rien dire,

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pendant plusieurs secondes - une éternité d'incertitude d'espoir et finalement de joie débordante.

Poussant la porte d'un geste, elle attira Sophie contre elle, étreignant ses mains, lui caressant le visage. Sophie était pétrifiée.

— Ma petite chérie... c'est toi, c'est bien toi ! Sophie savait, sans la reconnaître, qui était cette femme. Elle essaya de parler, mais elle avait le souffle coupé.

— Sophie ! continua la vieille dame qui sanglotait en lui embrassant le front.

Sophie parvint à répondre dans un murmure étranglé :

— Mais... Grand-père m'avait dit que tu...

— Je sais.

La vieille dame posa ses deux mains sur les épaules de sa petite-fille et la regarda tendrement.

— Ton grand-père et moi avons été obligés de raconter bien des mensonges. Je suis désolée, ma chérie. Il le fallait pour ta sécurité, Princesse.

En entendant son dernier mot, Sophie pensa aussitôt à son grand-père qui l'avait appelée Princesse si longtemps. Le son de cette voix semblait se répercuter en écho sur les vieilles pierres de Rosslyn, pénétrer la terre elle-même et se perdre dans ses profondeurs.

En disant ces mots, la vieille dame serra Sophie dans ses bras et celle-ci sentit des larmes ruisseler dans son cou.

— Il voulait tellement que tu saches la vérité. Mais vous étiez brouillés. Il a tout essayé pour te revoir. Il y a tant de choses que je dois t'expliquer.