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— C'est une fleur de lys, ma fleur préférée. Il y en a dans le jardin. Tu sais, les grandes fleurs blanches...

— Je les connais. Ce sont mes préférées, à moi aussi !

Il avait levé les sourcils, comme il le faisait chaque fois qu'il voulait la mettre au défi.

— Dans ce cas, je vais conclure un marché avec toi. Si tu es capable de toujours garder pour toi le secret de cette clé, et de ne plus jamais en parler, à moi ni à personne d'autre, alors un jour je te la donnerai.

— C'est vrai?

— C'est promis ! Le moment venu, cette clé sera à toi. Elle est gravée à ton nom. Sophie fronça les sourcils.

— Mais non ! J'ai vu écrit P.S. Ce n'est pas mon nom !

Il jeta un coup d'œil alentour, comme pour s'assurer que personne ne l'écoutait, et chuchota :

— Pour tout te dire, c'est un code. Ce sont tes initiales secrètes.

— J'ai des initiales secrètes ? demanda-t-elle en écarquillant les yeux.

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— Bien sûr. Toutes les petites filles en ont, et leur grand-père est le seul à les connaître.

P.S. ?

— Princesse Sophie, déclara-t-il en la chatouillant légèrement.

— Je ne suis pas une princesse ! dit-elle en riant.

— Pour moi, si !

Ils ne parlèrent plus jamais de la clé. Et elle devint la Princesse Sophie de son grand-père.

Dans la Salle des États, Sophie avait le cœur serré par une brusque sensation de deuil.

— Réfléchissez, insista Langdon, ces initiales, vous ne les avez jamais vues ?

Elle crut entendre murmurer son grand-père dans la galerie du musée. Ne parle plus jamais de cette clé, Sophie. Ni à moi ni à personne d'autre. Elle l'avait déjà trahi en refusant de lui pardonner. Pouvait-elle trahir sa confiance une seconde fois ?

P.S. Trouver Robert Langdon. Jacques Saunière avait voulu que Langdon l'aide. Elle hocha la tête.

— Oui, je les ai vues une fois... quand j'étais petite.

— Où ?

— Sur un objet auquel mon grand-père attachait une grande importance, répondit-elle après une hésitation.

Langdon la fixa d'un regard intense.

— C'est absolument vital, Sophie. Est-ce que les deux lettres étaient associées à un autre symbole ? À une fleur de lys ?

Elle recula d'un pas.

— Mais... Comment pouvez-vous le savoir? bredouilla-t-elle, stupéfaite.

Il baissa la voix.

— Je suis à peu près certain que votre grand-père faisait partie d'une société secrète. Une des fraternités les plus anciennes et les plus impénétrables qui soient.

Elle sentit son estomac se nouer. Elle aussi en était certaine.

Pendant dix ans, elle s'était efforcée d'oublier l'épisode qui lui avait révélé cette vérité horrifiante. Elle avait assisté à quelque chose d'impensable. D'impardonnable.

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— La fleur de lys, continua Langdon, combinée aux lettres P.S., forme l'emblème de cette société secrète. C'est leur blason, leur logo.

— Comment le savez-vous ?

Elle priait intérieurement pour qu'il ne lui dise pas qu'il en faisait partie, lui aussi.

— J'ai fait des études sur ce groupe, répliqua-t-il, avec une excitation très perceptible. La recherche sur le symbolisme des sociétés secrètes est une de mes spécialités. Celle-ci s'appelle le Prieuré de Sion. Elle est basée en France, mais compte des membres influents dans toute l'Europe. En fait, c'est l'une des dernières sociétés secrètes qui aient survécu dans le monde.

Sophie n'en avait jamais entendu parler. Langdon enchaîna avec fébrilité :

— Elle a compté parmi ses membres certains individus prestigieux, comme Botticelli, Isaac Newton, Victor Hugo et Claude Debussy. Et Leonardo Da Vinci.

— Il faisait partie d'une société secrète ?

— Il a même présidé le Prieuré de 1510 à 1519, en temps que Grand Maître, ce qui pourrait expliquer la passion que votre grand-père avait pour son œuvre. Cet héritage commun aux deux hommes explique à merveille leur fascination pour l'iconologie de la déesse, les cultes et les symboles païens, et leur mépris pour l'Église catholique de Rome. Le Prieuré de Sion a toujours vénéré le Féminin sacré.

— Vous voulez dire que cette société est une secte païenne qui adore une déesse ?

— C'est même le culte de la déesse païenne par excellence.

Mais les membres du Prieuré sont surtout les gardiens d'un secret très ancien, qui les rend extrêmement puissants.

Malgré la force de conviction et l'évidente sincérité de Langdon, Sophie était instinctivement sceptique. Un culte païen secret ? Autrefois précédé par Leonardo Da Vinci ? Cela paraissait absurde. Pourtant, plus elle essayait de le chasser, plus le souvenir vieux de dix ans s'imposait à elle - cette nuit où elle avait surpris son grand-père et assisté à une scène qu'elle ne pouvait toujours pas accepter. Est-ce que c'était là l'explication... ?

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Langdon parlait toujours :

— L'identité des membres du Prieuré de Sion est un secret jalousement gardé. Mais les initiales et la fleur de lys que vous avez vues enfant ne peuvent renvoyer qu'au Prieuré de Sion.

Sophie se rendait compte que Langdon en savait beaucoup plus sur son grand-père qu'elle ne l'avait imaginé. Cet Américain avait certainement encore bien des choses à lui apprendre, mais pas ici, pas cette nuit.

— Robert, je ne peux pas prendre le risque de laisser la police vous arrêter. J'ai trop besoin de vos lumières. Il faut que vous partiez, tout de suite !

Langdon ne l'entendait plus que dans un murmure. Il n'était pas question qu'il parte. Il était déjà ailleurs, dans un ailleurs où d'anciens secrets remontaient à la surface, où des histoires oubliées émergeaient de l'ombre.

Lentement, il tourna la tête en direction du portrait de la Joconde.

La fleur de lys... la fleur de Lisa... Mona Lisa.

Tout était intimement mêlé. Les échos des secrets inviolés du Prieuré de Sion et de Leonardo Da Vinci s'unissaient maintenant en une symphonie silencieuse.

À deux kilomètres de là, tout près des Invalides, le chauffeur médusé d'un semi-remorque, tenu en joue par des policiers furieux, regardait le chef de la police judiciaire jeter une savonnette dans les eaux troubles de la Seine en poussant un hurlement de rage retentissant.

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24

Silas avait les yeux levés vers l'obélisque de Saint-Sulpice.

La hauteur du monument de marbre blanc l'impressionnait.

Tous ses muscles étaient tendus par une excitation euphorique.

Il scruta encore une fois l'espace de l'église pour vérifier qu'il était bien seul, puis il s'agenouilla au pied de la colonne, plus par nécessité que par vénération.

La clé de voûte est cachée sous la Rose Ligne.

À la base de l'obélisque de Saint-Sulpice.

Tous les frères avaient fait le même aveu.

Il passa les mains sur le sol de pierre qui l'entourait. Ne sentant ni ne distinguant aucune fente, aucune marque indiquant une dalle mobile, il les frappa une à une de ses doigts repliés. Suivant la règle de laiton jusqu'au pied de l'obélisque, il donna une série de petits coups secs sur les carreaux de marbre qui la bordaient. L'une d'elles rendit un son creux.

Il y a une niche sous cette plaque de marbre !

Silas sourit. Ses victimes avaient dit la vérité. Il se releva, cherchant des yeux un objet lourd avec lequel il pourrait casser la dalle.

Dissimulée derrière le pilier en face de la sacristie, sœur Sandrine étouffa un cri. Ses pires craintes étaient fondées. Son visiteur n'était pas ce qu'il paraissait. Le mystérieux moine de l'Opus Dei n'était pas venu pour visiter l'église.