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— Eh bien maintenant, nous savons d'où venait cette odeur d'alcool, fit Langdon souriant.

Sophie regarda étonnée les lettres pourpres au dos de la clé

:

24, rue de Longchamp

— Il m'a laissé l'adresse ! s'écria Sophie

— Où est-ce ? s'informa Langdon. Sophie se pencha vers le chauffeur.

— Vous connaissez la rue de Longchamp? s'enquit-elle.

L'homme hocha la tête.

— C'est dans le XVI . Elle donne dans l'avenue Kléber. C'est là que vous voulez aller ?

— S'il vous plaît, au numéro 24.

— OK.

Le chauffeur s'engagea à gauche sur le boulevard des Batignolles.

Sophie se demandait ce qu'ils pourraient bien trouver à cette adresse. Une église ? Le siège secret du Prieuré de Sion ?

Le souvenir du rituel auquel elle avait assisté dix ans plus tôt lui revint en mémoire, et elle poussa un long soupir.

— Robert, j'ai encore des choses à vous raconter... Mais je voudrais d'abord que vous me disiez tout ce que vous savez sur ce Prieuré de Sion.

– 166 –

36

Écumant de rage devant la porte de la Salle des États, le commissaire Fache écoutait le pauvre Grouard lui raconter comment Langdon et Sophie l'avaient désarmé. Mais pourquoi ne pas avoir tiré sur elle à travers ce fichu tableau ?

L'inspecteur Collet arriva en courant du bureau de Saunière.

— Commissaire, j'ai du nouveau ! On a localisé la voiture de Sophie Neveu.

— Elle est arrivée à l'ambassade ?

— Non. Ils sont allés à Saint-Lazare, et ils ont acheté deux billets pour Caen. Un train qui part dans deux heures... Mais on les a perdus de vue.

— C'est probablement un leurre. Alertez quand même le commissariat central de Caen, pour qu'ils envoient une équipe à l'arrivée du train. Prévenez aussi toutes les autres gares situées sur le parcours. Lancez une patrouille autour de Saint-Lazare, au cas où ils ficheraient le camp à pied... Où est sa voiture ?

— Derrière l'hôtel Concorde, dans la rangée des taxis.

— Interrogez les chauffeurs, et contactez les sociétés de taxi avec la description de Langdon et Neveu. Laissez la voiture où elle est. Et mettez des hommes en civil dans le coin, au cas où elle viendrait la reprendre. Moi, j'appelle Interpol.

— Ah bon?

Fache se serait bien passé de cette fâcheuse publicité, mais il n'avait pas le choix.

Resserrer le filet, le plus vite possible.

Pour des fugitifs, c'est la première heure qui est décisive. Ils se trouvent toujours confrontés aux trois mêmes problèmes : argent liquide, logement et déplacement. Et seul Interpol a les moyens de les priver en un clin d'œil de ces trois atouts. Quand ils se sentent coincés, les fuyards commettent souvent de grossières erreurs. Ils volent une voiture, braquent le caissier d'un magasin, se servent de leur carte de crédit... et finissent par se jeter dans la gueule du loup.

— On n'arrête que Langdon, n'est-ce pas, commissaire ?

Sophie Neveu fait partie de la maison...

– 167 –

— Non, non ! Elle aussi, bien sûr. À quoi ça servira de coincer Langdon, si elle continue à travailler pour lui ? J'ai bien l'intention de fouiller tout le dossier de cette fille - ses amis, sa famille, ses contacts - tous les gens à qui elle pourrait demander de l'aide. Je ne sais pas si elle se rend compte de ce qu'elle est en train de faire, mais ses conneries vont certainement lui coûter sa carrière, voire plus...

— Et moi, qu'est-ce que je fais ? Je reste au téléphone ?

— Non, vous filez à leurs trousses. Vous coordonnez les équipes de Saint-Lazare. Mais vous ne faites rien sans me contacter d'abord.

— Très bien, commissaire, dit Collet en s'éloignant.

Fache se sentait de plus en plus contracté. Dehors, par la fenêtre, on apercevait les reflets de la pyramide de verre scintillante dans les bassins balayés par le vent.

Ils m'ont filé entre les doigts.

Il tentait de se relaxer.

Même un flic expérimenté aurait eu besoin d'un sacré pot pour résister à la traque qu'Interpol allait lancer.

Une cryptographe et un prof ?

Ils ne tiendraient pas jusqu'à l'aube.

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37

Langdon rassemblait ses esprits pour répondre à la question de Sophie.

— Allez Robert, parlez-moi du Prieuré de Sion.

Il hocha docilement la tête, se demandant par où commencer. L'histoire de la Fraternité couvrait plus de neuf cents ans, une longue chronique de secrets, de chantages, de trahisons, de cruautés et de tortures, et même d'assassinats, ces derniers ordonnés par un pape et un roi de France exaspérés.

Adossée à la portière, Sophie avait les yeux rivés sur lui.

— C'est Godefroy de Bouillon qui a fondé le prieuré de Sion à Jérusalem, en 1099 - après la première croisade. Il aurait découvert un grave secret concernant sa famille, dissimulé depuis l'époque du Christ. Craignant que ce secret ne se perde à sa mort, il fonda à Jérusalem une société secrète, le Prieuré de Sion, chargée de le protéger et de le transmettre aux générations ultérieures. Pendant leur séjour dans la ville sainte, les chevaliers du Prieuré de Sion apprirent l'existence de documents secrets, enfouis sous les ruines de l'ancien Temple d'Hérode, qui lui-même avait été construit sur celles du Temple de Salomon. Le Prieuré était persuadé que ces documents évoquaient le secret de famille de son fondateur, une vérité tellement explosive que l'Église de Rome semblait prête à tout pour se les procurer.

Sophie esquissa une moue sceptique.

— Les membres du Prieuré se sont alors juré de ne pas quitter Jérusalem avant d'avoir exhumé ce documents, et de toujours les protéger par la suite, afin que le secret qu'ils contenaient ne disparaisse jamais. Pour parvenir à leurs fins, ils créèrent un ordre militaire chargé de la protection du site, un groupe de neuf chevaliers qu'ils baptisèrent ordre des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon. On les appela ensuite chevaliers du Temple, puis, tout simplement, Templiers.

Sophie leva les yeux vers lui.

— Les Templiers, rien que ça !

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Langdon avait donné assez de conférences sur les Templiers pour savoir que tout le monde en avait au moins entendu parler.

Le sujet restait cependant teinté de mystère, les faits avérés s’y mêlant au folklore et au fabuleux, et la désinformation avait joué un tel rôle qu'il était pratiquement impossible de dégager une vérité historique irréfutable. Lui-même hésitait souvent à évoquer les chevaliers, par crainte de devoir s'engager dans le fatras des multiples théories de conspiration auxquelles leur histoire avait donné lieu...

— Vous dites que l'ordre des Templiers a été fondé par le Prieuré de Sion pour retrouver des documents secrets ? s'étonna Sophie. Je croyais qu'ils étaient destinés à la protection des Lieux saints…

— C'est une méprise très répandue. La protection du Temple et des pèlerins n'était qu'une couverture pour leur mission secrète. Le véritable objectif était de retrouver les fameux documents ensevelis dans les ruines du Temple de Jérusalem.

— Et ils les ont retrouvés ?

Langdon eut un sourire malicieux.

— Personne n'en est sûr. Mais certains historiens s'entendent à reconnaître qu'ils ont bien retrouvé quelque chose... qui les a rendus immensément riches et puissants.

Langdon résuma alors l'histoire officielle. Les templiers, qui se trouvaient déjà en Terre sainte de la deuxième croisade, déclarèrent au roi Baudouin II qu'ils étaient là pour protéger les pèlerins chrétiens et lui demandèrent l'autorisation d’établir leurs quartiers dans les écuries souterraines du Temple. Le roi de Jérusalem accéda à leur requête et ils s'installèrent dans les ruines.