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— Allô, oui?

— Nous avons un problème, chef.

— Que se passe-t-il ?

— La police est à la recherche de deux fugitifs.

— Et alors?

— Ils viennent de se présenter à l'accueil de la banque.

Après un rapide juron, le chef prit sa décision :

— OK. Je préviens M. Vernet immédiatement. Le garde raccrocha, et décrocha à nouveau.

Pour appeler Interpol.

À la surprise de Langdon, l'ascenseur se mit à descendre. À

quelle profondeur cette banque avait-elle enfoui ses coffres ?

Peu importait, il fut bien soulagé que la descente soit courte.

Un employé fort empressé les attendait debout au garde-à-vous derrière la porte de l'ascenseur. Plus tout jeune, un agréable sourire aux lèvres, vêtu d'un impeccable costume de flanelle grise, il avait l'air d'un banquier du siècle dernier échoué dans l'univers moderne de la haute technologie.

— Bonsoir ! Si Madame et Monsieur veulent bien me suivre...

Sans attendre la réponse, il s'engagea dans un long corridor aux parois d'acier brossé.

Langdon et Sophie lui emboîtèrent le pas, le long d'un labyrinthe de couloirs, où s'ouvraient des bureaux éclairés remplis d'ordinateurs allumés.

— C'est ici, fit le vieux banquier en s'effaçant derrière une porte qu'il poussa devant eux.

– 193 –

Sophie et Langdon pénétrèrent dans un autre monde : un petit salon douillet au sol recouvert de tapis d'Orient, meubles de chêne et fauteuils capitonnés. Au centre, sur une grande table, les attendaient une bouteille de Perrier et deux verres de cristal, une cafetière fumante, deux tasses de porcelaine.

Accueil réglé comme une montre suisse, pensa Langdon.

— Il me semble que c'est la première fois que vous venez ici..., insinua le vieil employé.

Après une brève hésitation, Sophie hocha la tête.

— Cela arrive couramment, madame. Nos nouveaux clients ont souvent reçu leur clé à la suite d'une succession, et ne sont pas familiers de notre protocole. Vous pouvez rester ici aussi longtemps que vous le souhaitez, ajouta-t-il en indiquant les rafraîchissements.

— Vous disiez que vous recevez souvent des gens qui ont hérité de la clé d'un coffre ?

— Effectivement, madame. La vôtre correspond à un compte numéroté qui a pu être ouvert il y a déjà longtemps.

Pour les clés en or, le bail d'un coffre est d'au moins cinquante ans, payable d'avance. Nous suivons donc des familles sur plusieurs générations.

— Cinquante ans ? s'étonna Langdon.

— Au minimum, monsieur. Le bail peut être prolongé sur une bien plus longue période mais, à moins d'arrangements particuliers, si le compte est resté inactif pendant cinquante ans, le contenu du coffre est automatiquement détruit. Souhaitez-vous que je vous décrive le processus d'accès ?

— S'il vous plaît, souffla Sophie.

Il balaya la pièce du bras.

— Ce salon vous est réservé. Dès que je serai sorti, les portes se refermeront sur moi. Vous pourrez rester ici aussi longtemps que vous le désirez, et modifier éventuellement le contenu de votre coffre, qui entrera par là.

Il les conduisit jusqu'à une niche dans le mur du fond, qui ouvrait sur un petit tapis roulant, et qui était elle aussi surmontée de l'orifice triangulaire qui leur était devenu familier.

– 194 –

Un écran électronique muni d'un clavier à chiffres complétait le dispositif.

— Dès que l'ordinateur aura analysé votre clé, vous taperez les chiffres de votre compte et celui-ci arrivera sur le tapis.

Lorsque vous aurez terminé, vous le replacerez dessus, et vous insérerez de nouveau votre clé. Tout le processus est automatisé, de manière à garantir votre intimité. Même le personnel de la banque ne doit pas y assister. Si vous avez le moindre problème, vous appuierez sur le bouton situé sur la table centrale.

Sophie allait poser une question quand la sonnerie du téléphone retentit.

— Excusez-moi, dit l'homme en décrochant.

— Oui ?

Il fronça les sourcils.

— Oui... Oui... D'accord.

Il raccrocha et leur dit avec un sourire gêné :

— Pardonnez-moi, mais je dois vous quitter. Faites comme chez vous, ajouta-t-il en se dirigeant vers une porte capitonnée au fond de la pièce.

— Une seule question, dit Sophie. Vous avez parlé d'un numéro de compte...

Le vieil homme s'arrêta sur le pas de la porte.

— Oui, bien sûr. Tous les comptes sont numérotés. Le client est le seul à connaître son numéro. La clé ne représente que la moitié de votre identification bancaire, pour éviter tout problème en cas de vol...

— Et que se passe-t-il si la personne dont j'ai hérité cette clé ne m'a pas communiqué son numéro ?

Alors, vous n'avez rien à faire ici ! pensa le vieil homme, en affichant un sourire imperturbable.

— Je vais voir ce que je peux faire... Si vous voulez bien patienter un instant...

Et il sortit, en les enfermant de l'extérieur.

Collet faisait le planton dans la Salle des pas perdus de Saint-Lazare quand son portable sonna dans sa poche.

– 195 –

— Ici Fache. Je viens d'avoir un appel d'Interpol. Laissez tomber le train. Langdon et Neveu viennent de se présenter dans une banque suisse, au 24, rue de Longchamp. Allez-y tout de suite, et emmenez les autres avec vous.

— D'accord, chef. On a des tuyaux sur la signification du message de Saunière ?

— Non, mais si vous les arrêtez, je pourrai leur demander de vive voix, répliqua sèchement Fache.

— Compris, commissaire. J'y vais. Il raccrocha et appela ses hommes.

– 196 –

43

André Vernet, directeur de la succursale parisienne de la Zurichoise de Dépôt, habitait un grand appartement au dernier étage de l'immeuble. Il n'en ressentait pas moins une certaine frustration, ayant toujours rêvé de l'île Saint-Louis, où il aurait pu frayer avec la véritable intelligentsia parisienne, et non pas avec les ennuyeux bourgeois du XVI e arrondissement.

Quand je serai à la retraite, se disait-il, j'aurai une cave remplie de vieux bordeaux, un Fragonard et peut-être aussi un Boucher, accrochés aux murs du salon, et je passerai mes journées chez les antiquaires et les bouquinistes de la rive gauche.

Réveillé six minutes et demie plus tôt par le téléphone, il remontait déjà à vive allure le couloir souterrain de la banque.

Vêtu d'un costume en laine et soie, impeccablement rasé et coiffé, il acheva de nouer sa cravate avant de se rafraîchir l'haleine à l'aide d'un vaporisateur mentholé. Sachant qu'il était souvent appelé à s'occuper au pied levé de clients internationaux provenant de différents fuseaux horaires, Vernet s'était rodé aux coutumes des Massaïs — ces guerriers africains célèbres pour leur capacité de passer en quelques secondes du sommeil le plus profond à la préparation opérationnelle au combat.

Prêt pour la bataille, se dit-il, en craignant que l'image ne se révèle par trop adéquate ce soir-là.

L'arrivée d'un client à clé d'or exigeait toujours un surcroît d'attention, mais l'arrivée d'un client à clé d'or recherché par la police judiciaire posait un problème particulièrement délicat. La banque avait eu trop de démêlés avec la justice au sujet de la nécessaire confidentialité des opérations de ses clients pour ne pas trembler à l'idée que certains d'entre eux soient des criminels avérés.

J'ai cinq minutes, se dit Vernet . Il faut que je fasse sortir ces deux-là avant l'arrivée de la police.