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Il réussirait à éviter la catastrophe s'il agissait rapidement.

Il pourrait raconter ensuite à la police que les deux fugitifs

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s'étaient effectivement présentés à la banque cette nuit, mais que, faute de connaître leur numéro de compte, ils avaient été éconduits. Si seulement ce satané gardien n'avait pas appelé Interpol ! La discrétion ne faisait apparemment pas partie des qualités requises chez un employé payé deux fois le SMIC...

Vernet fit une pause devant la porte du salon d'accueil, entra dans la pièce avec un sourire tout sucre et tout miel.

— Bonsoir, je suis André Vernet, en quoi puis-je vous...

Le reste de la phrase resta coincé dans sa gorge. La jeune femme qu'il avait devant lui était la dernière visiteuse qu'il s'attendait à voir.

— Excusez-moi, dit Sophie. Est-ce que nous nous connaissons ?

Cet homme élégant ne lui rappelait rien, mais il donnait l'impression d'avoir vu un fantôme.

— Non, je... je ne pense pas, bredouilla Vernet. Nos services sont anonymes, ajouta-t-il en se forçant à sourire calmement.

Un de mes assistants me dit que vous ne connaissez pas votre numéro de compte. Puis-je me permettre de vous demander comment vous êtes entrée en possession de votre clé ?

— C'est mon grand-père qui me l'a donnée, répondit-elle en le dévisageant.

Vernet avait l'air de plus en plus mal à l'aise.

— Ah ? Et il ne vous a pas communiqué le numéro qui l'accompagne ?

— Je crains qu'il n'en ait pas eu le temps. Il a été assassiné cette nuit.

Le directeur de la banque recula, horrifié.

— Jacques Saunière est mort ? Mais comment... ? Cette fois, c'est Sophie qui chancela sous le choc.

— Vous connaissiez mon grand-père ?

— C'était un vieil ami. Nous étions très intimes. Mais dites-moi ce qui s'est passé...

— Il a été victime d'une agression au Louvre, vers vingt-trois heures ce soir...

Vernet alla s'effondrer dans un fauteuil.

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— Il faut que je vous pose à tous les deux une question de première importance. Avez-vous l'un ou l'autre quelque chose à voir avec sa mort ?

— Absolument pas ! s'exclama Sophie. Vernet, la mine grave, hésita une seconde avant de poursuivre.

— Parce que vos deux photos ont été diffusées par Interpol à la télévision, ce qui explique pourquoi je vous ai reconnue en entrant. Vous êtes recherchés pour meurtre...

Sophie accusa le coup. Fache a déjà prévenu Interpol ? Il est encore plus enragé que je pensais.

Elle expliqua rapidement à Vernet qui était Langdon et lui raconta ce qui s'était passé ce soir.

Le banquier semblait ébahi.

— C'est en mourant qu'il vous a laissé un message pour vous demander de contacter M. Langdon ?

— Et qu'il m'a confié cette clé, dit-elle en la déposant à l'envers sur la table.

Vernet jeta un coup d'œil à la clé mais s'abstint du moindre geste.

— Il ne vous a rien laissé d'autre ? Pas de note écrite ?

Sophie était absolument certaine de ne pas avoir vu de billet au revers de la Vierge aux rochers.

— Hélas, non.

Vernet poussa un soupir désespéré.

— Toutes nos clés fonctionnent en association avec un code à dix chiffres. Sans ce numéro, elles ne sont d'aucune utilité.

Dix chiffres. Elle fit un rapide calcul. Dix milliards de possibilités. Même avec l'aide de tous les puissants ordinateurs de la DCPJ, il lui aurait fallu des semaines pour tester toutes les combinaisons.

— Mais vous pouvez sûrement faire quelque chose, étant donné les circonstances..., insista-t-elle.

— Je suis absolument navré, mais je ne peux rien pour vous. Nos clients choisissent leur code par l'intermédiaire d'un terminal sécurisé. Ils sont les seuls à le connaître, ce qui garantit à la fois leur anonymat... et la sécurité de nos employés.

Sophie comprit très vite. Même les supérettes de quartier affichaient ce type d'avertissement : LES CAISSIÈRES N'ONT

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PAS LA CLÉ DU COFFRE. Une banque comme celle-ci ne pouvait certainement pas prendre le risque de voir un de ses employés menacé ou retenu en otage par un hurluberlu exigeant qu'on lui révèle un numéro de compte.

Elle alla s'asseoir à côté de Langdon et regarda Vernet en face. — Avez-vous une idée de ce que mon grand-père conservait dans son coffre ?

— Bien sûr que non, mademoiselle. C'est le principe même des coffres anonymes.

— Monsieur Vernet, le temps presse. Je vais être très directe.

Elle retourna la clé et lui montra l'emblème du Prieuré de Sion.

— Ce dessin évoque-t-il quelque chose pour vous ?

demanda-t-elle en surveillant sa réaction.

Vernet jeta un bref coup d'œil à la clé mais ne cilla pas.

— Non, mais beaucoup de nos clients font graver leurs initiales ou leur logo sur leur clé...

Sophie soupira, sans cesser de le fixer attentivement.

— Celui-ci est le sceau d'une société secrète, appelée Prieuré de Sion.

Vernet ne broncha pas.

— Cela ne me dit rien. Votre grand-père était un ami, mais nous parlions surtout travail, fit-il en lissant sa cravate d'une main nerveuse.

— Monsieur Vernet, insista Sophie d'une voix ferme, mon grand-père m'a téléphoné cet après-midi pour m'avertir que lui et moi étions en danger. Il m'a confié qu'il avait quelque chose à me remettre. Il m'a laissé cette clé. Le moindre renseignement nous serait d'une grande aide...

Vernet commençait à transpirer.

— Il faut que nous partions. La police ne va pas tarder à arriver. Mon gardien a cru bon d'appeler Interpol...

C'est bien ce que Sophie craignait. Elle fit une dernière tentative :

— Mon grand-père parlait de me révéler la vérité sur ma famille. Avez-vous une quelconque idée...?

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— Mademoiselle, presque tous les membres de votre famille ont été tués dans un accident de voiture lorsque vous étiez enfant. Je sais à quel point votre grand-père vous adorait, et combien il était attristé de ne plus vous voir depuis plusieurs années... Mais je ne vois pas ce que...

Comme Sophie se taisait, Langdon risqua une question.

— Savez-vous si le contenu du coffre de M. Saunière pourrait avoir un lien quelconque avec le Sang réal ?

Vernet lui jeta un regard bizarre.

— Je ne vois pas ce que vous voulez dire, répliqua-t-il en sortant de sa poche son téléphone qui sonnait. La police ? Déjà ?

Il jura entre ses dents, donna quelques rapides instructions en français, annonça qu'il serait dans le hall d'ici une minute.

Il raccrocha et se tourna vers Sophie.

— La police a réagi beaucoup plus vite qu'à l'ordinaire. Ils arrivent à l'instant.

Il n'était pas question pour Sophie de sortir bredouille de cette banque.

— Vous n'avez qu'à leur raconter que nous sommes passés plus tôt, et repartis. S'ils veulent fouiller la banque, exigez un mandat de perquisition. Ils mettront un moment à l'obtenir, et ça nous laissera un peu de temps.

— Écoutez, mademoiselle, Jacques Saunière était mon ami, et mon conseil d'administration n'apprécierait guère ce genre de publicité. Pour ces deux raisons, je n'ai pas l'intention de laisser la police vous arrêter ici. Accordez-moi une minute et je vais voir ce que je peux faire pour vous aider à quitter l'immeuble sans être inquiétés. Ensuite, je ne peux pas me laisser impliquer...

Il marcha rapidement vers la porte.

— Ne bougez pas. Je règle le problème et je reviens vous chercher.

— Mais le coffre ? s'exclama Sophie. Nous ne pouvons pas partir sans l'avoir ouvert...